À Retiers, il y a comme un air de Noël éternel. « Nous venons de récolter six tonnes de jouets de la mi-novembre à décembre. » Fabrice Delalande est le fondateur de Copains des Jouets. Cette entreprise est née en début d’année 2023, mais le concept, lui, date de décembre 2020. « J’ai eu l’idée en regardant un documentaire sur des jouets d’occasion. J’y ai réfléchi toute la nuit », explique le dirigeant. Le projet : récolter des jouets et leur donner une nouvelle vie. « Chaque année, ce sont plus de 100 000 tonnes de jouets qui sont jetés en France », déplore-t-il.
« Voici la camionnette, et c’est ici que nous réceptionnons et nettoyons les jouets en vérifiant qu’ils soient aux normes », explique Fabrice, dans le hangar de 380 m². Environ cinq fois par semaine, avec ses deux salariées, Julia Mounier et Laëtitia Quéguiner, récupèrent des jouets inutilisés dans un rayon de 50 km autour de Retiers. « Nous avons notamment un partenariat auprès d’Espacil Habitat, qui accueille plusieurs points de collecte, mais aussi dans des écoles, entreprises ou Ehpad. » Ces objets sont ensuite triés par état et par catégorie. Premier âge, peluches, poupées, jeux de société… Quelques-uns sont aussi des jouets de collection. « Certains datent des années 1930 », précise-t-il en montrant un petit avion.
Ces jouets sont ensuite revendus ou, plutôt, « adoptés », via le site Internet de l’entreprise, avec une particularité. Le coût du jouet varie de plusieurs euros selon le poids total de jouets adoptés.
Aucune limite à l’imagination
Dans une volonté de ne rien jeter et de tout recycler, Fabrice et ses salariées à l’imagination débordante transforment les jouets inutilisables en de jolies créations. Ainsi, des têtes à coiffer deviennent des pots de fleurs, des vinyles, des horloges des puzzles et des tableaux. « Il n’y a aucune limite », sourit Fabrice.
Pour créer cette toute jeune entreprise, Fabrice a investi 200 000 euros, entre l’acquisition d’un véhicule, le loyer de l’entrepôt, les salaires, le site Internet et du matériel comme une machine pour laver les jouets. Pour 2024, il espère atteindre au moins 150 000 euros de chiffre d’affaires. D’autant qu’il ne manque pas d’ambition pour la suite. « J’aimerais créer une ligne de production plastique, avec un déchiqueteur, un broyeur et une imprimante 3D. Ainsi, les jouets qui ne peuvent être réparés pourront servir de matière pour en faire de nouveau. » Son engagement n’est pas exclusif à l’environnement. Souffrant de handicap, il souhaite aussi pouvoir, à terme, recruter des personnes autistes au sein de son entreprise.