Couverture du journal du 03/05/2024 Le nouveau magazine

Cu.Bzh : la communauté made in Breizh

De retour de la Silicon Valley, Adrien Duermael et Gaëtan de Villèle, ont lancé une plateforme digitale à Baden (56). La future application devrait très vite se faire un nom. Cu.BZH est une plateforme communautaire qui propose une multitude de fonctionnalités autour des jeux. Le graphisme étant composé de cubes assemblés comme dans le célèbre Minecraft, tout est possible et notamment le rendu 3D. Le site est bien-sûr dans la langue internationale du jeu vidéo : l'anglais.

les 2 fondateurs de la plateforme made in Breizh : Adrien Duermael et Gaëtan de Villèle ©Cu.Bzh

Les 2 fondateurs de la plateforme made in Breizh : Adrien Duermael et Gaëtan de Villèle ©Cu.Bzh

« En 2018, nous avions envie de créer un environnement virtuel dans lequel tous les membres pourraient faire un maximum de choses. Un peu comme un réseau social mais autour de l’univers du jeu, précise Adrien Duermael. Nous avons donc mis 4 ans à développer Cu.BZH et nous testons actuellement la version Béta. » Le site, aujourd’hui en ligne, donne une petite idée de ce que sera la future application. Mais une chose est sûre, dans le domaine du jeu, le potentiel est énormissime. Tant du point de vue créatif, qu’économique.

3M$ de chiffre d’affaires quotidien pour le seul concurrent Roblox

Les investisseurs ne s’y sont d’ailleurs pas trompés. En octobre dernier, ils ont participé à la levée de fonds à hauteur de 3 M€. Une nouvelle levée est même envisagée dans les 12 prochains mois pour faire face aux investissements de développement. « Mais nous ne sommes pas pressés, rassure Adrien. Notre principal concurrent, Roblox, a mis 10 ans à être connu… Nous, nous avons seulement 5 ans d’existence et notre application est déjà disponible même si elle n’est pas achevée. » Chez les connaisseurs et les investisseurs, l’évocation du modèle américain de Roblox provoque de véritables frissons. Car, Roblox, c’est entre 300 et 400 millions d’utilisateurs actifs et 3M$ de chiffre d’affaires quotidien ! C’est aussi une entrée en bourse avec un objectif de 2 Mds$ de chiffre d’affaires et 600M$ redistribués aux utilisateurs les plus actifs de la plateforme.

« Nous croyons à l’open source, même s’il faut être assez malin pour ne pas perdre le business »

 

« On espère bien sûr aller sur les pas de Roblox et réaliser des CA en adéquation avec les montants que l’on parvient à lever mais c’est tellement difficile à estimer, confie Adrien. En revanche, nous sommes conscients que les revenus peuvent grimper très vite et que nous avons de grandes chances de succès. » Un manque d’humilité messieurs les développeurs ? « Le marché est comme ça… admet Adrien. Mais pour ce qui nous concerne nous n’avons aucune certitude autre que la fiabilité de notre plateforme. Ça nous a pris beaucoup de temps mais notre application tourne partout ! C’était vraiment important pour nous que tout le monde puisse jouer même si l’utilisateur n’est pas forcément aussi bien équipé qu’un geek.

4 ans dans la Silicon Valley

Finalement, l’assurance des créateurs n’est pas un manque d’humilité mais de l’expérience. Après 4 ans passés dans la Silicon Valley, ils connaissent bien la tech et ses opportunités. Ils étaient développeurs chez Docker, anciennement Dotcloud, qui a été fondée en 2013 à San Francisco par un Français, Solomon Hykes. La start-up a créé une plate-forme open source qui permet de déployer automatiquement des applications « encapsulées dans des conteneurs virtuels« . Ces applications deviennent dès lors complètement autonomes et peuvent être exécutées sur n’importe quel système d’exploitation compatible avec Docker, peu importe les outils ou langages informatiques utilisés pour les créer.

La force de l’open source

On voit bien l’influence des deux créateurs. Créer des briques, ou plutôt des cubes, les mettre à disposition des joueurs, laisser libre cours à leur créativité, garantir la sécurité et la fiabilité des échanges, combattre la fracture numérique… « Nous croyons vraiment à l’open source, confirme Adrien, même s’il faut être assez malin pour ne pas perdre le business. Mais avec l’open source, c’est toute la communauté qui améliore le produit et ça, c’est quand même sacrément exaltant. Pour nous, c’est un cercle vertueux. »

+ 20 % de croissance par mois

Aujourd’hui, le site attire jusqu’à 6 000 joueurs actifs par mois et affiche une progression de 20 % tous les mois depuis novembre 2022. Pourtant le site n’est que la version Beta de la prochaine application et, qui plus est, en anglais. « Le problème de la langue n’en est pas un en fait dans l’univers du jeu, précise Adrien. Tout le monde se débrouille en anglais, en tout cas suffisamment pour se faire comprendre, qu’on habite à Tokyo ou à Vannes. Mais pour casser définitivement cette barrière de la langue et ouvrir notre plateforme au plus grand nombre, nous comptons sur l’IA et un système de traduction automatique dès décembre prochain ». L’IA servira également à la modération. Un travail aujourd’hui effectué à temps plein par un salarié. Les créateurs de Cu.BZH n’oublient pas que leurs principaux membres sont des jeunes âgés de 10 à 15 ans.

La communauté Cu.BZH vit bien

Les deux trentenaires abordent l’avenir avec une certaine sérénité et repoussent autant que possible les contraintes traditionnelles du travail. La dizaine de salariés est à 100 % en télétravail. Ils habitent à Baden, Rennes, Nantes… Peu importe ! La visioconférence hebdomadaire remet les pendules à l’heure, compétences et conscience professionnelle font le reste. Et tous les 3 mois, Adrien et Gaëtan prennent une location en terrain neutre. Pendant une semaine, l’équipe phosphore peaufine et invente les fonctionnalités de demain. « C’est convivial et très efficace, se réjouit Adrien. » C’est aussi ça une communauté.