Couverture du journal du 26/04/2024 Le nouveau magazine

Saint-Malo — > New York : 200 tonnes embarquées sur Grain de Sail II

Depuis Saint-Malo, le cargo Grain de Sail (GDSII) a mis le cap sur New York, avec, à son bord, une cargaison de vin, de produits cosmétiques, produits manufacturés, maroquinerie, chocolat… Quinze fournisseurs (pour 200 palettes) ont choisi ce transport décarboné, avançant à la seule force de deux immenses voiles, pour acheminer leurs clients américains.

Grain de Sail 2 (GDSII) ©Emmanuel_Duclos_Easyride

Chablis, Pommard, Gevrey-Chambertin, « nous avons fait embarquer une palette sur « Grain de Sail II », soit 600 bouteilles, direction New York », indique Lucas Przybyla, responsable marketing chez Albert Bichot, maison vinicole de Bourgogne. « Les États-Unis sont notre deuxième marché, nous y envoyons plus de 80 palettes par an. Cette expédition, c’est un surcoût en transport : c’est deux fois plus cher. »

Lucas Przybyla, responsable marketing chez Albert Bichot, maison vinicole de Bourgogne. ©LM_7J

Un effort conséquent, qui fait partie d’une réflexion globale de la maison Albert Bichot sur l’impact de l’activité vinicole. « Le transport, c’est 60 % de notre empreinte écologique globale. Avec ce transport à voile sur « GDSII », nous diminuons de 95 % cette empreinte du transport. Nous travaillons aussi sur le verre de nos bouteilles, que ce soit le poids ou le procédé de fabrication… La maison Albert Bichot est engagée : nous sommes passés en bio depuis plus de cinq ans, et nous sommes mécène de Tara Océan, c’est dans notre ADN. »

Faire porter ce surcoût auprès du consommateur, cela ferait passer une bouteille de 50 à 53 euros environ. « Nous n’en sommes pas là ! Aujourd’hui, nous faisons ce voyage, c’est une première. Nos clients nous attendent à New York et quand le voilier va amarrer à Manhattan dans quinze jours, ça va être une fête, nous avons organisé une dégustation à cette occasion. »

Import – Export de produits à haute valeur ajoutées

Sur ce cargo-goélette, pas de transport de sable ou de gravier. « Nous ne travaillons qu’avec des fournisseurs de produits à haute valeur ajoutée, indique Olivier Barreau, président fondateur de Grain de Sail (Morlaix, 29). En effet, c’est plus cher d’utiliser ce mode de transport, mais il faut savoir ce que l’on veut : continuer à polluer la planète et mettre l’espèce humaine en danger ? »

Jacques Barreau, directeur général Grain de Sail et Olivier Barreau, président fondateur. ©LM_7J

« Là, nous sommes à 3g d’émission carbone en fonctionnement. Pas de carburant, le moteur c’est le vent dans les 1 500 m2 de voile, et cela permet de porter jusqu’à 600 tonnes (les 250 t du bateau et 350 t de marchandise, ndlr). Et on peut naviguer par tous les temps, de 6 nœuds de vent à 80 nœuds.

« Notre objectif est de construire une flotte de trois autres navires de ce modèle, d’ici à trois ans », précise Jaques Barreau, directeur général de Grain de Sail.
Celui-ci a coûté 10 millions d’euros, dont 2 millions rien que pour les deux mats et l’équipement des espars.

« Cette goélette a de nombreux avantages : elle peut naviguer dans tous les vents, sa longueur restreinte de 52 m avec un tirant d’eau de 6 mètres permet aussi l’accès aux ports secondaires, aux Marinas, évitant la congestion portuaire. »

Matthieu Lahaye, directeur général Lahaye Global Logistics LM_7J

Sur le Quai des Corsaires, parmi tous les clients et partenaires heureux de voir partir le GDSII, Matthieu Lahaye, PDG du transporteur éponyme : « Nous avons acheminé les marchandises jusqu’à Saint-Malo en camions biogaz et biocarburant. Et au retour de New York, nous en acheminons par nos lignes de fret ferroviaire, de Rennes à Lille. C’est intéressant d’être là ! Il y a d’autres réponses et d’autres schémas possibles dans la logistique. Et pour des produits à fortes valeurs ajoutées, la proposition de Grain de Sail est intéressante. Pour changer les schémas, il faut que tout le monde – chargeurs, transporteurs, fournisseurs et clients – y mette du sien. »

Tanker, ferries, porte-conteneurs : une vingtaine de gros navires marchands dans le monde sont désormais équipés d’un système vélique, parfois seulement en solution complémentaire ou rétractable. Mais la filière se structure et s’étoffe, avec l’émergence d’une armada de néoarmateurs en France : Grain de Sail, Towt, Neoline, Zéphyr & Borée, Beyond the sea, Véla, Windcoop, Wisamo, etc. Cette filière émergente du transport marchandise à la voile concerne plus de 150 entreprises sur le territoire breton (étude 2022 de BDI)

https://graindesail-logistics.com