Couverture du journal du 17/05/2024 Le nouveau magazine

Nautisme & mixité : Combattre le syndrome du carnet de bal

Lors de sa 3e édition, le colloque organisé par l'association Fifty-Fifty abordait le thème de la mixité dans le nautisme. Trois tables rondes avaient lieu à la Trinité-sur-Mer en présence d'une centaine de personnes et du secrétaire d'État à la Mer, Hervé Berville.

Le secrétaire d’État à la Mer, Hervé Berville, entouré des responsables de l’association Fifty-Fifty (de G à dr), Nathalie Grubac, Cyrille Crémades et Christian Douchement ©7J-DB

Le secrétaire d’État à la Mer, Hervé Berville, entouré des responsables de l’association Fifty-Fifty (de G à dr), Nathalie Grubac, Cyrille Crémades et Christian Douchement ©7J-DB

« Dans une société aussi androcentrée que la nôtre, il est nécessaire de pousser les limites, commençait le docteur Pierre Foldès, précurseur dans la lutte contre l’excision et membre du Haut conseil à l’égalité femmes-hommes. Les femmes doivent passer de l’audace à la transgression. » Le ton est donné. Dans la salle, l’approbation se fait entendre. Emmanuelle Ducrot, directrice générale de Femix’Sports, enchaîne à destination des spectatrices : « il faut arrêter de se poser des questions ! Il faut prendre sa place, car rien ne nous sera offert.« 

Les entreprises doivent aussi jouer leur rôle

La présidente du groupe Abeilles et directrice générale d’Econocom, Samira Draoua, de témoigner du syndrome du carnet de bal :  » Les femmes, souvent, attendent d’être invitées sur la piste des promotions. On en voit encore trop qui ne demandent pas le job dont elles rêvent et patientent pour qu’on leur donne. » Tous les intervenants s’accordent à reconnaître une sorte de syndrome de l’imposteur qui touche particulièrement les femmes, mais montre également la responsabilité des entreprises. « Notre audace est effectivement minimisée par la culture dans laquelle nous vivons, admet Marie-Laure Hilly, qui a fait partie du projet “Déclic”, au sein du programme “Boostons les potentielles”. Mais le rôle de l’entreprise consiste également à réveiller ce que l’on a toutes intériorisé. »

Les femmes doivent prendre leur place, car rien ne leur sera offert

Peut-on se passer de la moitié de l’humanité ?

« Il faut abandonner sa peur et provoquer le déclic pour nourrir sa confiance, affirme à son tour Marie-Noëlle Tiné-Dyèvre, directrice adjointe du cluster maritime français et présidente de WISTA France. Et la navigatrice Clarisse Crémer a participé activement à lever ces peurs quand elle s’est battue contre la décision de son principal sponsor de lui retirer son soutien pour cause de grossesse. » Le secrétaire d’État à la Mer, Hervé Berville, conclut le débat en ajoutant sa voix à la lutte pour l’équité : « L’audace n’est rien s’il n’y a pas la persévérance. Des biais existent encore aujourd’hui en France. Ce n’est certainement pas volontaire, mais ce n’est pas acceptable non plus ! Même en termes de dépenses d’argent public, la situation n’est pas tenable quand on se passe de la moitié de l’humanité. »