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Ostréiculture : Début d’année morose

Jean-François Quintin à la tête d’une exploitation ostréicole à Saint-Philibert, témoigne des difficultés actuelles de la filière mais aussi de sa passion. Il ne mâche pas ses mots et appelle à un véritable sursaut des pouvoirs publics pour rénover les réseaux d’évacuation des eaux usées.

Jean-François Quintin, dit Jeff, est à la tête de la Maison Quintin à Saint-Philibert ©DR

Jean-François Quintin, dit Jeff, est à la tête de la Maison Quintin à Saint-Philibert ©DR

« On essaie de se battre pour faire valoir nos droits mais nous ne sommes que 2 300 entreprises en France, déplore Jean-François Quintin, patron de la Maison Quintin. La profession est un peu divisée, c’est vrai mais, on n’a pas l’impression d’intéresser les politiques. » Un constat que l’ostréiculteur a fait au fil des ans… et des crises. Et, en cette matière, 2023 fut un peu le condensé de ce qu’on peut faire de pire : sécheresse suivie d’une période de très fortes précipitations provoquant des débordements des réseaux d’eaux usées et, par conséquent, une contamination des huîtres les rendant, parfois, impropres à la consommation. Ce fut notamment le cas à Arcachon, en Bretagne Nord et en Normandie.

2023 n’a pas été une belle année

20% de vente en moins

Un cercle vicieux redoutable pour la profession et un important manque à gagner. « A Arcachon on parle de pertes d’environ 5 M€ ! Ici, nous n’avons pas été touchés par l’interdiction de vente à Noël mais il faut savoir que 15 jours de rappel de lots, c’est 500 000 euros qui s’envolent, explique Jean-François. Et personne pour nous dédommager ! » Le professionnel en a déjà bien assez avec le contexte économique pour le moins morose. « 2023 n’a pas été une belle année, dit-il. On estime à 20% la baisse de volumes en précommande et les rayons poissonnerie font un peu le dos rond en ce moment car les clients retiennent leurs achats. »

Personne pour nous dédommager !

Investir dans l’innovation

La technique du panier australien joue sur la houle pour que l'huître gagne en chair

La technique du panier australien joue sur la houle pour que l’huître gagne en chair ©Maison Quintin

Mais pas question de se décourager, l’ostréiculteur et ses 12 salariés à l’année misent sur de nouveaux investissements, notamment des bassins de purification, et sur la qualité de ses produits. Il est par exemple l’un des précurseurs à utiliser la méthode australienne pour élever ses huîtres. Un dispositif qui favorise, grâce à l’effet de houle, la production naturelle de chair et fait de La Pompadour, un produit haut de gamme. Une innovation qui n’empêche pas la maison Quintin de produire du volume : 150 tonnes d’huîtres élevées chaque année pour un total de 240 tonnes vendues.

La France est le 1er pays producteur et consommateur d’huîtres en Europe et le 5ème producteur mondial

  • Vente d’huîtres françaises (2022) : 81 991 tonnes pour 404 M€
  • Production bretonne en 2022 : + de 30 000 tonnes dans environ 460 entreprises
  • Production Bretagne sud : 11% de la production nationale derrière la Normandie (12%), la Bretagne Nord (13%) et la Charente maritime (44%)
  • 2 294 entreprises conchylicoles (2021) pour 18 298 emplois
  • Consommation moyenne annuelle en France : 1,1 kg
  • Vente 2022 en France : 19 488 tonnes pour 153 M€
  • Importation : + 182% entre 2021 et 2022 pour 120 M€
  • Exportation : + 17% entre 2021 et 2022 pour 49 M€

(Source : France Agrimer)