Couverture du journal du 03/05/2024 Le nouveau magazine

Alimentation bio : « Nous sentons un léger frémissement »

Après avoir subi la crise sanitaire, la hausse des coûts de l’énergie, l’inflation, les conséquences de la guerre en Ukraine, les Français ont rogné sur leurs dépenses alimentaires. Un contexte difficile pour les commerces et, notamment pour le bio. Mikaël Coroller, président du directoire de la coopérative morbihannaise Biocoop Les 7 Épis, nous explique pourquoi.

Mikaël Coroller, président du directoire de la coopérative morbihannaise Biocoop-Les 7 épis ©Biocoop-7épis

Mikaël Coroller, président du directoire de la coopérative morbihannaise Biocoop-Les 7 épis ©Biocoop-7épis

7 Jours : Nous avons vu récemment des enseignes bio fermer leurs portes et quelques agriculteurs faire machine arrière. La filière est-elle dans une passe si difficile que cela ?

Mikaël Coroller : Ce n’est absolument pas une tendance générale. Effectivement, quelques agriculteurs sont en déconversion, car les longs temps de conversion au bio (3 ans, NDLR) sont tombés pendant la période de crises multiples. Idem, pour certains commerces nouveaux entrants qui ont ouvert dans un marché du bio en décroissance. Les 3 dernières années n’étaient effectivement pas les meilleures pour se lancer. Du côté des 7 épis (8 magasins), nous avons connu 2 années en légère régression de — 3 %. Mais depuis cet été, nous sentons un léger frémissement.

7 Jours : Une reprise qui se traduit comment ?

Mikaël Coroller : Nos volumes de ventes sont repartis à la hausse. L’explication est simple : l’inflation est plus faible chez nous que dans le conventionnel, car nous sommes peu ou pas impactés par le prix du pétrole, des engrais ou des transports, donc nos prix n’augmentent pas autant qu’ailleurs. Mais il ne s’agit que d’un frémissement, car durant les différentes crises les gens ont été en partie « déclassés ». L’alimentation étant l’une des seules variables d’ajustement d’un budget, on a vu beaucoup de familles changer de gamme d’alimentation. Pour choisir toujours moins cher.

7 Jours : Cela ne vous a pas empêché d’ouvrir un 8me magasin à Larmor-Plage en septembre…

Mikaël Coroller : Nous continuons à suivre notre projet de territoire. L’ouverture de ce nouveau commerce de proximité de 350 m2 s’intègre parfaitement dans notre stratégie d’amélioration de notre bilan carbone. Le dernier kilomètre est très peu énergivore et nous continuons à garantir la proximité ainsi qu’une alimentation de qualité. Les mêmes raisons nous ont amenés à créer un petit magasin de centre-bourg à Pont-Scorff. En parallèle, nous garantissons aux producteurs locaux avec qui nous travaillons de vendre leur production à un bon prix. Nous avons même un poste de planificateur en interne qui organise la filière pour avoir de vrais produits locaux.