« Nous ne sommes pas des fumeurs de joints, nous sommes de jeunes entrepreneurs, prévient Quentin Beauvais, fondateur de Chenevia à Meucon. Nous nous engageons dans la recherche sur le cannabis médical, car nous croyons vraiment à cette filière. Un grand nombre d’études tendent à prouver que cette plante possède des vertus thérapeutiques qui peuvent aider certains patients. Ce n’est pas pour rien que 22 pays de l’UE sur 27 ont légalisé son usage à des fins médicales. »
En parallèle du cannabis bien-être, nous voulons investir dans la R&D du cannabis médical
La start-up compte 3 associés -dont un docteur en pharmacie- et deux employés à temps plein. Elle possède 6 hectares de terres agricoles au sud de Ploërmel et exploite déjà du cannabis bien-être, celui qui ne contient que 0,3 % de THC, le principe psychotrope. « Grâce à cela, nous parvenons à dégager un CA annuel compris entre 350 000 et 500 000 €, mais nous voulons en parallèle investir dans la R&D du cannabis médical, précise Quentin. Et les portes commencent à s’ouvrir. » La start-up souhaite lever au moins 1,5 M€, elle vient d’obtenir une avance remboursable de la Région Bretagne de 200 000 € « dans le cadre d’un programme R&D, visant à mettre au point des techniques de culture raisonnée du cannabis à visée thérapeutique, et concevoir un outil de conservation sécurisé et stérile des plants mères. »
Des associations de patients font le forcing
« Nous sommes des entrepreneurs à part entière, insiste Quentin, c’est très excitant d’avoir la chance d’inventer une filière. Mais surtout, il y a une patientèle qui est en attente et qui souffre. » En septembre dernier, 17 associations de patients demandaient au gouvernement de généraliser l’expérimentation française du cannabis médical tout en garantissant l’accessibilité aux traitements. « Pour beaucoup d’entre nous, écrivent-elles, les médicaments à base d’extrait de fleurs de cannabis ne représentent pas simplement une alternative, mais constituent une lueur d’espoir face à des traitements inefficaces ou mal tolérés. »
Que dit la loi ?
Le décret du 17 février 2022 précise « les conditions et les modalités de la culture et de la production du cannabis à usage médical, afin de permettre la création d’une filière allant de la culture au médicament. » Encore au stade de l’expérimentation, cette médication ne concerne que 2 700 patients et cinq pathologies graves : des formes d’épilepsie sévères et résistantes, la sclérose en plaques, les soins palliatifs, les symptômes liés aux traitements anticancéreux, et certaines douleurs neuropathiques réfractaires.