Le concept a déjà quelques années, mais il prend de l’ampleur. « Dans un monde de plus en plus incertain, le facteur clé de succès est de collaborer avec ses clients, ses fournisseurs, ses collaborateurs, ses anciens collaborateurs… L’entreprise étendue, c’est interagir de manière efficiente avec tous les acteurs de son écosystème. Le dirigeant donne le tempo, et autorise ses équipes à sortir de l’entreprise, à travailler en réseau. Cette dynamique est une de conditions de la pérennité des structures », résume Romain Cuculi, maire du Village by CA de Rennes.
1. L’importance des fournisseurs
©AmraeBretagne
« Avant les entreprises s’intéressaient uniquement à leurs clients. Les fournisseurs de deuxième rang n’étaient pas un sujet. Dans un village économique mondial, les aléas de la supply chain sont un risque majeur pour les entreprises. Il faut élargir la cartographie des risques à la partie amont. La récente crise des matières premières et de l’énergie en est la preuve. C’est cela, l’entreprise étendue », analyse Sylvie Guichaoua, directrice risque & assurances du groupe Legendre et présidente de l’AMRAE Bretagne.
Clients, fournisseurs, collaborateurs et anciens collaborateurs… l’entreprise étendue, c’est interagir de manière efficiente avec tous les acteurs de son écosystème.
2. L’innovation et les startups
©VillagebyCA
De plus en plus de grandes entreprises incubent des jeunes pousses, repoussant ainsi leurs frontières. « Le Village a pour vocation d’être utile au territoire par l’innovation en incubant une trentaine de projets, pour lesquels nous sommes un tiers qui aide à se mettre en réseau, explique Romain Cuculi, maire du Village by CA de Rennes. L’entreprise étendue permet de maintenir les centres de décision en région et faire émerger des projets qui répondent aux enjeux d’innovation et de transition. »
Peut-il y avoir innovation sans entreprise étendue ? « C’est nécessaire mais pas suffisant. Une entreprise étendue qui ne sait pas où elle va et ce qu’elle recherche chez les autres, ne trouvera pas chaussure à son pied. Il faut définir clairement son ambition de développement et sa stratégie d’innovation. Le nœud sera ensuite l’écart entre l’ambition et les moyens. »
3. Les anciens collaborateurs, promoteurs ou détracteurs
©Studio Carlito
Rares sont les collaborateurs qui signent un contrat pour la vie ; d’où l’importance de les transformer en promoteurs plutôt qu’en détracteurs. Le bouche-à-oreille, amplifié par les réseaux sociaux, peut influencer considérablement la réputation d’une entreprise. D’une part, les anciens collaborateurs peuvent devenir des ambassadeurs commerciaux en restant dans l’écosystème, en tant que clients ou fournisseurs. D’autre part, ils peuvent jouer le rôle d’ambassadeurs RH, voire réintégrer l’entreprise. « Ce sont les « salariés boomerang », une tendance en nette croissance dans les entreprises dotées de processus d’offboarding, constate Florent Letourneur, CEO de We Feel Good et hôte du podcast RH « On n’a jamais fait comme ça ». Les entreprises ont tendance à investir sur les nouveaux collaborateurs. Pourtant, il faut veiller à tout le parcours, englobant l’arrivée, les étapes de vie et le départ de l’entreprise. »
Quoi faire concrètement ? « Diffuser un message positif autour du départ d’un collaborateur, en le célébrant et en recueillant son retour d’expérience, par le biais d’un questionnaire envoyé plusieurs semaines ou mois après le départ, ou encore à travers un entretien, une exit interview. Certaines organisations vont même jusqu’à créer des communautés d’alumni, des newsletters ou des groupes LinkedIn spécifiques. Les entreprises doivent se saisir de cela car le phénomène va prendre de l’ampleur. »
