Couverture du journal du 17/05/2024 Le nouveau magazine

Malouinières : témoins de l’âge d’or de Saint-Malo

Des havres de paix à deux heures à cheval de Saint-Malo ! Les malouinières ont été bâties par les armateurs entre 1680 et 1730 pour s’accorder un peu de repos loin des affaires et de l’agitation de la cité corsaire. On en dénombre 112, inscrites à l’inventaire des monuments historiques. Quelques-unes seulement sont ouvertes à la visite : la Chipaudière, la Ville Bague et Montmarin.

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Proches de la mer, ces demeures des champs entourées de terres et agrémentées d’un parc présentent tous les caractères de l’architecture aristocratique alors marquée par Garengeau, disciple de Vauban : corps de logis majestueux, hautes toitures d’ardoise à croupes, puissantes cheminées, sobres façades à deux niveaux percés de grandes fenêtres, bandeaux et chaînages d’angle en granit de Chausey. Elles s’accompagnent de communs, chapelle et colombier.
Ces malouinières rappellent les grandes heures de la Compagnie des Indes et du commerce maritime (épices, bois exotiques, métaux précieux) sans oublier le trafic des esclaves ! À Saint-Malo, les armateurs possédaient des hôtels particuliers avec cour, jardin, écuries et magasins souterrains pour stocker des cargaisons entières, tel François-Auguste Magon de La Lande, rue d’Asfeld.

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La Chipaudière

Bâtie entre 1710 et 1720, la Chipaudière à Paramé, a été dessinée par Garengeau pour François Magon de la Lande, le plus puissant armateur de son temps, corsaire du Roi en temps de guerre. Côté jardin (à la française), sa façade est animée par un avant-corps à trois pans comme à l’hôtel Matignon. À l’intérieur rien n’a changé, ni la distribution des pièces, ni le décor : pavement de marbre de Carrare gris et blanc dans l’entrée et la salle à manger, boiseries de chêne de Norvège sculptées dans le style de Bérain, salon tendu de toiles de Jouy rouge et crème, parquet à la Versailles, escalier pourvu d’une rampe de fer forgé, mobilier, objets d’époque telle cette robe confectionnée dans une indienne (toile de coton imprimée prohibée par Louis XIV pour protéger les manufactures de textiles françaises). Classée monument historique, la Chipaudière est toujours habitée par la même famille !

La Ville Bague et le Montmarin

Construite en 1715 par Guillaume Eon, la Ville Bague, en Saint-Coulomb est depuis 1975 la propriété de la famille Chauveau, qui l’a magnifiquement restaurée. Dans le grand salon, Marie-Hélène et Eric Lopez, inlassable conteur, font admirer le superbe papier peint panoramique de la manufacture Dufour et Leroy posé dans les années 1830 et représentant l’arrivée de Pizzaro chez les Incas.

 

Malouinière de la Ville Bague Saint-Coulomb, ©DR

Malouinière de la Ville Bague Saint-Coulomb ©DR

À remarquer : un piano-forte, une collection de scrimshaws (dents de morses gravées par les bagnards), des armes de corsaire et dans la salle à manger où le couvert est dressé, des pièces d’orfèvrerie de table très raffinées. Si le Montmarin se distingue des malouinières par son architecture plus tardive (1758), il illustre la réussite de l’armateur Aaron-Pierre Magon du Bosc. Côté jardin, sa façade est rythmée par trois pavillons. Celui du milieu à toiture en carène est surmonté d’un fronton. Les jardins en terrasses s’ouvrent sur la Rance. Un appel vers le large !

 

 

 

 

Malouinière de la Chipaudière, Saint-Malo (35400) : www.chipaudière.com Tel 06 66 10 26 76.