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Quimper, musée départemental breton : « De la bête à l’habit », la part animale du vestiaire breton

Poils, plumes, peaux, os, fanons de baleine… La gent animale est présente dans toutes les pièces de la garde-robe bretonne, de la coiffe aux chaussures. L’exposition du Musée départemental breton de Quimper « De la bête à l’habit », est encore visible jusque fin décembre. Elle met en lumière les vêtements de ses collections, souligne leurs liens avec les animaux, ce qui en fait tout l'attrait, loin d'une classification par région ou par mode.

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La part de l’animal dans l’habit breton ne saute pas aux yeux. Pourtant, les animaux ont inspiré bien des noms de coiffes telles la Penn Sardin des ouvrières des conserveries de Douarnenez et de nombreux motifs de broderie. Poils et plumes ont servi à confectionner tenues du quotidien et costumes de cérémonie. Derrière les châles, les jupes et les corsages, les vestes et les gilets, les armatures de corset, les boutons, les chaussures, les ceintures, les coiffes et les chapeaux, se cachent les animaux les plus variés du cochon au chameau et des vers à soie à l’émeu.

Avant 1860, vêtements et chaussures sont fabriqués à partir de matières végétales. Ainsi le lin et le chanvre filés et transformés dans les ateliers et manufactures de Bretagne se retrouvent dans les chemises et les vêtements de dessous. Pour les costumes traditionnels, l’animal est roi, de la tête aux pieds.



La tête : coiffes et chapeaux ronds

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« Ils ont des chapeaux ronds, vive les Bretons ! » La chanson est plus connue que les chapeaux, en feutre de laine, de lapin et pour les plus beaux, de castor importé du Canada dès le 17e siècle. Rehaussés d’un large ruban de velours noir et d’une boucle dorée, ils sont du plus bel effet. Quant aux coiffes, elles portent des noms d’oiseaux : la Cocotte portée dans les communes de Châtelaudren, Plelo, Plouagat, Plouvara, Boqueho ; la coiffe Perroquet portée à Cancale, L’Hirondelle à Plouer-sur-Rance. Ou alors des noms de poissons et de crustacés tels la Penn Sardin de Douarnenez et la Queue de langouste de Morlaix. Ornées de plumes délicates, elles cachent dans leurs broderies des motifs de papillons.

Le corps : vestes et gilets, jupes et corsages…

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Laine, soie, fourrure, fanons de baleine, habillent le corps. La laine est tricotée en pulls et en caleçons. Tissée en drap, elle est matière à de superbes vestes et gilets brodés en soie. Sans oublier châles, mantelets et kabigs. Quant aux fanons de baleine, ils rigidifient plastrons et corsets. Au 19e siècle, la mode est aux pèlerines en fourrure et le renard se porte en parure autour du cou. Dans la période préindustrielle, les circuits vestimentaires sont locaux : fourrures et peaux proviennent de la chasse et de l’élevage. Puis sont importées du continent américain, tel le sconse, mouflette à fourrure noir et blanc. Les plumes viennent des contrées exotiques : autruche, casoar, émeu, très appréciées des citadines qui en ornent leurs chapeaux.

Les pieds : botou-plouz, begou ma’ch

Chaussettes, chaussons, sabots, chaussures répondent à des usages différents : chaussons brodés des Bigoudens, sabots tressés dits botou-plouz, sabots-bottes des marins de Douarnenez dits « begou ma’ch » (nez de cochon) fabriqués en bois de peuplier moins glissant que le hêtre et prolongés par une jambière de cuir de bovin.

L’exposition s’agrémente de créations contemporaines, comme la robe paon du brodeur Pascal Jaouen et les papillons de Mathieu Ouvrard. Le tout pimenté d’anecdotes, comme « la danse du loup » consistant à marteler le sol de ses sabots pour éloigner l’animal.

Musée départemental breton, 1 rue du Roi Gradlon, Quimper. Exposition jusqu’au 31 décembre. 7 €. Visites commentées sur réservation.