Couverture du journal du 04/11/2024 Le nouveau magazine

L’Orange bleue muscle son jeu

Fondée à Rennes en 1996 par son actuel président Thierry Marquer, l’enseigne de fitness l’Orange bleue se développe en licence de marque en France et à l’étranger depuis 2006. Le réseau, aujourd’hui constitué de 400 clubs, 1 200 collaborateurs et 350 000 adhérents en France et en Espagne, repose sur une offre Fitness basée sur des méthodes développées spécifiquement pour l’Orange bleue, ainsi qu’un accompagnement personnalisé par des coachs diplômés d’état. José Nercellas, directeur général de l’enseigne depuis 2021, évoque le développement sportif de l’enseigne qu’il insuffle depuis son arrivée.

José Nercellas, directeur général de l' Orange Bleue depuis 2021 ©StudioCarlito

L’Orange bleue est bien bretonne

« L’Orange bleue est de Rennes ? » La question est souvent posée lorsque le nom de la célèbre marque de salle de sport est prononcé. C’est bien le cas. Fondée en 1996 par Thierry Marquer, président actuel du groupe, l’enseigne l’Orange bleue, « un nom paradoxal pour se différencier des autres salles déjà existantes », a rapidement pris une envergure nationale, développant sa première licence de marque en 2006, « dès que la marque et le système ont été assez rentables pour s’étendre », évoque José Nercellas, le nouveau directeur général depuis 2021. Au niveau national, mais aussi très vite à l’international : en 2017, trois clubs ont ainsi émergé en Espagne, « un marché auquel on a accédé par opportunité ».

Le fitness en retard

©StudioCarlito

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« C’est un marché qui est comparable à celui du retail, plus qu’on ne le croit. Nous vendons un service, un accompagnement, une passion. » Le secteur du fitness est aujourd’hui très porteur, « il a dix ans de retard, avec un taux de pénétration très faible en France et surtout géré par des indépendants ». Un retard qui tend à s’atténuer « depuis l’arrivée de Basic Fit, qui a tout changé. Avec son développement, le format multimarque a commencé à disparaître petit à petit et, avec cette disparition, celle des indépendants ». Un changement qui se vérifie dans le développement des salles de fitness, mais aussi par les habitudes de consommation des clients fitness. Un constat flagrant : seuls 8 % des Français font du sport en salle, contre 25 % dans les pays scandinaves. « Les personnes font de plus en plus de sport, même si la France a longtemps eu du retard à ce niveau-là. Notamment depuis le Covid, les adhérents sont revenus en masse dans les salles de fitness. »

L’attrait tient aussi aux nouveaux concepts de salles. « Signalétiques, couleurs, nouveaux vestiaires… nous déployons notre nouveau concept depuis 2022, avec l’idée de donner un coup de fouet et d’être plus actuels. » Comme ses concurrents – Fitness Park, Keep Kool, Basic Fit… – l’Orange bleue mise sur des espaces plus attrayants. « Je prends souvent Lidl et Leclerc comme exemple à ce niveau et leur transformation ces dernières années. » En périphérie des villes et dans des espaces parfois dits « ruraux », les salles ont ainsi été agrandies pour plus de confort, « de 350 m², jusqu’à 800 m² ».

« Les Français font de plus en plus de sport »

Toujours plus de licences de marque

Aujourd’hui, l’Orange bleue suit un développement ultra-protéiné. L’enseigne vise 450 nouveaux clubs en Europe d’ici à 2029 et fait partie des 500 premières entreprises créatrices d’emplois en France. Avec 50 salles supplémentaires ouvertes en France et en Espagne en 2023, pour un total de 180 salariés au siège et plus de 1 300 avec succursales et licences de marque, le réseau affiche un chiffre d’affaires de 180 millions d’euros en 2023 pour 370 000 abonnés, « une année record », en croissance de 11 % par rapport à 2019, année de référence après la période Covid.

Car comme tous les autres professionnels du secteur, l’Orange bleue a fortement été impactée. « Nous avons profité de cette période pour nous recentrer. Nous avons progressivement retrouvé notre niveau d’avant-Covid en septembre 2022, période à laquelle nous avons accéléré la mise en place des nombreux changements, notamment la digitalisation. »

L’enseigne prévoit déjà 210 millions de chiffre d’affaires pour 2024, et table sur près de 410 000 abonnés. Pour cette extension, « nous basons notre stratégie sur des licences de marques, un modèle facilement accessible aux reconversions professionnelles ». Un business model qui a fait ses preuves : « 51 % des partenaires sont multilicenciés. L’objectif est d’atteindre 75 % en 2027. » Raison pour laquelle la marque participait aussi au salon des franchises à Paris.

©StudioCarlito

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Se différencier

Dans le monde du fitness, il faut aussi montrer les muscles pour se faire une place. Chose que l’Orange bleue a bien compris. Car dans le fitness, le low cost domine. Les offres comme celles de Basic Fit ou de Fitness Park attirent, tout simplement car « c’est moins cher et que les démarches marketing sont ultra-développées. À l’Orange bleue, nous nous positionnons plus comme une marque medium. Quand les autres marques jouent la carte de la volumétrie – un maximum de personnes dans chaque espace – nous proposons un accompagnement par personne. »
Celui-ci se traduit par les cours collectifs, avec la marque Yako, créée exclusivement par le groupe dès les années 2000. « À l’année, nous proposons près d’un million de cours collectifs dans toutes nos salles », une spécificité que les autres enseignes ne proposent pas ou très peu. « Sur cette partie cours collectifs, notre concurrent principal est Les Milles, une marque australienne implantée partout dans le monde. Notre but aujourd’hui c’est d’émanciper Yako et la développer, pour la vendre à l’international. Ce que nous voulons, c’est permettre aux autres enseignes de donner des cours sous la marque Yako hors périmètre français. » Et cela commence dès cette année, avec la Belgique, et un tout nouveau site web sorti il y a seulement quelques semaines.

L’Orange bleue fait partie des 500 premières entreprises créatrices d’emplois en France

Quatre offres en une

Au-delà de l’Orange bleue fitness bien connue du grand public, l’enseigne détient trois autres marques « que j’espère développer et émanciper dans les prochaines années ». D’abord Yako, une offre de cours dispensés par des coachs homologués, dont le site a été mis en ligne il y a quelques semaines.

Moins connue, l’ENCP, créée en 2009, un organisme dédié à la formation professionnelle dans le secteur du fitness. « Les personnes formées bénéficient d’une préparation en un an, qui leur donne accès à un diplôme certifié de coach sportif pour un coût d’environ 5 000 euros. Nombre d’entre eux restent ainsi dans notre enseigne mais certains vont enseigner dans d’autres groupes. C’est un pari. » Près de 2000 personnes sont formées chaque année et il y a aujourd’hui cinq centres, à Rennes, Marseille, Lorient, Caen et Brest, inauguré l’année dernière. D’autres centres sont à l’étude, « notamment à Rouen ».

La dernière marque, l’Orange bleue Wellness est, quant à elle, en phase d’amélioration de son concept. « Cette marque prévoit un programme lié à la santé, avec notamment un suivi diététique. Le développement de cette marque est un peu plus long, en grande partie parce qu’en France notamment, tout ce qui touche à la santé est gratuit. Ce n’est pas dans la mentalité française de payer pour un service dans ce domaine. Je suis convaincu que le concept se développera fortement dans les prochaines années. »

Le fitness en chiffres

©IMPS

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Ces dernières années, la population française vise une remise en forme. Cela a permis un grand nombre d’ouvertures de clubs de fitness, atteignant, en 2023, le nombre de 4 370 clubs. Près de 5,96 millions d’adhérents aux clubs de fitness ont ainsi été recensés, soit 8,76 % de la population totale, et une augmentation de plus de 4.4 % par rapport à 2022.

Fortes de ce constat, les franchises affichent également des records de nombre de salles de fitness ouvertes, atteignant 60 % de part du marché (2 622 clubs contre 1 748 clubs indépendants), menées par des entreprises leader sur le marché, dont l’Orange bleue.

Source : IMPS, institut professionnel des métiers du sport

 

Découvrez le portrait de Thierry Marquer, président fondateur de l’Orange bleue

BONUS

©StudioCarlito

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Vous semblez attiré par les projets. Quel est votre parcours ?

Né en Espagne, je suis parti en Angleterre à 24 ans pour y faire mes études en finance et commerce international. J’ai commencé à travailler pour Auchan en tant qu’acheteur en fruits et légumes, puis chez Décathlon pendant trois ans, au siège en contrôle gestion à l’international, pour toute la partie textile et lancement des différentes marques. Après un crochet par l’industrie chez Alstom, pour deux projets en Suède et Belgique, je suis revenu à mes premiers amours, le retail, chez la marque Okaïdi et je l’ai aidée à se développer à l’international pendant cinq ans : ouverture de 150 magasins dans 35 pays. Je suis ensuite passé dans la partie opérationnelle pour la même marque en Espagne pendant six ans, moment où l’Espagne a connu une crise historique. J’en ai ainsi profité pour faire mon MBA management des crises. Après un passage par Orchestra à Montpellier pendant quatre ans, je suis retourné à Okaïdi en 2019. Une année de césure prolongée par le Covid plus tard, j’ai travaillé en freelance pour différents groupes et, en 2021, je suis arrivé à l’Orange bleue. Effectivement, je pense que les projets me portent.

 

Un sport préféré ?

Le basket. J’en fais pour le loisir en club à Lille où vit ma famille. J’ai joué de 14 à 24 ans en club puis j’ai arrêté un bout de temps. J’ai repris il y a déjà quelques années avec mon fils.

 

Un sport à conseiller pour rester en bonne santé ?

Tout le monde dit que le mieux c’est la marche et la natation. Je pense que le plus important est de pratiquer une activité sportive, n’importe laquelle. Nous sommes de plus en plus sédentaires, l’idéal est de faire une balade d’une heure dès que possible.

 

Une œuvre culturelle ?

Deux livres :

La mano de Fátima de Ildefonso Falcones, pendant la période de la reconquête en Espagne, la cohabitation des trois grandes religions monothéistes.

The Kite Runner (Les cerfs-volants de Kaboul) de khaled Hosseini, un livre qui évoque la période pendant laquelle l’Afghanistan et l’Iran étaient plus développés que les pays européens actuels, comme l’Espagne, en termes d’ouverture d’esprit et de richesse.

 

Un mantra ?

Simple is beautiful. Parfois on se complique beaucoup la vie inutilement.