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Rennes : L’avenir se dessine, entre boutiques physiques et digitales

Essor du commerce en ligne, saturation des surfaces commerciales, regain pour les enseignes locales et de proximité, la crise actuelle apparaît comme un accélérateur des mutations de ce vaste monde du commerce. À Rennes on compte peu de vacance de locaux commerciaux, car il y a un attachement fort des habitants à ce centre-ville historiquement très dynamique. Tendance et tour d’horizon avec Alexandre Malary, directeur général de L’Immobilière d’Entreprise.

Alexandre Malary

Alexandre Malary, directeur général de L’Immobilière d’Entreprise © 7J LM

Une clientèle fidèle

« L’attachement des Rennais à leur centre-ville ne s’est pas démenti en 2020. Ce flux de population est dopé depuis 10 ans par le métro – qui comptera bientôt une ligne-b, et un rythme de constructions à Rennes Métropole de l’ordre de 1500 nouveaux logements chaque année pour faire face à l’explosion démographique, cela agrandit la zone de chalandise. »

Le va et vient des enseignes

« Le taux de vacance à Rennes est en dessous de 5 %, ce qui nous situe bien sur l’échiquier des grandes villes. Les porteurs de projets commerciaux sont toujours là, et la covid ne les a pas bloqué. On a vu l’installation de Caudalie, Ho My Cream, Coton & Lin, K-Way, le restaurant Black & White qui ouvre rue de Nemours… Finalement à ce jour il y a peu de locaux vacants, je pense toutefois à des emplacements majeurs : Hermès qui vient de laisser un espace de 60 m2, et les 200 m2 du chausseur Heyraud, rue de Toulouse, ou encore le Crédit Agricole rue de la monnaie. »

Rennes

©LM

Quels modèles de commerce demain ?

« Les loyers sont élevés, les porteurs de projets sont moins enclins à s’engager sur de gros loyers aujourd’hui, sauf en loyer pur. Cette crise va avoir un effet d’accélération de la tendance à la diminution des prix de droit aux baux. Le niveau de loyer doit être en adéquation avec l’activité. Dans le prêt-à-porter beaucoup d’enseignes ont déposé le bilan. Sur des locaux premium – très bien situés en cœur de Rennes- pour supporter le poids du loyer, on doit parfois faire plus de 3000 euros de CA par jour sur 70 m2, ce qui est impossible pour certaines activités. On va donc assister à l’émergence de nouvelles activités et enseignes, notamment dans le domaine du bien-être, du luxe, de la restauration à emporter, et de l’alimentaire de proximité. Les concept stores, qui concentrent plusieurs offres, vont également se développer. À Rennes il y avait une densité de m2 dédiés à l’équipement de la personne et à l’ameublement bien supérieure à la moyenne nationale, cela va se rééquilibrer. »

e-commerce

« La digitalisation du commerce est dorénavant incontournable. Avoir un site web constitue une vitrine supplémentaire, faire partie d’une plateforme regroupant plusieurs commerçants, comme ceux du quartier de la gare, permet de toucher plus de clients, et je ne parle pas du Click and Collect. Avoir une présence physique et digitale est clairement un plus. On a d’ailleurs reçu des pure-player en recherche de boutiques physiques à Rennes, mais nous avons peu d’offres qui leur correspond. »

Les centres commerciaux

« Des loyers également très élevés, s’ils sont fermés actuellement à cause de la Covid, la tendance est à la diminution de leur fréquentation. L’effet de ciseau entre la baisse du CA, et le maintien des niveaux de loyer va provoquer à minima un turn over, ou bien encore de la vacance, en tous cas forcément une diminution de la valeur des droits aux baux ou des fonds de commerce. »

Côté bar-restaurants

« Ils font partie de l’ADN du centre-ville, on peut parier qu’à la réouverture, ils seront un élément fort et essentiel d’animation du cœur de Rennes. Contrairement aux idées reçues, il n’y aura pas autant de casse qu’annoncé, dans ce domaine.

Les demandes sont toujours existantes, preuve que le secteur sera toujours attractif. »

 

Assurer l’effervescence commerciale

« Il est essentiel d’avoir une ville centre avec un cœur commercial dynamique, et attractif . L’animation passe de plus en plus, comme on le voit dans beaucoup de villes, par l’organisation d’événements culturels, festifs ou sportifs, qui génèrent des flux de population. C’est pourquoi, il est également important d’avoir une offre de parkings suffisamment conséquente, permettant d’accueillir la clientèle extérieure (touristes ou hors Rennes Métropole). Mais le plus important demeure la sécurité, sanitaire évidemment, mais surtout physique des biens et des personnes, et dans ce sens, on ne peut se permettre d’avoir des manifestations à répétition, comme on l’a connu par le passé. »

 

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