Couverture du journal du 26/04/2024 Le nouveau magazine

Pharmacies : la fièvre redescend

Après deux années 2021 et 2022 qualifiées d’exceptionnelles, c’est un retour à la normale pour les officines de pharmacies : 2023 a sonné le glas de la suractivité due à la période Covid et les tests antigéniques. Cohésio et DMP Atlantique, deux cabinets d’expertise-comptable unis sous la marque Tengo, spécialisés dans le domaine de la santé dans l’Ouest (700 pharmacies gérées par le groupe), ont organisé, à Rennes, un temps dédié sur ce secteur d’activité.

Banque, assurance, avocats, les professionnels gravitant autour des officines pharmaceutiques se sont retrouvés à Rennes, au Mem, pour se saisir des statistiques régionales 2023 dans l’Ouest, via les données des cabinets Cohésio et DMP Atlantique (Groupe Tengo : 10 cabinets dans le Grand Ouest) ©LM 7J

« Il y a eu une augmentation de la valeur des officines de pharmacie, avec la manne financière des tests antigéniques, rappelle Rémi Dubigeon, associé chez POD, société de conseil auprès des pharmacies. « Le prix est monté à 7 fois l’EBE (l’excédent brut d’exploitation ndlr). Mais cela est retombé, il y a un retour à la normale. »

Le prix moyen de cession des officines en Bretagne avoisine 1,7 million d’euros (ou environ 80 % du chiffre d’affaires hors taxes) en 2023, selon les données du cabinet comptable Cohésio, qui s’occupe de 480 pharmacies bretonnes.

« C’est sûr qu’on ne peut pas vouloir reprendre une officine et faire 28 heures/semaine… »

La vente d’officines

« Les prix sont en baisse ces derniers mois, les repreneurs se font rares et les apports nécessaires sont importants. » Mais, si les exemples de pharmacies à vendre ne trouvant pas de repreneur font les titres de la presse locale, « on ne peut pas en faire une généralité », reprend Rémi Dubigeon.

Il existe en effet de grandes disparités entre les typologies et les tailles des pharmacies. « J’ai l’exemple, en 2023, d’une reprise d’une affaire à 4 millions d’euros de chiffre d’affaires en Centre Bretagne, avec un repreneur qui n’avançait que 50 000 euros d’apport ! On trouve. »

Le secteur subit aussi la crise des vocations, « c’est sûr qu’on ne peut pas vouloir reprendre une officine et faire 28 heures/semaine… » Actuels titulaires ou acquéreur, tous doivent faire face à des baisses de rentabilité dues à des hausses des charges : loyers, charges externes, et particulièrement les charges de personnel qui ont augmenté de près de 10 % en 2023.

Cohésio

Cohésio

Le marché se contracte

« Nous conseillons les pharmaciens depuis près de 60 ans au cabinet, c’est important pour nous de maintenir le maillage officinal, dans les villes et surtout les campagnes », rappelle Carole Pautrel-Glez, de Cohésio. Le cabinet réunit, chaque année, à l’automne, plus de 60 jeunes pharmaciens, à chaque réunion d’information sur l’installation dans l’Ouest. « Il y a des solutions, des dispositifs financiers, des boosters proposés par les groupements de pharmaciens, les grossistes et les banques, qui permettent aux primo-accédants de réunir l’apport nécessaire à l’installation. »

On estime à 80 le nombre d’officines à Rennes, près de 20 ont fermé ces dix dernières années. Le marché se contracte au profit de plus gros point de vente ; le regroupement d’officines est devenu monnaie courante.

Un modèle qui permet aussi aux pharmacies de disposer de salles de soin, afin d’accueillir leurs patients pour la vaccination, ou le suivi du diabète, les conseils en orthèse et en contention. « Quand la désertification médicale progresse, le pharmacien reste le seul au cœur des préoccupations de nos concitoyens : il investit dans des cabines de consultation et reste présent pour un sujet qui nous concerne tous : la santé. »

Régime fiscal

Pour 70 % des pharmacies qui exercent sous forme de SEL, société d’exercice libéral, il y a un changement juridique et de régime fiscal en cours au depuis le 1er janvier 2024. Cela implique d’adapter les statuts et les règlements intérieurs de ces sociétés.

1 015 Officines en Bretagne (Chiffres Cohésio 2023)

Répartition : 44 % en zone rurales ; 23 % dans les gros bourgs ; 20 % en zones urbaines ; 12 % en centres commerciaux