Couverture du journal du 26/04/2024 Le nouveau magazine

AFC Redon : « Réindustrialiser est nécessaire »

Fonderie historique de Redon, dont l’activité principale repose sur les pièces mécaniques essentiellement automobiles, AFC se diversifie dans la fabrication de demi-coquilles de protection des câbles sous-marins dans le domaine éolien. Un site emblématique de l’industrie redonnaise, que le président de Région, Loïg Chesnais-Girard a visité fin mars, pour montrer que la « réindustrialisation est nécessaire ».

L'équipe dirigeante d'AFC Redon ; les représentants de la Région, de l'Agglomération de Redon, de la Ville, et de la société Louis Dreyfus TravOcean ©S.Se7Jours

L'équipe dirigeante d'AFC Redon ; les représentants de la Région, de l'Agglomération de Redon, de la Ville, et de la société Louis Dreyfus TravOcean ©S.Se7Jours

« La ville de Redon s’est construite autour de la fonderie. » Basée près du port de Redon depuis près de 80 ans, la fonderie AFC – groupe La Fonderie Ardennaise, 270 salariés pour 72 millions d’euros de chiffre d’affaires – tourne à plein régime.

Les pièces sont fondues à plus de 1500 degrés. ©S.Se7Jours

Les pièces sont fondues à plus de 1500 degrés. ©S.Se7Jours

Entreprise historique dont l’activité repose sur les pièces de sécurité mécanique essentiellement automobiles (une centaine de clients), elle se diversifie aujourd’hui dans l’éolien et doit même refuser des commandes avec les difficultés de recrutement.

« Nos clients sont principalement dans le frein. Cela représente plus de 70 % de notre activité », précise ainsi Pascal Pégé, nouveau directeur du site, qui produit près de 30 000 tonnes par an « de fonte à graphite sphéroïdale coulée à 1 500 degrés, qui résiste aux chocs ».

Diversification

Loin de l’automobile et dans un élan de diversification, AFC fabrique ainsi des pièces (demi-coquilles) de protection des câbles sous-marins pour le domaine éolien.

Pour Saint-Nazaire d’abord et, actuellement, pour le parc de Yeu-Noirmoutier, en Vendée. « Les demi-coquilles de protection des câbles sous-marins sont étudiées pour résister à la corrosion et aux chocs sur sols durs », indique Florent Baert, directeur adjoint d’AFC Redon, en lien avec la société Louis Dreyfus TravOcean, chargée de la mise en place des réseaux.

©S.Se7Jours

©S.Se7Jours

Le processus de fabrication est d’ailleurs le même que pour les pièces automobiles : « Nous utilisons du sable qui est pressé avec une plaque modèle. Nous pouvons en produire 300 par heure, 500 avec les nouvelles machines, réutilisables plusieurs fois », poursuit Florent Baert. Après Saint-Nazaire, la production pour le parc d’Yeu a commencé l’été dernier, pour une pose en août 2024 et un total de 315 000 pièces.

Pour ces marchés liés aux énergies renouvelables, « il n’y a pas de régularité comme pour l’automobile, ce sont des contrats spécifiques. Même si nous avons pu bénéficier d’un rythme plus régulier ces dernières années, nous voyons arriver un trou d’air », détaillent les responsables d’AFC.

« La Région pousse pour du contenu local »

La réalisation de ce parc éolien est ainsi « quasi franco-française », selon Florent Baert. Un besoin de « souveraineté qui passe par la réindustrialisation, pour Loïg Chesnais-Girard. La Bretagne a pris conscience que réindustrialiser est nécessaire, importer de l’autre bout du monde ne crée pas notre liberté ».

 

Une réindustrialisation cependant fragile, qui fait face à un manque de main-d’œuvre et à une nécessité de respecter les priorités écologiques. Pour la fonderie AFC, l’éolien est une activité en croissance mais encore très secondaire : la part de chiffre d’affaires dans le domaine de l’éolien ne dépasse pas encore les 5 %, notamment pour des problématiques de recrutement dans un domaine qui attire peu. « Nous avons un carnet de commandes plus que rempli, les partenariats sont là mais nous n’arrivons pas à recruter », s’inquiète Florent Baert.

« Les citoyens veulent des énergies naturelles renouvelables qui bénéficient à l’activité industrielle du pays. Cette envie est puissante. Il faut que les acteurs français soient sur le coup et que ce ne soient pas des off-shore qui viennent systématiquement prendre la place », termine Loïg Chesnais-Girard.

Usine polluante ?

Les dirigeants d’AFC cherchent à discréditer l’image d’usine polluante. « Nous étions très en avance en optant pour le four de fusion électrique à induction dès 2002, désormais la technologie la plus utilisée », précise Florent Baert. Quelque 20 MWh par an d’électricité sont ainsi utilisés, l’équivalent de la consommation des habitants de Redon. « Dans notre contrat avec EDF, la part d’énergie renouvelable est de 8 à 12 % », indique le responsable. Pour les matériaux, ceux en fonte sont issus « de déchets de l’industrie de la tôle ».

Malgré tout, la chaleur produite par la fonderie ne peut, à l’heure actuelle, pas être réutilisée car « la température ne serait pas assez élevée pour chauffer l’eau d’une piscine par exemple », explique Pascal Pégé. Elle est en partie récupérée sur le site pour chauffer le bâtiment administratif.