Couverture du journal du 26/04/2024 Le nouveau magazine

[ Dossier JO 2024 ] Doudou et compagnie capitalise sur les JO

Doudou et Compagnie a remporté l’appel d’offre pour produire la mascotte des JO de Paris. Sur le site de La-Guerche-de-Bretagne (sud-est de l’Ille-et-Vilaine), la production actuelle s’élève à 500 "Phryges" par jour et devrait monter à 1000 dans les prochaines semaines. Grâce à l'embauche de 30 couturières et à une vingtaine de recrutements en cours, l’entreprise pourra produire 500 000 mascottes "made in Bretagne" sur le million qu'elle prévoit au total. Une opportunité sur laquelle miser pour augmenter durablement sa production en France. Rencontre avec Déborah Vital, directrice générale opérationnelle.

Le patron de la mascotte ©SB_7J

Le patron de la mascotte ©SB_7J

Bretagne – Chine

Elles succèdent à Miraitowa et Someity, les personnages manga des JO de Tokyo. Les deux versions de la mascotte « Phryges » fabriquées à La-Guerche-de-Bretagne sont vendues au prix de 39,90 euros, tandis que les modèles similaires fabriqués en Chine sont en vente à 26,90 euros. Cette différence de prix s’explique par les matériaux utilisés et l’articulation des mascottes faites en France.

Déborah Vital ©SB_7J


« L’objectif était de mettre en avant notre savoir-faire en matière de fabrication, en soulignant notre expertise dans la production à grande échelle dans notre usine chinoise, ainsi que notre fabrication française, plus récente. Nous avons proposé ces deux types de savoir-faire au Comité olympique afin de proposer une offre de prix variée. Nous voulions que cette mascotte devienne celle de tous les Français »
, explique Déborah Vital. Et de préciser : « Pour la mascotte fabriquée à La-Guerche, notre marge est plus faible, tout comme celle du distributeur. »

Les chiffres

Alain Joly, président de Doudou et compagnie ©SB_7J

Alain Joly, président ©SB_7J

L’entreprise aux 20 millions de chiffre d’affaires espère une « augmentation du CA de 35% en 2023 et de 50% sur l’année 2024 ». La directrice générale opérationnelle insiste : « Nous portons entièrement le risque financier et commercial. »
Les ventes ont commencé depuis fin mars. « Nous n’avons pas encore de chiffres précis. Chaque jour qui passe, la mascotte made in France est de plus en plus implantée, même si la grosse partie se fera en 2024. Partout où le trafic est lié aux produits souvenirs – dans les aéroports, sur les sites touristiques – les retombées sont très bonnes. La mascotte plaît aux touristes étrangers. »
Les mascottes sont toujours un succès commercial. On estime qu’aux dernières éditions des JO, 1,4 million de mascottes ont été vendues pour Rio 2016, et plus de 2 millions pour Tokyo 2020. « Nous nous adapterons à la demande du marché. »

La réindustrialisation

Déborah Vital aux côtés de la maire de La Guerche, Élisabeth Guiheneux ©SB_7J

Déborah Vital aux côtés de la maire de La Guerche, Élisabeth Guiheneux ©SB_7J

L’entreprise a dû disposer d’un outil industriel adapté, ce qui a nécessité le déménagement de l’atelier de Châteaubourg, sur le site d’une ancienne jardinerie à La Guerche en 2019, avant même d’avoir remporté l’appel d’offre des Jeux olympiques. Les locaux s’étendent sur 3000 m2 et représentent un investissement de plusieurs millions d’euros. Malgré de nombreux freins levés – à commencer par le recrutement et la mise au point de machines spécifiques à la fabrication en 10 étapes – restait la question de la matière. « Cette typologie de matière est impossible à trouver en France. Nous nous fournissons donc en Asie. Il y a la question de la quantité, de la qualité, de la résistance, de la non-toxicité. La filière reviendra, c’est un défi de plus à relever. »

La mascotte mais pas que …

Doudou et Compagnie a pensé un projet créatif global : les peluches « Phryges », allant de 20 cm à 1,30 m , des porte-clés, une gamme bébé. Et aussi des figurines, dévoilée dans les jours qui viennent, représentant trois disciplines (le judo, le skate et le surf) et la mascotte au pied de la tour Eiffel.
Les équipes de « Doudou » se remuent également les méninges sur la question du recyclage du stock restant de mascottes, le cas échéant. « Nous organiserons peut-être un concours d’idées sur le sujet, avec le grand public ou des jeunes créateurs. »

L’après JO

Laurent Bourgeon, directeur de l'Esat (association Fileas) auquel Doudou et Compagnie sous-traite des missions liées au packaging des mascotte ©SB_7J

Laurent Bourgeon, directeur de l’Esat (association Fileas) auquel Doudou et Compagnie sous-traite des missions liées au packaging des mascottes ©SB_7J

Les emplois créés seront pérennisés même après les Jeux olympiques. « Nous sommes obligés de penser à l’après JO.» Les pistes sont multiples. « Nous voulons revaloriser la filière peluche en France. Nous étudions la possibilité de relocaliser une partie de la production de nos collections habituelles en France et nous comptons ajouter des nouveautés à notre catalogue à partir de 2024. » Dans la continuité des Jeux et de son entrée dans le monde du sport, Doudou et Compagnie vise un nouveau segment. « Les femmes enceintes sont férues de sport, de yoga par exemple . Nous voulons inclure ces sports dans nos collections futures. Nous imaginons une collection innovante pour l’éveil au sport pour les plus petits à travers la motricité. »
Dans les tuyaux également, la création d’une école interne. « Avant la fin de l’année ou le début 2024. Nous recherchons un partenaire local : une école, un centre de formation, une autre entreprise. »
Last but not least, d’après nos informations, des discussions seraient en cours avec le comité olympique pour des projets post JO 2024.