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Ar Seiz Breur : 1923 – 2023, centenaire d’une révolution artistique

Afin de célébrer le centenaire de la naissance du mouvement artistique en Bretagne en 1923, Ar Seiz Breur*, deux évènements se tiennent à Rennes, orchestrés par Rennes Enchères : une exposition de près de 300 pièces dans l’écrin du Parlement de Bretagne, et une vente aux enchères le jeudi 13 juillet.

Tangui le Longuet, consultant spécialiste des Seiz Breur et Carole Jézéquel commissaire-priseur Rennes Enchères Bretagne et membre du Conseil Culturel de Bretagne ©Laurent Guizard

« Nous pensions glaner une centaine de pièces des Seiz Breur ou d’artistes de cette mouvance artistique, nous en avons près de 300, » se souvient Tangui Le Lonquer, spécialiste du mouvement Seiz Breur.
« C’est un projet assez fou, lancé il y a 1 an et élaboré au fil des rencontres. Marchands, collectionneurs et antiquaires, amateurs et descendants des artistes eux-mêmes, tout le monde a été enthousiaste », complète Carole Jézéquel, commissaire-priseur de Rennes Enchères.
Rennes Enchères Bretagne, avec les maisons de vente Thierry-Lannon à Brest et Lorient, ainsi que Salorges Enchères à Nantes et la Baule, ont depuis février mené un véritable tour de la Bretagne, afin d’authentifier les objets à travers toute la Bretagne, et proposer une vente unique.

Un mouvement d’avant-garde

« Ar Seiz Breur c’est un mouvement des arts décoratifs pas si connu en Bretagne, contextualise Tangui. Pourtant il est parallèle aux mouvements et aux révolutions des codes graphiques en Europe, le Bauhaus en Allemagne, Arts and Crafts en Angleterre, le futurisme en Italie…  Il n’y a pas vraiment de cotes, à ce jour, pour ces artistes, sauf pour René-Yves Creston. Cette vente va potentiellement les définir ! »

« Partout où le soleil passe, le Breton passe »

On retrouve des textiles, du mobilier, de la faïence, ces artistes apportaient une réponse au folkloriste de l’époque. «  Finis les binious sur les meubles bretons, terminée la vision pittoresque et « bécassine » de la Bretagne. Ils impulsent une extraordinaire modernité dans les objets du quotidien. » On retrouve des ustensiles ménagers, conçus ensuite à la Faïencerie Henriot de Quimper, « on a même retrouvé une salle à manger dessinée par Jeanne Malivel aux Apprentis d’Auteuil en Île-de-France » reprend Tangui.


Lors de la vente, pour ce fauteuil à soleil rayonnant, signé Jeanne Malivel la mise à prix avoisinera les 1000 euros.
Un mythique globe terrestre imaginé par René-Yves Creston, créé pour l’exposition coloniale de 1931, et réalisé en faïence Henriot, rend hommage aux explorateurs bretons avec cette phrase circulaire « Partout où le soleil passe, le Breton passe. À la gloire des marins, explorateurs et colons bretons. »
Ces gouaches préparatoires d’illustration pour l’ouvrage Kan da Kornog, de Youenn Drezen, reprenant un poème épique de l’odyssée des Celtes pour arriver en Bretagne.
Car les œuvres des Seiz Breur se nourrissent de la mythologie celtique, irlandaise, et galloise.

Du 8 au 13 juillet à Rennes

Pour s’immerger dans cet univers, l’exposition se tient du 8 au 13 juillet à Rennes dans la salle des pas perdus du Parlement de Bretagne. Visites guidées et conférences en prime.
La vente aux enchères des quelque 300 lots se tiendra à l’hôtel des ventes Rennes Enchères et sur le net le 13 juillet. Avec cette interrogation : ce patrimoine sera-t-il voué à quitter la Bretagne ? Mitch Wolfson, richissime collectionneur américain de Miami, s’est déjà fait connaître….Nul n’est prophète en son pays !

*Ar seiz breur signifie Les Sept Frères en langue bretonne. Initié notamment par la graveuse et décoratrice du pays de Loudéac, Jeanne Malivel, ce groupe a compté une soixantaine d’artistes ( peintres, sculpteurs, graveurs, d’ébénistes, céramistes, brodeurs, etc.) et a vécu de 1923 à 1947.