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Immobilier en Bretagne : 20% de transactions en moins

Après deux années « d’euphorie » du marché immobilier breton, la retombée commence à se faire sentir. « La conjoncture est plus difficile, le ralentissement attendu se concrétise », selon Anne Fercoq-Le Guen, présidente du conseil régional des notaires à Rennes, notant une baisse des transactions de 20% au 1er trimestre 2023.

©S.Se7Jours

Matthieu Gentils, Loire-Atlantique ; Mathilde Tresiguel, Morbihan ; Nicolas Bosquet, Côtes-d'Armor ; Marie-Virginie Durand, Loire-Atlantique ; Cyril Blanchard, Finistère ; Vincent Lemée, Ille-et-Vilaine ©S.Se7Jours

Pour les notaires représentants les 5 départements historiques (Nantes incluse), « le marché breton reste sain. La pierre reste une valeur refuge pour les ménages ». Vincent Bosquet, notaire déléguée aux Côtes-d’Armor précise : « Nous avons connu des années beaucoup plus difficiles, ce n’est pas vraiment historique. » Le conseil régional des notaires note ainsi une baisse de volume de 11,47% en Bretagne sur la période du 1er avril 2022 au 31 mars 2023, soit 115 811 transactions réalisées. Au premier trimestre 2023, l’indicateur descend même à -20%.
En Ille-et-Vilaine, Vincent Lemée « voit quand même des augmentations de prix significatives sur un an ». Ainsi, le prix médian pour un appartement ancien : 3540 €/m2 ; pour un appartement neuf : 4510 €/m2 ; pour une maison ancienne : 246 000 € ; pour un terrain à bâtir : 132€/m2. « Nous avons épuisé les stocks depuis le Covid, notamment à Rennes. Ils se reconstituent petit à petit. » Le quartier le plus prisé reste le centre-ville (4270€/m2) et le plus accessible est le Blosne (2790€/m2).

« On est plus sur une baisse de l’augmentation des prix, voire une stabilité actuelle »

La situation est sensiblement la même en Morbihan, où il y a une baisse de volume (-25% sur les avants-contrats notamment). Malgré tout, les prix n’ont pas du tout baissé. Dans les appartements anciens, ils augmentent même de 10,7 % du 31 mars 2022 au 31 mars 2023. Le prix médian des maisons anciennes est de 236 900€ et talonne l’Ille-et-Vilaine (246 200€). Ils ne baissent pas non plus dans le secteur de Lorient, avec une augmentation du prix des terrains à bâtir (+6,3%), due à la raréfaction du foncier.
Augmentation ou diminution des prix ? C’est bien simple, « on est plus sur une baisse de l’augmentation des prix, voire une stabilité actuelle », termine Vincent Lemée.

©Notaires & Breton

©Notaire & Breton

Le cas du littoral

Au niveau des littoraux, il y a une claire disparité entre les villes (exemple : Saint-Briac-sur-mer est à -5,9% quand Saint-Lunaire est à +20%). L’explication est simple :  il y a beaucoup de bouche-à-oreille, « c’est un marché de niche ». Le prix médian des maisons sur les côtes reste quant à lui cohérent (Dinard-Saint-Lunaire : entre 540 et 570 000 €). Alors qu’avant le Covid, le marché du littoral breton et notamment bretillien était en deçà du niveau national, aujourd’hui les augmentations de prix sont significatives. De nombreux rennais, et notamment des retraités, viennent s’installer sur la côte : 35% des acquérants ont plus de 60 ans. En Ille-et-Vilaine, « 60% viennent du département et 19% d’acquéreurs sont ici franciliens », précise Vinvent Lemée. Idem pour le Morbihan, où il y a aussi une problématique de location meublée de courte durée et où des dispositifs comparables à ceux de Saint-Malo sont en réflexion.

« On pense quand même que la Bretagne résistera mieux à la complication des prochaines années »

Évolution du marché

Alors qu’il se régule, le marché tend à devenir beaucoup plus compliqué dans les années à venir. N’entrant en vigueur qu’à partir de 2050, la loi ZAN (zéro artificialisation nette), commence déjà à marquer. Sachant qu’en 2030, l’artificialisation sera réduite de 50% en Bretagne, « cela va contribuer à densifier l’habitat dans les centres urbains, donc cela veut dire démolir pour reconstruire ou sur-élever, cela va complètement changer les modes d’habitats », annonce Mathilde Tersiguel. « Le modèle de lotissement de maisons avec jardin, dans 30 ans, c’est fini avec cette loi. Les villes vont se reconstruire sur elles-mêmes. On commence déjà à le voir… », ajoute le notaire d’Ille et Vilaine. Le marché de la location reste lui aussi très tendu. La location sur l’ancien va devenir un problème parce que les appartements classés F et G se font sortir du parc locatif rapidement, sachant qu’ils sont vendus en moyenne 12% moins chers que ceux de la classe D.
Alors est-ce le moment d’acheter ? « Toujours, malgré le stress ambiant. Beaucoup de personnes disent « on ne peut plus se loger en Bretagne », c’est faux. » « On pense quand même que la Bretagne résistera mieux à la complication des prochaines années. », termine Matthieu Gentils, notaire délégué à la Loire-Atlantique.

Profils différents
La Bretagne attire. En Ille-et-Vilaine particulièrement, « sur les profils des acquéreurs, le marché est plutôt local : 79% sont des bretiliens. Au niveau national, nous sommes à 71% », précise Vincent Lemée, notaire déléguée à l’Ille-et-Vilaine. Le « mythe des franciliens », ne se confirme pas : « On est a 7% de transactions par des franciliens. » Les profils restent donc majoritairement locaux, et jeunes : « 47% ont moins de 40 ans alors qu’on est à 43% au niveau national. Les primo accédants restent extrêmement actifs : 20% des acquéreurs ont moins de 30 ans à Rennes, chiffre stable depuis un an. » La catégorie des seniors (plus de 60 ans) est, quant à elle, moins élevée qu’au niveau national. Quant au Morbihan, comme les Côtes-d’Armor, il attire davantage les seniors. « 27 % des acquéreurs ont 60 ans et plus », expose Mathilde Tersiguel, notaire déléguée au Morbihan. Au niveau des acquéreurs du département, 25% sont originaires de régions hors Bretagne.