Couverture du journal du 26/04/2024 Le nouveau magazine

3D-Tex veut révolutionner l’industrie textile avec la 3D

Depuis ses deux sites à Saint-Malo, la startup 3D-Tex utilise la 3D pour tricoter des textiles. Le principal atout de cette technologie importée du Japon est la réduction des pertes de matière. L’entreprise malouine, dont l’actionnaire - minoritaire - est le groupe malouin Beaumanoir, a généré 2,3 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2023 (1,6 million en 2022) et met le cap sur 2026 avec l’ouverture d’une nouvelle usine.

L'atelier de 3D-Tex ©3D-Tex

L'atelier de 3D-Tex ©3D-Tex

En 2021, Gwendal Michel, Marc Sabardeil et Basile Ricquier se sont réunis pour créer 3D-Tex. « Nous avons tous les trois construit notre expérience dans les bassins de l’approvisionnement textile en Asie – notamment en Chine et au Bangladesh – qui fabrique 70 % des vêtements vendus en France. Là où la France en produit 3 %, explique Basile Ricquier, cofondateur. Il y a un juste milieu à trouver. L’industrie textile doit être accessible pour que les gens puissent s’habiller, et il y a également un enjeu environnemental, car l’industrie génère beaucoup de déchets industriels. »

« Proches du zéro déchet »

Basile Ricquier ©DR

S’inspirant de l’industrie automobile, qui a su maintenir une part de production en France grâce à l’automatisation, l’équipe de 3D-Tex a mis en œuvre une technologie de fabrication venue du Japon et apparue dans les années 1990 : le tricotage 3D. Le modèle est d’abord modélisé en 3D, c’est le principe des jumeaux virtuels. « Avec cette innovation, nous sommes proches du zéro déchet puisque les pertes de matière atteignent seulement 2 % par rapport aux 20 % du tricotage traditionnel. »

Avec 80 % de leur activité axée sur le prêt-à-porter et 20 % sur des applications techniques telles que l’industrie automobile et aéronautique, 3D-Tex souhaite explorer de nouveaux horizons, envisageant même l’industrie nucléaire pour la fabrication de filtres spéciaux.

« Concurrencer la zone Euromed »

Actuellement, l’entreprise compte deux sites de production à Saint-Malo, fonctionnant 24 heures sur 24 et 6 jours sur 7, avec un effectif de 40 salariés et 10 personnes en formation. 3D-Tex met en avant sa compétitivité, « offrant des prix 20 % moins chers que nos homologues locaux, français et italiens ». Avec une ambition claire : « concurrencer la zone Euromed ». Pour cela, l’entreprise qui produit en moyenne 100 000 pièces par an doit augmenter ses volumes.

Cap sur 2026

La fusion de ses deux sites actuels sur la zone Atalante à Saint-Malo d’ici 2026 doit permettre de produire jusqu’à 300 000 pièces par an. Cette nouvelle usine de 3 000 m2, équipée d’une quarantaine de machines et d’un personnel équivalent à 100 ETP, bénéficie d’une aide financière de l’État à hauteur d’1,6 million d’euros dans le cadre du programme « Première usine » du plan France 2030. 3D-Tex annonce une projection de chiffre d’affaires de 5 à 6 millions d’euros en 2026. À pleine puissance, l’entreprise vise même un chiffre d’affaires de 7 à 8 millions d’euros.

 

Une collaboration « made in Saint-Malo » avec la marque Bonobo

En partenariat, 3D-Tex et la marque du groupe Beaumanoir ont lancé une collection de pulls, bonnets et écharpes.

Bertrand Bizette, directeur général de Cache-Cache, Bonobo, Bréal et Vib’s – groupe Beaumanoir :

©DR

« Depuis le lancement de 3D-Tex, nous avons eu le privilège de travailler en étroite collaboration avec leurs équipes. La proximité géographique a facilité cette relation partenariale, que nous envisageons sur le long terme. C’est une histoire qui s’inscrit dans une identité « made in Saint-Malo », que nous revendiquons avec fierté. Certes, la marge sur cette collection est assez modeste, mais pour nous, c’est un engagement en faveur de la réindustrialisation de la France. Nous croyons en des initiatives telles que celles de 3D-Tex, qui permettent non seulement de promouvoir le « made in France », mais aussi de contribuer à la réduction des déchets grâce à leur innovation 3D. »

Bonobo, créée il y a 18 ans, compte aujourd’hui 400 magasins en France. « Nous sommes en croissance régulière. » (chiffre d’affaires non communiqué)