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Ventes aux enchères : Chefs-d’œuvre de l’ébénisterie et de la menuiserie française du XVIIIe

Des meubles d’exception, estampillés ou attribués aux plus fameux ébénistes et menuisiers de la Cour de France (Cressent, Riesener, Jacob, Topino, Tilliardet…) à l’honneur dans les grands musées : quelques créations seront vendues, lundi 19 février, à 14 h, à Rennes Enchères, par Maître Carole Jézéquel.

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Cette vente est un hommage au savoir-faire et à l’élégance à la française : grâce des lignes, raffinement des marqueteries de bois de rose, de satiné et d’amarante, finesse des bronzes dorés délicatement ciselés. Bertrand Berthelot, expert en mobilier et objets d’art pour Rennes Enchères, peut se réjouir de voir réunis ces grands artistes. Charles Cressent, Jean-Henri Riesener, Georges Jacob, Charles Topino, Jean-Baptiste Tilliard ont meublé Versailles, les appartements des favorites madame de Pompadour et madame du Barry et donné le ton à toute l’Europe. Ils ont ensuite séduit des esthètes et des collectionneurs qui s’en séparent aujourd’hui, en souhaitant qu’ils continuent à vivre et à embellir d’autres demeures.

Commode, de Charles Cressent en marqueterie

Fournisseur du Duc d’Orléans, Charles Cressent (1685-1768) est à la Régence ce que fut Boulle sous le règne de Louis XIV. Ces commodes dites « à la Cressent » étaient très prisées : deux tiroirs au lieu de trois, des pieds élancés et une riche ornementation de bronzes dorés réalisés dans ses ateliers d’après ses modèles. En placage de satiné et d’amarante, la commode, vendue par Rennes Enchères, est remarquable par ses « espagnolettes » (des figures de femmes coiffées d’aigrettes) et ses mascarons (n° 42 : 75 000 / 90 000 €). À noter que Rennes Enchères a vendu, en 2023, un bureau plat de ce grand maître.

Georges Jacob, reçu maître en 1767, est un talentueux menuisier en sièges du XVIIIe siècle. Il a œuvré pour le Garde-meuble de la Couronne et a eu pour clients les grands du royaume. Rennes Enchères présente une importante console demi-lune en bois sculpté et doré à dessus de marbre blanc, portant deux fois son estampille et la marque JME (n° 58 : 45 000 / 50 000 €). Un meuble rare dans sa production, très travaillé avec sa ceinture à frise de larges feuilles d’acanthe, rangs de perles et de feuilles d’eau, ses quatre pieds cannelés à chapiteau à volutes et chute de feuillages réunis par des guirlandes de fleurs.

Les créations de Jean-Henri Riesener, maître en 1768, sont conservées dans les grands musées de France, d’Angleterre et des États-Unis. Il a achevé le bureau de Louis XV à Versailles, commandé à son maître Oeben, et s’est illustré sous Louis XVI dans les grandes demeures royales. Le petit secrétaire en cabinet qui lui est attribué (n° 37 : 60 000 /80 000 €) est un modèle peu courant, en acajou, très élégant par ses lignes et ses proportions, ses serrures rehaussées de bronzes à motifs floraux et son bas-relief dans le goût de Clodion.

Bonheur du jour de Topino, détail de la marqueterie

Charles Topino, maître en 1773, est réputé pour ses petites tables à la marqueterie soignée, comme ce bonheur-du-jour portant son estampille, en placage de bois de rose, sycomore, buis, aux motifs littéraires, ustensiles et vases (n° 72 : 18 000/25 000 €).

Jean-Baptiste Tilliard (1686-1766) est l’un des menuisiers les plus en vue du règne de Louis XV. Il a joué un rôle capital dans l’évolution du style Rocaille. En témoigne une paire de fauteuils à la Reine en bois mouluré sculpté et doré appartenant, depuis le XVIIIe siècle, à une famille d’armateurs malouins. (n° 71 : 12 000/18 000 €)

 

Ces artistes ont fait des émules, à en juger par la qualité des meubles « de style » et non plus « d’époque » fabriqués un siècle plus tard, comme ce bureau plat de style Louis XV, travail d’ébénisterie parisienne de la fin du XIXe siècle (n° 78 : 12 000/18 000 €) et cette commode dite « du Concordat », d’après un modèle de Riesener (n° 15 : 4 000/8 000 €).

Aujourd’hui, le marché du meuble est très contrasté : des enchères élevées pour les meubles d’exception recherchés par une clientèle internationale et des prix abordables pour des meubles, certes d’époque, mais sans provenance prestigieuse. Pour les accompagner, de beaux objets d’art : une coupe en verre bleu Napoléon III à l’exubérante monture de bronze doré (n° 40 : 8 000/12 000 €) ; une gracieuse pendule Restauration « le sacre de l’amour » (n° 54 : 2 000/ 2 500 €) ou encore un service en porcelaine de la Compagnie des Indes, 96 pièces aux riches couleurs portant le blason de la famille O’Dwyer, conservé depuis le XVIIIe siècle dans une famille d’armateurs malouins (n° 16 : 15 000/20 000 €).

 

Rennes Enchères, 32 place des Lices à Rennes. 02 99 31 58 00 art@rennesencheres.com.

Expositions publiques vendredi 16 février, de 14h à 18h – samedi 17 février, de 10h à 13h – dimanche 18 février, de 15 h à 18h – Lundi 19 février, de 9h à 11h.