Couverture du journal du 26/04/2024 Le nouveau magazine

Vytruve : « Simplifier le quotidien des orthoprothésistes »

Basée à Cesson-Sévigné, Vytruve (19 salariés) conçoit et fabrique des emboîtures de prothèses en impression 3D pour les personnes amputées. Après la clôture d’une troisième levée de fonds de 1,4 million d’euros en mars, la jeune société, créée en 2020 par Erwan Calvier, poursuit son développement à travers le monde et double son chiffre d’affaires chaque année.

Erwan Calvier, dirigeant et fondateur de Vytruve ©S.Se7Jours

Erwan Calvier, dirigeant et fondateur de Vytruve ©S.Se7Jours

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Orthoprothésiste de métier et dirigeant de la société OPR, (2 millions d’euros de chiffre d’affaires, douze salariés), Erwan Calvier a créé Vytruve avec l’ambition de simplifier le quotidien des orthoprothésistes. « Je continue d’avoir des patients, cela me permet de voir, sur le terrain, ce qui peut être amélioré. Pour équiper un patient aujourd’hui, c’est toujours long et fastidieux. » Pour une prothèse, le professionnel utilise deux types d’éléments : les génériques achetés chez les fournisseurs orthopédiques (pieds, tubes, genoux…) et un élément unique : l’emboîture, « élément le plus important de l’appareillage, celui qui vient en contact avec le moignon directement sur le patient. La réussite de la prothèse est basée sur cette partie. »

« Les Français drivent le marché du numérique sur les prothèses. »

Gain de temps de 4 heures en moyenne

Pour fabriquer l’emboîture, le processus est majoritairement manuel : moulage en plâtre travaillé en atelier et plaque de plastique thermoformée. « Vytruve propose un processus digital : au lieu de passer par le moulage en plâtre, notre service va scanner le moignon du patient. On fait toujours l’examen clinique, puis on scanne. On vient modifier dans notre logiciel et on imprime le produit final en 3D. » Un gain de temps « de 4 heures en moyenne, un résultat plus précis, qui évite le gaspillage ».

Soit le client achète l’imprimante 3D pour une utilisation autonome, « soit il utilise notre centre d’impression, une forme de sous-traitance ».  Deux versions d’un ensemble d’outils (dont le scanner 3D) sont ainsi commercialisées : l’une standard et l’autre en format sac à dos, plus pratique, lancée il y a quelques semaines.

Pour une prothèse, le coût varie : entre 1 500 et 25 000 euros en fonction des composants. Un outillage pour lequel la sécurité sociale intervient : « Chaque patient a droit à deux prothèses renouvelables complètement tous les trois ou cinq ans. L’emboîture en elle-même peut, quant à elle, être renouvelée tous les six mois. »

 

3 500 emboîtures en impression 3D mises sur patient

Et le système attire. Aujourd’hui, Vytruve double son chiffre d’affaires chaque année et connaît une expansion internationale : une filiale en Allemagne depuis 2022, Vytruve GMBH ; une soixantaine de clients en Italie, Belgique, Danemark, Pays-Bas, Irlande, Chine, Australie, Pologne… chacun réalisant en moyenne six à sept prothèses par mois.

Après deux levées de fonds cumulées de 3,5 millions d’euros, la société vient récemment d’en clôturer une troisième d’1,4 million. Pour ce marché de niche, « au niveau mondial, nous sommes seulement près de cinq sociétés, dont trois françaises. Les français drivent le marché du numérique sur les prothèses. Mais nous sommes les seuls à avoir une solution complète du Scan jusqu’à l’impression 3D et à avoir déjà réalisé plus de 3 500 emboîtures en impression 3D mises sur patients. Nos concurrents en ont fait seulement 50. »

Vytruve ne compte pas s’arrêter là. Dernièrement, « nous avons lancé les emboîtures fémorales, qui représentent 50 % du marché, nous serons les seuls à proposer cela. En 2024, nous industrialison un digitaliseur, qui va permettre de passer de l’emboîture test (plus lourde) à l’emboîture définitive. Un outil que nous allons breveter. »