Couverture du journal du 26/04/2024 Le nouveau magazine

MUSÉE DE PONT-AVEN

En 1886, Gauguin effectue son premier séjour à Pont-Aven, au même moment Claude Monet maître et précurseur du mouvement impressionniste séjourne à Belle-Ile-en-Mer. Plus tard, l’impressionnisme rencontre l’adhésion de certains artistes venus peindre ou s’installer en Bretagne. 80 œuvres à découvrir au Musée de Pont-Aven, du 29 juin 2019 au 5 janvier 2020.

Maxime Maufra, La crique, côte sauvage, 1903

L’impressionnisme d’après Pont-Aven

L’impressionnisme mais aussi la Bretagne ont joué un rôle essentiel dans le cheminement de Paul Gauguin et des peintres qui l’ont cotoyé à Pont-Aven : Henry Moret, Maxime Maufra, Ferdinand Loyen du Puigaudeau, Gustave Loiseau, peintres de la lumière et de la couleur !
C’est le propos de la nouvelle exposition du Musée de Pont-Aven, conçue par Estelle Guille des Buttes, conservatrice en chef du Musée de Pont-Aven avec le concours de Jacqueline Duroc, auteur du catalogue et le partenariat du musée d’Orsay : 80 œuvres issues du Musée d’Orsay, du Musée de Reims, du Musée d’Art moderne du Havre, du Musée d’Arts de Nantes, des Musées des Beaux-Arts de Rennes et de Quimper, du Petit Palais de Genève, du Museo Thyssen Bornemiza de Madrid et de quelques belles collections particulières.

Gauguin à Pont-Aven : la liberté de créer

Paul Gauguin participe à la dernière exposition impressionniste en 1886. Celle-ci marque la dispersion du groupe. C’est Pissarro qui dès 1874 l’a incité à peindre en plein air pour apprivoiser la lumière de l’instant et la restituer sur la toile, avec force couleurs ! La confrontation des toiles de Pissarro et de Gauguin souligne la parenté de leur vision. 1886 est aussi l’année où Gauguin séjourne pour la première fois à Pont-Aven. Ses expérimentations entre 1886 et 1889, aboutissent au cloisonnisme et au synthétisme : des couleurs posées en aplats cernées d’un trait sombre. Bref, une nouvelle manière de peindre qui s’écarte de l’impressionnisme. Les influences visibles et parfois passagères de ce courant dans le groupe de Pont-Aven perdurent jusqu’au départ définitif de Gauguin à Tahiti en 1895.

Pont-Aven après Gauguin : impressions bretonnes

La seconde partie de l’exposition met l’accent sur les artistes qui sont restés fidèles à l’impressionnisme et qui mettent leurs pas dans ceux de Monet en Bretagne. En 1886, l’année où Gauguin découvre Pont-Aven, Monet est à Belle-Ile. Il y peint 39 toiles montrant les caprices du temps à partir d’un, même lieu ( comme les aiguilles de Port Coton), au fil des heures de la journée, au gré des averses de pluie et des tempêtes. Déjà se dessine l’idée de la série.
Après le départ de Gauguin, les peintres du groupe de Pont-Aven regagnent leur ateliers parisiens ou leur pays natal. Mais d’autres prolongent leur séjour en Bretagne et s’y installent. Ces impressionnistes de Pont-Aven ont pour nom Henry Moret (1856-1913), Maxime Maufra (1861-1918), Ferdinand Loyen du Puigaudeau (1864-1930), Gustave Loiseau (1865-1935).
Henry Moret s’installe à Doëllan. Sa palette flamboyante illumine les bords de mer. Sa toile de « Goulphar à Belle-Île » (1895) est saisissante par la beauté du point de vue, l’éclat et la luminosité des couleurs : bleu et vert émeraude pour la mer, roses et mauves pour les rochers, pointes d’orangé et de jaune pour les herbes sauvages. Le tout servi par une touche pleine de vivacité et de mouvement !
Établi à Kerhostin, Maxime Maufra adopte une touche large et généreuse, une gamme de couleurs tout en nuances pour recréer la côte sauvage à Quiberon, suggérer les vagues et les remous, le ruissellement de l’écume sur les rochers. À Pont-Aven, Gustave Loiseau s’attache à faire vibrer les couleurs. Sa touche est plus resserrée. Quant à Ferdinand du Puigaudeau il excelle dans les scènes nocturnes déclinées dans toutes les teintes du crépuscule.
Ces quatre artistes ont su adapter leur palette à la lumière bretonne, entre ciel, terre et mer, veillant à être au plus près de leur motif pour mieux posséder leur sujet. A l’époque, leur talent ne passe pas inaperçu : Paul Durand-Ruel, le marchand de Monet, leur offre les cimaises de sa galerie et signe un contrat d‘exclusivité avec eux. Des artistes très appréciés des collectionneurs anglo-saxons du début du XXe siècle. Terre d’inspiration, la Bretagne est alors au cœur des grandes mutations artistiques du moment !

 

Musée de Pont-Aven,
du 29 juin 2019 au 5 janvier 2020.
En octobre ouverture du mardi au dimanche de 10h à 18h
Novembre et décembre, ouverture du mardi au dimanche de 14h à 17h30
Le site du musée

7Jours N°4984 – août 2019