Couverture du journal du 26/04/2024 Le nouveau magazine

70 tonnes de vanille entre Madagascar et Rennes

Vanilla Fair est producteur et fournisseur de gousses de vanille de Madagascar. Du siège de Cesson-Sévigné, Kamilia Chelali, global market manager, et ses collaborateurs commercialisent jusqu'à 70 tonnes de vanille par an, produites à Maroantsetra, dans la partie nord de l’île. L’entreprise, créée en 2016, poursuit son développement malgré une conjoncture défavorable sur le marché de la vanille malgache. 

©Vanilla Fair

La vanille « bio et commerce équitable » produite par Vanilla Fair transite par Cesson-Sévigné avant d’être expédiée aux clients. « Nous travaillons avec une vingtaine d’industriels spécialisés dans les extraits, tels que des laiteries ou des fabricants de pâtisserie à grande échelle, plus d’une trentaine de distributeurs d’épices et d’ingrédients mais également des artisans. Nous fournissons Yann Couvreur en produits de haute qualité, l’école de cuisine Le Cordon Bleu, ou l’école Lenôtre de Houston aux États-Unis », précise Kamilia Chelali. 

Une diversification dans les canaux de distribution qui se retrouve dans la répartition géographique. 40 % de l’activité est réalisée avec le marché français, 30 % en Europe, notamment l’Allemagne, et 30 % de grand export, les États-Unis en premier lieu, d’après les données communiquées. « Accompagnés par Bretagne Commerce International et le pôle Valorial, nous participons au salon Gulf food à Dubaï, en février, pour amorcer une ouverture sur le Moyen-Orient. »

2023, une année difficile pour « l’or vert »

Malgré la concurrence de gros importateurs, à la fois collecteur et acheteur, comme Eurovanille (62) , Vanilla Fair assure être « en croissance chaque année, malgré une année 2023 difficile car les prix ont chuté drastiquement sur le marché à l’export. En 2016, le kilo de vanille se vendait 600 $/kg, en 2020 il était à 250 $/kg. Ce sont des données que nous anticipons » (chiffre d’affaires non communiqué). En effet, à l’origine de 80 % des exportations mondiales de vanille – qui représenteraient 6 à 7 % du PIB malgache – Madagascar tente de réguler la filière et impose depuis 2020 un prix plancher pour se prémunir d’une chute brutale du cours : 250 dollars minimum le kilo, en partance de l’île. La décision n’a pas l’effet escompté et entraîne une chute des exportations. « 250 dollars le kilo, c’est élevé par rapport au marché et à l’export. » D’autant plus que l’arrivée de l’Ouganda sur le marché « depuis cinq ans » a rebattu les cartes. « L’Ouganda propose des prix jusqu’à 4 fois moins élevés, créant un déséquilibre du marché. »

« Nous sommes des facilitateurs »

Kamilia Chelali ©DR

L’antenne bretillienne de Vanilla Fair s’occupe de l’importation. « Nous sommes facilitateurs, nous portons le coût, le risque et l’énergie que cela engendre à une société de dédouaner et de maîtriser le transport depuis un pays comme Madagascar jusqu’à destination finale. Notre liaison directe avec le site de production est une baisse non négligeable des émissions de CO2, jusqu’à 30 % de moins que si nos clients européens passaient par un distributeur lambda. »
Autre intérêt de cette antenne à Cesson-Sévigné : « Le gage de qualité qu’offrent les services de contrôles des denrées alimentaires en France nous permet d’assurer à nos clients que nos produits respectent les standards européens et sont contrôlés. »

Un site de 40 personnes

Pour produire, Vanilla Fair compte 40 personnes en effectif fixe à Madagascar, pouvant monter jusqu’à 500 travailleurs en période de récolte et de transformation. La production de vanille est un travail de longue haleine qui peut nécessiter jusqu’à un an et demi de travail afin que les gousses atteignent tout leur potentiel. « Nous travaillons pour promouvoir l’éducation, le respect des ressources naturelles et l’utilisation des énergies vertes. Nous détenons la certification Flocert, témoignant de notre engagement envers la qualité, le commerce équitable et la conformité aux normes alimentaires strictes.»