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« 1 paie sur 4 est mal calculée »

Fatine Bercheq, experte en paie établie à Rennes et dirigeante d'HappyPaie, aspire à responsabiliser les salariés pour renforcer leurs droits, tout en protégeant les chefs d'entreprise des risques sociaux. Pour elle, le bulletin de salaire "est un outil politique". Rencontre.

Fatine Bercheq, fondatrice de HappyPaie ©SB_7Jours

Quelles sont les principales erreurs que comportent les fiches de paie et que faire pour les corriger ?

Près d’une paie sur quatre comporte des erreurs, ce qui impacte tant les salariés que les employeurs. Ces erreurs peuvent découler d’un calcul erroné de primes, d’une mauvaise application des bases de retraite, ou d’autres éléments du salaire. La complexité du Code du travail, des accords de branche et du droit européen ne facilite pas les choses. Les professionnels de la paie traduisent des textes de droit social en mathématiques. Pour corriger, il est essentiel de former les salariés à comprendre leur fiche de paie, de continuer à améliorer la technicité des professionnels et d’améliorer la fiabilité des données utilisées dans les calculs.

 

Les salariés s’intéressent-ils à leurs fiches de paie ?

Selon moi, 80 % des salariés ne savent pas lire leurs fiches de paie, dont la lecture peut être intimidante en raison de leur complexité (jusqu’à une cinquantaine de ligne, ndlr). Il est nécessaire de faire preuve de pédagogie pour que les salariés puissent comprendre les composantes de leur rémunération, telles que les cotisations retraite, mutuelle ou prévoyance. En tant qu’influenceuse « paie », je m’efforce, depuis six ans, de démystifier ces aspects à travers mon podcast La paie pertinente et impertinente, afin que les gens deviennent acteurs de leur paie. HappyPaie propose aussi des formations pour les métiers de la paie, de la production, des audits et du conseil.

 

« Les professionnels de la paie traduisent des textes de droit social en mathématiques. »

Bien maîtriser la paie, c’est aussi réduire les risques de conflits entre salariés et employeurs.

Absolument ! C’est ironique de constater que la paie, souvent perçue comme la dernière roue du carrosse, est en réalité le bras droit des entreprises. Elle joue un rôle crucial dans le calcul des risques sociaux et la gestion des ressources humaines.

 

Quels sont les changements à venir qui vont impacter la paie ?

L’impact de la digitalisation, d’abord. En tant qu’administratrice de l’Urssaf depuis un an, je constate son importance croissante dans le domaine. L’Urssaf et les caisses de retraite insistent sur la nécessité de fiabiliser les données pour éviter des dégâts sociaux. D’autre part, le gouvernement veut simplifier la paie, en supprimant certaines lignes par exemple, mais cela va en réalité entraîner davantage de complexité. Encore une fois, les gens sont capables de comprendre, il suffit de leur expliquer. Des initiatives de lobbying, telles que celles de la CPME, dont je fais partie à l’échelle départementale et nationale, tentent d’influencer les évolutions dans le bon sens. En fin de compte, la paie est un outil politique.