Couverture du journal du 26/04/2024 Le nouveau magazine

[Coupe de l’America] La course débute dans le Morbihan

L’AC75 du team France portera le nom d’Orient Express. C’est à peu près la seule certitude que nous avons à cette heure, sur ce monocoque de course, actuellement en cours de construction. Il a été élaboré et est développé, pour ses principaux éléments, dans la Sailing Valley morbihannaise, car c’est en Bretagne sud que l’écosystème est le plus engagé pour répondre à ce défi tant sportif que technologique. C’est ainsi que  le défi français s’est établi dans le Morbihan. En septembre, l’équipe est partie pour Barcelone, vivre ses premières régates à bord d’un AC40 d’entraînement.

La plupart des éléments du futur AC75 seront conçus et réalisés dans le Morbihan (ici l'AC 40 d'entraînement) ©Franck-Socha-OERT

La plupart des éléments du futur AC75 seront conçus et réalisés dans le Morbihan (ici l'AC 40 d'entraînement) ©Franck-Socha-OERT

Antoine Carraz, directeur technique du Team Orient Express ©ORT

Antoine Carraz, directeur technique du Team Orient Express ©ORT

Antoine Carraz, directeur technique du Team Orient Express, détaille le rôle joué par les entreprises morbihannaises.

« La 32e édition de la Coupe de l’America débutera en 2024 et tous les concurrents navigueront à bord d’un AC75 à la mesure de l’équipe. AC pour America’s Cup et 75 pour 75 pieds, soit 22 mètres de long et 30 m de haut. Tout le monde possèdera, du moins en apparence, un bateau similaire. Mais en réalité, chacun aura travaillé sur l’adaptation et l’augmentation des performances durant la conception et la fabrication. C’est pour cette recherche de l’excellence et de savoir-faire très pointus que nous travaillons avec des entreprises locales. »

Les constructeurs de l’AC75 : A quoi ont-ils participé ?

– Les moules (SMM de Lanester) : usinés dans une machine exceptionnelle de 50 mètres de long, les moules du futur AC75 permettront de réaliser une coque en une seule pièce, sans assemblage. Une technique et du matériel uniques en France qui garantissent une précision à plus ou moins 5 2 mm, conformément aux règles très strictes de la course.

– La coque, le pont et les structures (Multiplast de Vannes) : 40 à 45 personnes sont mobilisées sur le seul chantier de l’AC75, avec l’aide d’une 10aine de techniciens en composites d’Orient Express Racing Team pour les « petites » pièces. L’assemblage final est prévu en novembre. Une fois l’AC75 mis à l’eau, le rôle de Multiplast prend fin. La culture du secret reprend ses droits.

– Les voiles (Northsail de Vannes) : une quinzaine de voiles est en cours de fabrication pour la compétition. Un soin particulier est apporté au design et à leurs spécificités. Le Team doit toujours disposer d’un jeu de voiles adapté aux conditions de vent ! Puisque la performance prime en permanence, beaucoup de coutures sont faites à la main…

– Les foils et les systèmes hydrauliques sont les mêmes pour tous les concurrents.

L’AC 40 à l’entraînement©ORT

– L’usinage de pièces (JLB de Theix pour l’accastillage, Usibreizh de Muzillac pour l’usinage de carbone, de petits moules et des petites pièces, Modultech Vannes pour les moules) : une étape primordiale dans la recherche de la performance. C’est à la fois une course contre le temps pour ces sous-traitants et un défi technologique permanent. Mais ils possèdent suffisamment d’expériences, de savoir-faire et de réactivité pour avoir la confiance de l’équipe technique.

– Les appendices, safran… (Heol Composites de Tréfléan) : un travail minutieux et presque invisible sur les matériaux composites pour les transformer en éléments haute performance. Dans ce domaine aussi, l’expérience fait la performance.

– Le design… : un aspect vital pour la suite de la compétition. Cette partie conception et création est confiée au très expérimenté Benjamin Muyl Design et son équipe (Lorient, Auray), notamment sur le travail de simulation, essentiel pour appréhender les futurs AC40 et AC75 du défi français.

– L’électronique embarquée : une équipe de 8 personnes est disponible en interne (électroniciens et développeurs) et peut faire appel à des spécialistes locaux de manière ponctuelle sur des points très précis.

– La décoration et la peinture (l’Atelier sur mer de la Trinité-sur-Mer) : voiles et coques sont décorées avec soin pour mettre l’équipe en valeur, mais aussi pour ne pas alourdir le bateau et ne surtout pas lui faire perdre en aérodynamisme.

– Le mât : le même que le Team New Zealand, le vainqueur de la précédente édition.

– Les consommables (résines, peintures, pièces détachées…) : un grand nombre de sous-traitants sont sollicités durant les 6 mois que dure la production.

 Un règlement casse-tête

L’America’s Cup, qui prend son nom actuel en 1857, est une des plus anciennes compétitions sportives encore disputées de nos jours. Elle se révèle être l’un des principaux théâtres de l’évolution de l’architecture navale en matière de voiliers de régates. Chaque édition voit l’établissement d’un règlement particulier, appelé « acte de donation », définissant, entre autres, les conditions de régates et le type de bateau utilisé, basé sur une jauge de course, rédigé par le Defender (détenteur du titre : Team New Zealand). Le règlement court sur plus de 300 pages et nécessite un équipier entièrement dédié à son analyse.