Couverture du journal du 26/04/2024 Le nouveau magazine

Go Invest #24 : le casse-tête du financement

Pour cette 24e édition, 38 startups et entreprises innovantes ont été sélectionnées pour l’évènement Go Invest à Rennes. Un « speed-meeting » organisé au Roazhon Park début novembre, avec 42 structures d’investissement, et en face, pour la majorité, des entreprises en quête de leur premier tour de financement, tout cela sur fond de « crise du financement ».

©DR

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Parmi les 38 entreprises innovantes prévues à Go Invest cette année : 15 recherchaient plus de 1 million d’euros, 13 entre 500 000 euros et 1 million, et 10 ciblaient moins de 400 000 euros. 36 M€ recherchés au total.

L’entrepreneuriat attire toujours

Daniel Gergès, directeur du Poool ©S.Se7Jours

Daniel Gergès, directeur du Poool ©S.Se7Jours

« Ce ne sont pas les projets qui manquent ! Il y a toujours des entreprises qui ont des projets, la preuve avec toutes celles présentes aujourd’hui », évoque Daniel Gergès, directeur du Poool. Le nombre des créations d’entreprises a d’ailleurs augmenté de 3,3% sur un an (données Pôle Emploi). Selon un large panel de produits et services innovants, beaucoup en deeptech, mais aussi : santé, maritime, mobilité, cybersécurité, industrie, hardware, agrotech.
En 2022, 39 463 entreprises ont été créées en Bretagne, soit 3.7% du national (1 071 900). Parmi elles : 56, 3% sont des immatriculations de micro-entrepreneurs, 27,4% sont des créations de sociétés et 16,2% sont des immatriculations d’entreprises individuelles classiques.

Faire face à une « crise du financement »

Lucile Bunouf, co-fondatrice du groupe Asteryos, représentant la plateforme de crowdfunding MyOptions©S.Se7Jours

Lucile Bunouf, co-fondatrice du groupe Asteryos, représentant la plateforme de crowdfunding MyOptions©S.Se7Jours

« La rotation du capital dans le contexte actuel est un peu complexe et il est difficile de savoir quand on va sortir un peu de cette phase de crise du financement des entreprises. Cela fait déjà un an et demi que ça dure », évoque Lucile bunouf, cofondatrice du groupe Asteryos (350 à 400 entreprises accompagnées depuis la création), représentant la plateforme de crowdfunding MyOptions.
Concrètement, les capitaux n’ont pas disparu, mais sont simplement plus spécialisés. De toute manière, « quand il n’est pas investi par les fonds, l’argent ne rapporte rien. Or, ces fonds d’investissement ont une durée de vie en France. Il y a un cadre légal régi par l’AMF, l’autorité des marchés financiers ».
Les entrepreneurs font ainsi face à une double contrainte : être fortement différenciant, notamment par leur tech, tout en étant capable de montrer des métriques de traction et de rentabilité – des modèles scalables – (portefeuille de clients, chiffre d’affaires…). Exercice compliqué pour de jeunes fondateurs,  «  impliquant de passer d’une logique « croissance d’abord et rentabilité ensuite » à une logique « chemin de rentabilité le plus tôt possible et puis croissance maîtrisée » », évoque Daniel Gergès.
Une vision partagée par les entrepreneurs. « Clairement, on s’en rend compte dans toutes nos demandes de financement, les critères ont été durcis et depuis un petit moment… », ajoutait ainsi Damien Charalabidis, directeur commercial chez Winnove Medical.

« Les crises sont cycliques »

« Comme toutes les crises, elle est cyclique, rassure Lucile Bunouf. L’avantage, c’est que nous en avons déjà connu et que nous en sommes sortis. » Une crise provoquée par plusieurs facteurs : « D’abord, la hausse des couts de l’énergie. Il y a eu une sorte de bulle qui venait des États-Unis avec une perte des capitaux, connectés à la chute des cryptomonnaies… » Une sorte de crise financière post-Covid à laquelle viennent s’ajouter les modèles d’entreprises à impact (environnemental, sociétal).
« On revient aussi de cette période « tous entrepreneurs ! » Ceux qui voudront se lancer vont devoir réinventer des modèles. La réalité c’est qu’entreprendre, cela demande quand même des capitaux et que ce modèle à l’américaine de partir d’une idée sans argent est difficilement duplicable à la France », termine Lucile Bunouf.