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Musée des Beaux-arts de Rennes : collections américaines

L’équipe de conservation du musée des Beaux-arts de Rennes et les étudiants du master d’études anglophones de l’université de Rennes 2 ont imaginé un parcours en autonomie pour permettre aux visiteurs de découvrir les œuvres des artistes américains conservées au sein des collections permanentes.

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L’intérêt porté à l’École américaine remonte aux années 1960 : en 1960-1961, Marie Berhaut, conservatrice du musée des Beaux-arts de Rennes organisait en partenariat avec le centre culturel américain une exposition intitulée Artistes américains en France suivie, en 1962, d’une seconde dédiée à Alexander Calder, marquée par l’achat d’une très belle estampe, La Lune et la montagne, 1960.

La plupart des œuvres américaines du musée se rapportent à la seconde école de Paris. Celle-ci rassemble des artistes qui ont vécu à Paris dans les années 1950-1960 (Sam Francis, Jean-Paul Riopelle) ou qui se sont installés en France comme Joan Mitchell et Shirley Jaffe. On relevait à cette époque de subtiles correspondances entre l’Expressionnisme abstrait new-yorkais et l’Abstraction lyrique parisienne.

D’autres liens se sont tissés à New York entre le Chilien Enrique Zañartu et les surréalistes Français Yves Tanguy et André Masson. Zañartu s’établira par la suite à Paris. En 2021, à l’occasion de l’exposition Hayter et l’atelier du monde, le musée des Beaux-arts de Rennes est revenu sur ce milieu cosmopolite formé autour de l’Atelier 17 à Paris et à New York.

Récemment, le musée a acquis auprès d’artistes contemporains (Kirsten Everberg, Liam Everett), des peintures illustrant les tendances actuelles de l’art américain. À défaut d’œuvres représentatives de l’Action Painting, du Colorfield Painting et du Pop Art, les conservateurs présentent des toiles de Liam Everett et de Malcom Morley qui portent ces héritages. Sans compter les œuvres déposées par le Centre national des arts plastiques qui montrent la persistance des liens franco-américains : Malcom Forley installé à New York et la Californienne Nina Childress établie à Paris.

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La collaboration entre le musée des Beaux-Arts de Rennes sous la conduite de Claire Lignereux, (responsable des collections d’art moderne et contemporain) et les étudiants du master Amérique de l’université de Rennes 2 (Eloïde Arnaud, Diarry Anne, Elen Amouriaux, Emma Etrillard, Hoel Lagadec sous la direction d’Anthony Larson, maître de conférences) a été déterminante dans l’élaboration de ce parcours assorti d’un livret remis aux visiteurs. Et cela avec le concours de Virginia Manhard-Lubin, présidente de l’Institut franco-américain de Rennes et d’Hilary Betaille, coordinatrice.

Dix artistes américains francophiles

Le parcours met en lumière dix artistes américains : Lowell Birge Harrison, Enrique Zañartu, Jean-Paul Riopelle, Joan Mitchell, Sam Francis, Shirley Jaffe, Malcom Morley, Kirsten Everberg, Nina Childress, Liam Everett.

Parmi eux, se détache Joan Mitchell, (1925-1992) à l’honneur l’an dernier à Paris à la Fondation Vuitton. Sa vie a été marquée par des allers-retours entre Paris et New York jusqu’à son installation définitive en France, en 1969. En 1967, elle achète une propriété à Vétheuil, non loin de l’atelier de Claude Monet. Elle puise son inspiration dans la nature et s’en remet à la puissance expressive de la couleur et à l’élan du geste. Elle s’est décrite comme une peintre « visuelle » : « Je peins des paysages remémorés que j’emporte avec moi, ainsi que les souvenirs qu’ils m’ont inspirés, qui sont bien sûr transformés. » Une déclaration qui rappelle son intérêt pour les Impressionnistes. Le musée possède deux de ses toiles animées par de vigoureux accents de couleur.

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À remarquer aussi la Composition bleue de Sam Francis (1923-1994). Formé en Californie puis en France à partir de 1950, très influencé par Matisse, Sam Francis a construit son art entre expressionnisme abstrait et tradition française avec une attirance pour le Fauvisme. Peinte à son retour en Amérique en 1960 et acquise par l’État français en 1961, sa Composition bleue joue sur la bichromie avec de grandes nappes de couleur bleues tour à tour opaques et translucides ponctuées par les respirations du blanc.

Cette influence de Matisse se remarque aussi dans le Voyage aux Indes, 1976-78 de Shirley Jaffe (1923-2016) : aplats de couleurs vives et contrastées rappelant la technique des papiers découpés du « peintre de l’essentiel ». L’héritage des maîtres français (Monet exposé à New York en 1886 par Paul Durand-Ruel, Matisse à la Fondation Barnes en 1930) est indéniable !

Collections américaines, salles 22, 26, 30, 32, premier étage.

Musée des Beaux-Arts de Rennes, quai Émile Zola à Rennes.