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Congrès des régions de France : l’eau ne coule pas de source

Ressource de plus en plus rare, en Bretagne comme partout ailleurs, l’eau et l’importance de la préserver sont au cœur des inquiétudes, après deux saisons estivales particulièrement compliquées. Un vaste sujet évoqué lors de la table ronde « Comment concilier le développement des territoires et la préservation des ressources naturelles » du Congrès des régions de France, à Saint-Malo (35).

Emma Haziza, hydrologue et experte des stratégies de résilience des territoires face aux risques climatiques ; Philippe Madec, architecte, urbaniste, pionnier de l’éco-responsabilité ; Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France ; Agnès Pannier-Runacher, ministre de la transition énergétique ; Huguette Bello, présidente de la région Réunion. ©S.Se7Jours

Près de deux heures d’échanges, avec un sujet primordial : la préservation de l’eau. Un sujet d’actualité, notamment en Bretagne, où les deux dernières saisons estivales ont été source de nombreuses inquiétudes. « La France est le pays qui se réchauffe le plus rapidement dans le monde », précise Emma Haziza, hydrologue et experte des stratégies de résilience des territoires face aux risques climatiques, lors de la table ronde, au Congrès des Régions de Saint-Malo, les 27 et 28 septembre 2023. « Nous sommes initialement un pays tempéré, qui n’a jamais manqué d’eau, avec 500 à 510 milliards de m3 qui tombent chaque année, il y avait assez d’eau pour l’ensemble des utilisateurs. C’est en train de changer depuis deux ans, avec une baisse des précipitations et surtout un cycle de l’eau qui est en train de se transformer : il y a soit trop d’eau, soit trop peu. Nous faisons face à des actualités de sécheresse historique ou d’inondations ».
En présence de Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition énergétique, les élus présents ont aussi réaffirmé : « La transition écologique passera nécessairement par les territoires. »

En Bretagne, 76 % de l’eau potable est puisée dans les eaux de surface et 24% dans les nappes souterraines, contrairement au reste de la France

Le mois de septembre 2023 a d’ailleurs été particulièrement chaud avec un régime de pluies très irrégulier, concluant à un déficit de pluie de 10 % en Ille-et-Vilaine, de l’ordre de 15 % en Finistère et Morbihan et entre 30 et 40 % en Côtes-d’Armor. Avec de réelles conséquences, notamment sur les consommations industrielles et humaines en Bretagne. D’autant que la Bretagne a ses spécificités. Elle puise les 3/4 de son eau potable dans ses eaux de surface, rivières ou barrages. 76% de l’eau potable est puisée dans les eaux de surface (cours d’eau + barrages) et les 24% restants dans les nappes souterraines. Dans le reste de la France, c’est quasiment le contraire, avec 65 % de l’alimentation en eau potable qui provient d’eaux souterraines.

Quelles solutions ?

Ayant été confrontée, plus tôt que d’autres régions, à la dégradation de la qualité de l’eau, la Bretagne se mobilise pour préserver et restaurer sa ressource en eau. Si des actions menées avec d’autres acteurs (collectivités, associations, agricultrices et agriculteurs, services de l’État, Agence de l’eau, départements et Région) ont déjà permis certaines améliorations, suite aux épisodes de sécheresse de 2022, la région s’est orientée vers une grande sobriété des usages de la ressource, dans le cadre des travaux de l’Assemblée bretonne de l’eau (instance regroupant des industriels, agriculteurs, associations de défense de l’environnement, particuliers…).
En octobre, un plan d’action autour de sept axes a été mis en place en ce sens. « La transition énergétique passe par la baisse de notre consommation en énergie », rappelle ainsi Agnès Pannier-Runacher. « Il faut faire évoluer les comportements, la sobriété a un impact et elle peut être organisée ». Avec 400 000 nouveaux habitants attendus sur le territoire breton d’ici à 2040, la préservation de l’eau reste un défi.

 

Les temps forts

Le 19e Congrès des régions de France se tenait à Saint-Malo fin septembre, avec comme thème : Les Régions au cœur des solutions.
Trois interventions phares à retenir :

-Le président de la Région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, a plaidé pour l’autonomie pour sa Région, dans le même esprit de ce qui a été annoncé pour la Corse après l’annonce d’Emmanuel Macron.

– La Première ministre, Élisabeth Borne, présente au Congrès, a indiqué que le partenariat de l’État avec les Régions se fondait sur 3 principes : la concertation pour un « agenda territorial « , la confiance qui « passe par le respect des engagements réciproques » ; la prise en compte des « spécificités de chaque région » pour « des réponses différentes à des situations différentes ». Sans toutefois faire d’annonces.

– Carole Delga, présidente de la région Occitanie et Gérard Larcher, président du Sénat, ont pris la parole pour dénoncer la verticalité de l’État, réclamant une meilleure mise en œuvre de la décentralisation, à travers, notamment, une refonte des systèmes de financement.