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Bâti Meeting : marchés publics, marchés privés : où va-t-on en Ille-et-Vilaine ?

À l’heure où le marché du logement neuf plonge, la Fédération du Bâtiment d’Ille-et-Vilaine a réuni, autour de 70 entreprises, quatre maîtres d’ouvrage privés et cinq maîtres d’ouvrage publics du territoire, au CFA Bâtiment de Montgermont.

Pratiques commerciales et contraintes actuelles ont été débattues lors de la table ronde Maîtrise d’ouvrage privée : Jean-Michel Galle (président FFB35)  – Jean-Marc Trihan (Groupe Lamotte) , Stéphane Lavrilloux (Nexity Bretagne) – Nolwenn Lan-Kermarrec (Kermarrec promotion) – Solène Bohic (Sembreizh)DR

Cette matinée du 9 avril, deuxième du genre organisée par la FFB35, a permis d’entendre les principaux donneurs d’ordre sur les problématiques actuelles et favoriser la communication entre acteurs du bâtiment pour mieux affronter l’avenir. « Sur la construction neuve de logements, nous nous posons tous énormément de questions aujourd’hui face aux chiffres inquiétants : -31 % de logements commencés depuis un an, alors que les besoins de nos concitoyens sont loin d’être satisfaits en matière de logement », explique Jean-Michel Galle, président de la FFB35, qui espère une nette amélioration de la situation dès cet été, plus sûrement en fin d’année.

Côté maître d’ouvrage privé, les groupes Kermarrec, Lamotte, Nexity et Sembreizh ont présenté leur situation et les projets phares ou innovants à venir. Le marché tertiaire et les résidences seniors offrent parfois une alternative au logement libre, dont le nombre de projets chute, surtout sur les grandes villes. Les échanges ont tourné autour des pratiques commerciales auprès des entreprises de construction, mais aussi des délais et coûts de la construction.

Une conception intelligente et sobre pour baisser les coûts

L’équation est difficile à résoudre, entre le coût de construction des entreprises qui augmente en raison des prix des matériaux, du coût de la main-d’œuvre, et le prix de revient pour le promoteur. « Pour baisser le coût de la construction, la première économie possible, c’est de revenir à plus de sobriété dans la conception des bâtiments », selon Jean-Marc Trihan, PDG de Lamottte.

Il faut également des moratoires sur l’application de certaines normes qui surenchérissent les coûts : RE 2020, REP… Pour trouver plus de marge de manœuvre et sortir de cette crise, tous s’accordent pour demander aux élus, au gouvernement et aux technocrates d’arrêter d’ajouter des contraintes. Le ZAN en est une nouvelle, difficile à absorber dans ce contexte économique, selon les promoteurs, « une crise à laquelle va s’ajouter, dans trois ans, avec les élections municipales puis présidentielles, l’arrêt d’une partie des projets », complète Nolwenn Lam-Kermarrec, présidente de Kermarrec Promotion.

C’est donc maintenant qu’il faut déverrouiller les contraintes. « Nous espérons obtenir de la souplesse, au moins au niveau local, auprès de nos élus », ajoute Jean-Michel Galle. Les entreprises comptent sur l’Alliance pour le logement (qui réunit la FFB, Pôle Habitat FFB, l’USH, la Fnaim, la FPI, Procivis, l’UNIS, l’UNNE, l’UNSFA et l’Untec) pour porter haut et fort ces messages.

Autre acteur qu’il conviendra d’associer à la cause du logement selon Jean-Michel Galle : les banques qui pourraient jouer un rôle essentiel dans les solutions à imaginer.

Bonne nouvelle côté marchés publics : la plupart des donneurs d’ordre présents ont annoncé le maintien de leur production ces prochaines années, avec des projets plus nombreux en restructuration de l’existant, en surélévation de bâtiments, en recyclage du foncier et en construction innovante (comme le béton de terre pour les nouvelles réserves de l’Écomusée).

Les entreprises sociales de l’habitat Aiguillon Construction, Archipel habitat, Espacil Habitat, mais aussi Rennes Métropole et la Sembreizh indiquent que l’équation « plus construire et moins s’étaler » constitue un défi difficile à relever, auquel s’ajoutent les objectifs en matière de décarbonation sur les logements existants.

Les échanges ont aussi concerné les critères d’attribution des marchés, notamment le rôle de plus en plus important du critère environnemental, mais aussi les révisions de prix, les délais d’exécution des chantiers…

Coopération entre acteurs et actions communes pour faire bouger les lignes : entreprises et maîtres d’ouvrage ont communiqué et échangé durant deux heures pour mieux se comprendre et mieux travailler ensemble. Régulièrement, grâce à la fédération qui sert de médiateur, des problématiques de marchés de travaux sont dénouées.