Couverture du journal du 02/12/2024 Le nouveau magazine

Tournée Transformons la France : quels modèles pour les Établissements de taille intermédiaire ?

La 5ème étape de la tournée Transformons la France passait à Rennes la semaine dernière. Une journée de débats avec les élus, les entrepreneurs, les acteurs institutionnels et les experts de leurs secteurs. L’occasion de rappeler l’importance des Établissements de taille intermédiaires (ETI) en Bretagne et leur transformation.

De g à d. Philippe Pettini, directeur du marché de banque Palatine ; Gabrielle Halpern, philosophe ; Jean-Yves gautier, président Gautier Fret Solutions et Caroline Hilliet-Le Branchu, PDG de la Belle-iloise et présidente du club ETI Bretagne ©S.Se7Jours

De g à d. Philippe Pettini, directeur du marché de banque Palatine ; Gabrielle Halpern, philosophe ; Jean-Yves gautier, président Gautier Fret Solutions et Caroline Hilliet-Le Branchu, PDG de la Belle-iloise et présidente du club ETI Bretagne ©S.Se7Jours

Sortir les ETI de leur invisibilité…

« On parle beaucoup des startups, des grands groupes et finalement les ETI sont un peu dans cette entre-deux, ce coté un peu flou et indéfinissable », abordait la philosophe Gabrielle Halpern. Le constat est sans appel. À l’heure où ces entreprises prennent pourtant une place prépondérante, elles n’ont toujours pas la reconnaissance nécessaire.
Elles constituent une catégorie d’entreprises intermédiaires entre les petites et moyennes et les grandes entreprises et comptent entre 250 et 4 999 salariés (avec un CA inférieur à 1,5 milliard d’euros). Alors « plutôt que de voir ça comme quelque chose de négatif, il faut assumer cet entre-deux, ce coté hybride, et y voir de la force. Il faut se demander comment l’ETI se positionne comme une sorte de tiers entreprise, possédant quelque chose d’un peu différent. »

« Notre ambition est de réunir les dirigeants de ces ETI mais aussi tous les collaborateurs parce que l’on a besoin de créer du lien et du réseau. »

Ce quelque chose de différent, c’est surtout l’accroche territoriale, sachant que ce type d’entreprise est plus apte à assumer un maillage avec des partenaires sur le territoire. Cet investissement dans le territoire est justement l’un des objectifs du club ETI Bretagne, fondé en mars 2022, regroupant 35 adhérents. « C’est ce qui caractérise l’ETI au delà de sa définition officielle. Au niveau national, les grands groupes sont plus puissants mais nous avons la connaissance et l’attachement intime du territoire, et notamment de la Bretagne », appuie Caroline Hilliet Le Branchu, présidente du club ETI Bretagne et PDG de la Belle-Iloise. Avec près de 190 ETI officielles en Bretagne, « notre ambition est de réunir les dirigeants de ces ETI mais aussi tous les collaborateurs parce que l’on a besoin de créer du lien et du réseau. »

…en les accompagnant dans leur transformation

« Quand on parle de « transformer la France », cela passera forcément par les ETI. Celles-ci représentent 3% du nombre d’entreprise en France mais avec ces 3%, on fait 25% des emplois et 35% des exportations, précise Philippe Pettini, directeur du marché des entreprises de Banque Palatine. Et le vrai souci que l’on a pour ces ETI, c’est qu’elles ne sont pas assez nombreuses. Il y a entre 5000 et 6000 ETI en France, quand il y a en a 12 000 en Allemagne et 10 000 au Royaume-Uni. » Pour les sortir de leur invisibilité, « la clé est dans l’accompagnement, continue Philippe Pettini. Les ETI bretonnes sont déjà nombreuses et sont plus industrielles et familiales que la moyenne française. » Avoir des capitaux et une direction familiale serait donc l’assurance d’un point de vue à moyen et long terme dans la stratégie de ces entreprises bretonnes. Chose que constate Caroline Hilliet Le Branchu : En tant qu’ETI bretonne, « on se positionne sur le futur, d’où le temps long et d’où les entreprises familiales parce qu’il y avait le souci des familles de maintenir des valeurs et un centre de décision local. »
Le défi, c’est ainsi de mettre à la disposition de ces ETI, des outils de grandes entreprises. Elles « travaillent souvent comme une grande entreprise sans en avoir les structures et la capacité de faire. Elles ont besoin d’avoir des outils financiers, des outils qui sont à la disposition des entreprises du CAC40 », ajoute le président de Banque Palatine.
Ces transformations en induisent d’autres, économiques et sociales. Le rapport au travail a changé et l’adaptation est nécessaire. Il faut notamment attirer de nouveaux salariés, chose de plus en plus compliquée.

Et pour l’avenir ?

Une première approche de l’avenir pour ces ETI serait l’hybridation. Pour Gabrielle Halpern, « on entend beaucoup parler des transitions numérique et écologique, mais c’est important de considérer une autre transition, démographique. Il est important de voir ce qui peut être positif dans les différentes générations. Il faut réinventer des métiers, des modes de production, transposer différentes filières, c’est la clé pour innover. » Toujours dans l’optique de la transition démographique, « on arrive à une période où il y aura beaucoup de transmissions à réaliser dans les ETI. Pour investir sur le long terme, les ETI familiales s’inscrivent davantage dans le temps long pour pérenniser les entreprises pour les générations qui suivent, précise Caroline Hilliet Le Branchu. Notre thématique pour 2024, c’est comment concilier décarbonation et croissance, et c’est compatible, avec des modèles alternatifs, de la coopération, mutualisation. On n’en est pas encore là, mais ce sont de vrais sujets de travail ensemble. »
Et pour la transition énergétique, les crédits verts ne cessent d’augmenter. « Les financements green, on y est déjà, ce n’est pas du futur. En 2022, 42% des crédits structurés étaient des crédits à impact. Les ETI sont complètement déjà rentrées dans le schéma RSE », termine Philippe Pettini.