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Check & Visit : ça déménage !

Lancée en 2018 à Rennes, Check & Visit est la première plateforme de collecte de données immobilières et d’optimisation de la gestion d’actifs. Solution pour les gestionnaires immobiliers, elle permet d’obtenir des états des lieux certifiés et modélisés en 3D et compte déjà plus de 450 clients en France. Rencontre avec le CEO et fondateur, Thibault le Treut. 

Thibault Le Treut, fondateur et CEO de Check & Visit ©StudioCarlito

Thibault Le Treut, fondateur et CEO de Check & Visit ©StudioCarlito

L’idée

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Le projet germe en 2017. « J’étais propriétaire et j’ai été confronté à deux problèmes : la gestion des visites et celle des états des lieux à distance. C’était le début des visites virtuelles donc je me suis dit que ce serait le nouveau standard de l’immobilier. » Les états des lieux, eux, étaient un vrai sujet. « J’ai découvert une multitude de petits acteurs locaux très peu digitalisés ou des structures de grands groupes immobiliers, avec des expériences utilisateurs dans lesquelles je ne me retrouvais pas. »
Arrive l’idée logique : « Une solution d’état des lieux transparente et éthique à destination des propriétaires bailleurs. » Ce sera Check & Visit, né après une année de test, « nous nous sommes lancés en 2018, avec mon ami d’enfance Matthieu Prestigiacomo. Les premiers clients BtoB arrivent après la phase de test, des bailleurs sociaux et agences immobilières.”

PARCOURS « Mon premier business plan à 11 ans »

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Thibault le Treut est un touche-à-tout depuis son plus jeune âge. « J’ai réalisé mon premier business plan à 11 ans : un refuge près de Toulouse pour les petits singes en voie d’extinction. » Puis quelques années plus tard, à 15 ans, sa première entreprise, Kkw8 Skateshop. « J’importais et revendais, en format ventes privées en ligne, des skateboards et du textile dans toute la France. Je faisais appel à des distributeurs essentiellement par courriels car la question de mon âge était un vrai sujet. »
En parallèle, Thibault organise des événements « comme mon premier festival humanitaire à destination de l’UNICEF ». Une aventure qui dure jusqu’à ses 18 ans, moment où le jeune homme se voit déjà confier une lourde mission, celle de gérer plusieurs appartements. « Lorsque mes parents ont divorcé, ils ne pouvaient plus s’en occuper, alors j’ai tout administré de mes 18 à 23 ans. Cela m’a tout appris. J’ai trouvé l’inspiration dans des livres et sur des forums, en autodidacte. » L’immobilier se fait une place dans l’esprit du jeune homme, qui investit lui-même dans un immeuble, dans le centre-ville de Rennes, à 23 ans.
Impliqué dans l’immobilier un peu malgré lui, le jeune entrepreneur passe un bachelor en management international à Rennes School of business, puis un master of Arts in International Business, suivi d’un stage, en marketing digital pour monfinancier.com, aujourd’hui devenu Meilleur Taux Placement

Clients et Covid

Ce qui était, en 2018, un service de délégation des états des lieux se transforme très vite. « En 2019, nous avions trop de demandes. Matthieu et moi n’étions pas Tech mais nous avons imaginé la solution suivante : scanner les logements en 3D, détecter les dégradations avec une IA (Intelligence Artificielle) à l’entrée et à la sortie, superposer les deux modèles 3D et être capables de voir les différences. » Incapable de savoir si c’était réalisable techniquement, les deux amis ont interviewé des mentors, des doctorants, et développeurs. C’est à ce moment-là qu’ils rencontrent Sylvain Duchêne, leur magicien de l’IA, comme ils aiment l’appeler.. Première étape, la création d’une application mobile. « La même année, nous sommes choisis par un titulaire d’un marché avec le Crédit Agricole pour faire des états des lieux dans toute la France, alors que nous n’étions présents que dans le Grand Ouest et que notre application n’était pas terminée. Nous n’avions pas de réseau, pas de checkers, et il fallait être présents en 6 semaines dans 6 villes. Un challenge. » Relevé haut la main.
Arrive le Covid en 2020. « Les agences immobilières se sont rendu compte qu’elles devaient évoluer dans leur modèle et être plus résilientes. Dans le même temps, certaines agences souhaitent utiliser notre application d’état des lieux. Nous l’avons donc commercialisée à cette période. » 

Hypercroissance

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Check & Visit a pu compter sur de nombreux soutiens. « Nous avons été accompagnés par la Bpi, le Poool, Crédit Agricole et Crédit Mutuel de Bretagne, l’incubateur de l’ESC Rennes, le Village by CA… » L’entreprise a clôturé une levée de fonds en 2020 à hauteur de 1,6 million d’euros, pour développer et structurer l’équipe et une nouvelle et dernière en 2023 de 12,5 millions d’euros levés. Et un grand boom : 350 % de croissance entre 2021 et 2022, « notamment après le Covid, avec toutes les locations qui n’avaient pas eu lieu. »
Aujourd’hui, grâce à l’IA, l’imagerie et la modélisation 3D, Check & Visit compte plus de 450 entreprises clientes, dont Nexity, Altarea, Groupama et Stéphane Plaza, récemment CDC habitat, mais aussi plus locales comme Thierry immobilier, Guy Hoquet, Orpy… dans plus de 1 000 codes postaux en France. « Avec 75 employés (moyenne d’âge de 27 ans), nous avons fait 50 000 missions jusqu’à présent, soit 4500 par mois environ. Nous nous situons dans le Top 5 des entreprises d’états des lieux en France et sommes le premier acteur de la collecte de données immobilière en France. Nous pouvons intégrer tous les types de données. »
Après deux rachats partiels (Allo Edl et Ouest expertise), Check & Visit a récemment annoncé l’acquisition de la branche d’activité d’états des lieux d’ABC Immodiag, acteur du diagnostic immobilier.

Protection des données

À l’heure où de nombreux dossiers de location sont falsifiés, les arnaques fleurissent sur les portails d’annonces et il est primordial pour les agences immobilières de se protéger et de renforcer leur cybersécurité. Un exemple : dans le cadre d’une transmission de photos d’identité sans filigrane en réponse à une annonce immobilière, un pirate peut être derrière cette annonce. Il est donc impératif d’utiliser le filigrane mis en place par le gouvernement par exemple. De son côté Check & Visit a développé une solution certifiée RGS* qui stocke les rapports et toutes les informations personnelles au sein d’un serveur sécurisé. L’entreprise a d’ailleurs été auditée là-dessus dans le cadre de certains marchés.

Diversification

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-29% de biens à la location actuellement au niveau national selon une étude BienIci. Le crise des logements n’aura échappé à personne. « Moins de locations, donc moins d’entrées et visites, forcément nous avons été impactés. » Raison pour laquelle Check & Visit veut se diversifier. « Nous nous ouvrons à d’autres marchés, autour de la collecte de données, comme le diagnostic immobilier augmenté : pouvoir intégrer les données du diagnostic couplées avec la numérisation et la 3D pour conjuguer toutes les données et afficher par exemple tous les logements qui ont un DPE F ou G, pour ainsi éviter les erreurs. »  Cela, à destination des diagnostiqueurs, « pour les aider à gagner en productivité. Aujourd’hui, dans un DPE, il y a 30 à 40 % du temps pour des tâches chronophages ». L’offre sera mise en route d’ici à la fin de l’année.
L’entreprise travaille aussi avec des réseaux de gaz pour « numériser toutes les canalisations et ajouter des infos sur les compteurs ; mais aussi des assurances, collectivités…  « Notre technologie peut être utile dans de nombreux domaines. »

BONUS
Un quartier où investir à Rennes ?
Celui dans lequel j’ai investi, le quartier Anatole-France, pour l’emplacement, l’emplacement, l’emplacement. C’est la seule règle que j’ai respecté au démarrage et qui aujourd’hui m’a donné satisfaction. Pour le côté opportunité, les quartiers un peu plus reculés : derrière la gare, côté Sud.

Une activité préférée ?
La pêche en eau douce dans la Vilaine. C’est une passion avec Matthieu, on le fait depuis que l’on a 11 ans… Pour l’anecdote, je ne mange pas de poisson, je le relâche tout le temps.

Un voyage prévu ?
Un projet de voyage pour me rapprocher de l’essence initiale, aller à la rencontre de personnes qui ont gardé des valeurs perdues en Occident.

Un film et un livre préférés ?
Into the Wild car il remet tout en cause pour se rapprocher de l’essentiel et arriver à une conclusion un peu bateau, qui est d’ailleurs tatouée sur mon bras : le bonheur n’existe vraiment que lorsqu’il est partagé.
Se libérer du connu, de Jiddu Krishnamurti, un auteur indien. Il faut avoir beaucoup de recul car c’est d’un autre temps mais cela transmet beaucoup de choses intéressantes.

Un mantra ?
« Les gagnants trouvent des moyens, les perdants des excuses », de Franklin Delano Roosevelt.
Ou : « S’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème », de Jacques Rouxel.