De leur jeunesse, tous ont conservé cette vitalité, cette curiosité, cet esprit de liberté qui sont les moteurs de la création ! Pionniers de la Figuration narrative avec l’exposition « Mythologies quotidiennes » présentée au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 1964, ces quatre artistes de renommée internationale ont en commun d’avoir rompu avec l’abstraction de l’après-guerre. Au cœur de leur œuvre : la société contemporaine dépeinte avec force couleurs. L’exposition de Dinard a pour ambition de mettre en lumière « leurs différences et leurs complémentarités ». Pour Valerio Adami, l’esprit de la peinture classique. Pour Erro, les images foisonnantes et les associations inattendues. Pour Gé- rard Guyomard, des scènes énigmatiques peintes avec précision. Pour Peter Klasen, la puissance photographique d’une œuvre où les pictogrammes et les cadrans renvoient au monde industriel.
Jouant sur les associations d’idées, s’inspirant de ses voyages, de la littérature, de la musique et de la poésie, l’Italien Valerio Adami représente de façon fragmentée ou partielle des personnages et des bâtiments tirés de documents réels. Il les dessine et les met en scène dans un espace traité en aplats géométriques de couleurs vives cernés de fins contours noirs. Avec souvent des messages sibyllins. Un style reconnaissable entre mille.
Les grandes compositions de l’Islandais Erro fourmillent de personnages ! Il s’inspire de l’actualité politique, de la science-fiction, de l’histoire de l’art pour créer des accumulations. Ses œuvres narratives placent tous les éléments au même niveau de « consommation visuelle ». Erro utilise les personnages de bandes dessinées, des dessins animés pour composer par le dessin ou le collage des scènes qui donnent à réfléchir sur la société, l’art, la politique. En 2007, l’une de ses toiles, Comicscape a été vendue 1 234 696 dollars chez Christie’s !
Le Français Gérard Guyomard s’est fait un nom en tant que restaurateur de tableaux pour le Louvre et le Prado avant de ra- conter le monde tel qu’il l’observe depuis sa fenêtre : « ceux qui courent, ceux qui flânent, ceux qui rient, ceux qui s’aiment ». Des tableaux très vivants nourris par une imagination débordante portée par un dessin audacieux au rythme des lignes, des aplats, des transparences, des surimpressions.
L’Allemand Peter Klasen dénonce les folies d’une civilisation technologique devenue totalitaire. Artiste engagé, révolté, il promène son regard sur le monde industriel pour le transposer dans son œuvre. Un monde froid vivifié par les couleurs primaires. Pour reconstituer le « puzzle de la vie » Peter Klasen procède par collage. En contrepoint des éléments industriels hyperréalistes (tôles boulonnées, cadrans, manettes, leviers, panneaux de danger) apparaissent des visages pour une touche d’humanité.
Fort bien mise en scène, l’exposition est d’autant plus vivante que quatre films spécialement tournés pour l’exposition donnent à voir et à entendre les artistes dans leur atelier. Et tous les quatre à la faveur de l’événement ont composé une œuvre inspirée par Dinard.
Palais des Arts et du Festival à Dinard. Jusqu’au 22 août du mardi au dimanche de 14h à 19h.