Couverture du journal du 02/10/2024 Le nouveau magazine

Qui sont les repreneurs d’entreprises du Bâtiment ?

Dans le BTP, ni la crise liée à la Covid-19, ni la conjoncture ne viennent entamer les projets de cession et de reprise.

Batiment

© DR

L’effet confinement a dopé les projets de rénovation, d’extension, de construction neuve… Ainsi le Bâtiment en Bretagne (et Ille-et-Vilaine), fait figure d’exception dans le paysage économique.

Depuis deux ans, les profils des entrepreneurs du Bâtiment ayant transmis leur entreprise ont changé. 65% d’entre eux cèdent leur entreprise pour cause de départ en retraite, et 35 % pour changer d’orientation, de quotidien, ou se tourner vers d’autres projets. La connaissance métier est un critère prépondérant dans le projet de transmission. L’entrepreneur s’interrogera au préalable sur l’existence d’un successeur familial, d’un salarié à potentiel, avant de s’orienter vers un repreneur externe. Pour Guillaume Pétris du Service transmission-reprise de la Fédération du Bâtiment d’Ille-et-Vilaine : « Notre première mission consiste à faire accepter au cédant que celui qui reprendra leur « bébé » ne sera pas nécessairement comme eux 20 ans plus tôt ! ».

 

Trois profils types de candidat à la reprise

  • Un salarié issu de l’environnement de l’entreprise cédée : maître d’ouvrage (constructeur de maisons individuelles, promoteur…), cabinet de maîtrise d’œuvre, ou fournisseur de matériaux
  • Un salarié provenant d’une entreprise de bâtiment (conducteur de travaux, métreur ou chargé d’affaires)
  • Les « transfuges » d’autres métiers viennent de plus en plus tenter leur chance (cadre de grand groupe aux compétences multiples en gestion, management…)

 

1- Reprise par un salarié

Alexandre Berdat

Alexandre Berdat © Fabien Baudrier Bretimages Studio

Alexandre Berdat a repris Berdat Leray, entreprise de couverture, 6 salariés, à L’Hermitage. « En tant que technicien couvreur, mes incertitudes reposaient sur mes qualités de gestion. Avec le cédant, nous avons mis en place une formation interne pour mon apprentissage des études et devis, de l’organisation des plannings et de la gestion des équipes. Le petit plus que je ne pouvais imaginer : mon cédant avait une réelle envie de transmettre son savoir-faire, et il m’a transmis bien plus ! ».

Sur cette transmission en interne, deux années de préparation à la reprise ont été nécessaires, avec passage progressif du chantier au bureau d’études. La réussite de ce type de transmission dépend très largement de la qualité de relation entre cédant et repreneur.

 

2- Reprise par un salarié provenant de la maîtrise d’ouvrage

Arnaud Tardivel

Arnaud Tardivel © DR

Arnaud Tardivel a repris Frangeul carrelage à St Just, 30 salariés. « En tant que responsable technique chez un constructeur de maisons individuelles, je recherchais une entreprise d’une certaine taille avec un encadrement technique bien en place. L’effectif de l’entreprise peut faire peur, mais les conseils ont été là pour me rassurer sur l’adéquation entre mon expérience et cette structure de 30 personnes. L’autre point clé, c’est l’accompagnement du cédant : j’ai été présenté à tous les clients (constructeurs, maîtres d’œuvre, architectes…). Au préalable, nous avions organisé ma présentation aux salariés, étape qui reste un moment de doute pour tout le monde ! Il fallait ainsi rassurer les équipes en leur présentant mon double objectif : apporter mon expérience et garder l’ADN de l’entreprise Frangeul. »

3- Reprise par un chargé d’affaires issu d’un autre métier

Kevin Gaigeard

Kevin Gaigeard © DR

Kevin Gaigeard a repris ABC Dépan Rénov – Éclat de Bain, plomberie, chauffage, électricité et aménagement intérieur à Betton, 9 salariés. « Ma double expérience professionnelle en vente de salles de bain, suivi de chantier et chargé d’affaires, a fait tilt auprès du cédant. De mon côté, je cherchais une affaire où je pouvais apporter mon expertise client, tout en m’appuyant sur une équipe technique en place. J’attendais aussi une démarche d’accueil organisée, une immersion dans l’entreprise avant la reprise. L’accompagnement de la FFB m’a rassuré sur ce point, mais aussi en facilitant toutes les étapes du projet. J’ai eu la chance de bénéficier de l’étude de marché réalisée par mon expert-comptable et de son expérience pour la mise en place des financements de la reprise. »

Sur cette transmission, le repreneur avait besoin d’être en filage avec le cédant. La mise en place d’un pré-accompagnement d’un mois juste avant la reprise a aussi permis de rassurer les équipes en interne, avant l’accompagnement de deux mois qui a suivi la cession.

 

Le mot de l’expert

Guillaume Pétris, Service transmission-reprise à la Fédération du Bâtiment et des Travaux Publics 35 « Définir le profil du repreneur et organiser sa recherche peut prendre de quelques mois à plus d’un an. Je conseille vivement de se faire accompagner par un professionnel de la transmission garant de l’objectivité de la recherche de profil et de la stricte confidentialité de la démarche.

La FFB 35 accompagne depuis plus de 20 ans les artisans et entrepreneurs qui souhaitent passer la main, ou faire de la croissance externe. Ce service transmission reprise est accessible aux repreneurs comme aux cédants quelle que soit l’étape du projet : valorisation de l’entreprise, préparation des démarches de transmission et de recherche de candidats, suivi juridique … »