Couverture du journal du 17/05/2024 Le nouveau magazine

Irvin, une entreprise-école pour former à la vie active

Lancée à Mouazé, Irvin - acronyme signifiant Initier une Reconnexion à la Vie par l’Immersion Naturelle - forme les jeunes de 18 à 30 ans aux compétences humaines, les accompagne jusqu’à l’autonomie et la vie active, grâce à son entreprise-école, La Guilde. Un parcours en plusieurs étapes qui doit aussi permettre de remédier aux difficultés de recrutement des entreprises. Entretien avec le fondateur, Patrice Valantin, ingénieur en génie écologique et ancien militaire.

Patrice Valantin, créateur de l'association Irvin ©Irvin

Patrice Valantin, créateur de l'association Irvin ©Irvin

Sport, marche en forêt, topographie, techniques de vie en nature… L’association Irvin, créée par Patrice Valantin, ancien officier militaire dans la Légion étrangère, propose un programme s’inspirant de la formation initiale d’un jeune soldat. « Lorsque j’ai quitté le monde militaire après quinze ans de service, j’ai eu envie de continuer d’encadrer la jeunesse. » L’idée d’un centre de formation qui s’inspirait de la dimension pédagogique du service militaire est « venue très tôt, il y a plus de vingt ans ».

Patrice Valantin devient ingénieur en génie écologique, « mon métier principal », ce qui lui permet de lancer l’association Irvin en 2015, en autofinancement. « Irvin n’est pas une association d’insertion classique pour aider les jeunes en difficulté. Le but est vraiment de donner les bases de l’intégration dans une société. »

Issus de tous les secteurs

Premier principe : l’oubli du passé et l’anonymat. Les jeunes n’ont pas le droit de dire qui ils sont, ni d’où ils viennent. « Nous avons des jeunes en reconversion, qui viennent parfois de grandes écoles. Mais aussi d’autres qui sont en très grandes difficultés, victimes d’addictions, certains qui sortent de prison ou qui ont été à la rue. La majorité, ce sont des jeunes décrocheurs. »

Trois phases composent le parcours : une première de quinze jours, en milieu naturel ; la deuxième de six semaines dans la ferme de l’association au nord de Rennes, de la préparation à l’entreprise et à la vie sociale ; enfin, la troisième est une expérience encadrée en entreprise de quatre mois, avec La Guilde, l’entreprise-école. « Aux jeunes, formés et encadrés, salariés en CDD ou en intérim, nous proposons des travaux en génie écologique, espaces verts, bâtiment, manutention, nettoyage logistique… Comme nous n’avons pas suffisamment de travail et de missions, nous développons aussi le placement via les boîtes d’intérim, avec lesquels ils sont aussi très suivis. »

Difficultés de financements

Actuellement l’association accompagne entre 60 à 80 jeunes par an. Près de 260 sont déjà passés par Irvin depuis sa création. « Notre budget est de 350 000 euros ; l’objectif est d’atteindre un budget de 750 000 euros et d’accueillir jusqu’à 140 jeunes par an ».

La structure ne vit que de mécénat. « C’est très irrégulier, nous faisons face à une difficulté de financement, notamment de l’État, nous sommes dans l’attente de subventions qui n’arrivent jamais. Pour gagner en autonomie, l’idée est de développer le modèle économique, en permettent à trente ou quarante d’entreprises du territoire de recruter des jeunes passés par l’association, avec une participation sous forme de mécénat,  »