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Du changement chez Legendre

Dans un contexte économique très tendu pour l'immobilier et face à des défis environnementaux croissants, les entreprises repensent leur stratégie. Le groupe d'immobilier Legendre, acteur majeur dans le domaine de la construction et de l'immobilier basé à Rennes (965 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023), n'échappe pas à la règle. Legendre a entrepris un processus de repositionnement, avec la cession des activités Énergie et Exploitation et la création d'un pôle industriel dédié à la construction bois. Entretien avec Vincent Legendre, président du directoire. 

Vincent Legendre ©dr

 

Pourquoi avoir cédé certaines de vos activités ?

Vincent Legendre. L’élément déclencheur à la cession des branches Énergie et Exploitation est le départ de Pascal Martin (ancien directeur général du groupe). La partie Énergie n’a pas trouvé sa taille critique dans le groupe, avec, en quinze années d’existence, des difficultés multiples : des soubresauts normatifs, de tarifs, le fait de rester une industrie alors que le marché s’est largement financiarisé. Le seuil de rentabilité n’a pas été trouvé, nous étions un peu coincés. Concernant l’activité Exploitation, une création de Pascal Martin au sein du groupe, la période que connaît l’immobilier ne pousse pas à intégrer tous les métiers. Être à la fois exploitant et promoteur nous posait parfois des difficultés d’arbitrage. Redevenir un pure player de la promotion nous redonne de la marge de manœuvre.

Pour autant, vous ne sortez pas de ces métiers-là.

V. L. Nous ne réaliserons plus de centrales pour des tiers, seulement pour les bâtiments que nous construisons. Même logique pour l’exploitation de bâtiments : nous restons exploitants mais uniquement de bâtiments qui nous appartiennent. Il y a un alignement d’intérêt à être exploitant et propriétaire du fonds de commerce. Nous sommes toujours exploitants de la Glaz Arena et de la résidence au Mabilay. Nous sommes également exploitants de projets hôteliers, via le groupe Suitcase Hospitality, dont nous sommes l’actionnaire majoritaire. Actuellement, onze hôtels ouverts – dix en région parisienne et le Mama Shelter à Rennes. Un douzième ouvrira dans un mois, toujours en région parisienne. Cinq autres projets verront le jour d’ici à 2027. Ce métier fonctionne bien mais nous ne voulons pas aller plus vite que la musique.

La création d’un pôle dédié au bois, sur 10 hectares à Étrelles, est-elle le signe de votre recentrage sur votre core business ?

V. L. Nous voulions surtout loger toutes les activités du bois, entre lesquelles il y a des intérêts de flux logistiques. Wood Park accueillera, dans un premier temps, le nouveau siège de CCL Construction (participation de 50% de Legendre) et l’atelier de fabrication modulaire Legendre Pack, dont le site est actuellement à Bourgbarré (35). La première usine de production d’un plancher innovant alliant bois et béton, développé par les équipes R&D du groupe, ainsi que l’entreprise Kannwood, dans laquelle notre groupe et le groupe Pigeon ont respectivement pris une participation de 25 %, spécialisée dans la construction de façades isolées en béton de chanvre, rejoindront ultérieurement l’écosystème. 120 collaborateurs travailleront sur le site. Les travaux débuteront au cours de l’été 2024.

Comment se porte l’activité en France et à l’étranger ?

V. L. C’est très disparate. La France fait face, depuis deux ans, à la crise de l’immobilier. En revanche, nos activités à l’international se portent bien, à l’image de nos marchés portugais et suisse. Le Royaume-Uni est un marché qui se retourne vite, donc il faut rester attentif et agile.