Couverture du journal du 10/05/2024 Le nouveau magazine

EDF Bretagne mise sur des courants alternatifs

Réunis fin janvier à Rennes, les dirigeants des différentes filiales bretonnes d’EDF ont présenté leur feuille de route pour les prochaines années. Comptant 2 811 salariés sur le territoire, le groupe est un vrai générateur d’emploi et vise 430 recrutements en 2024. Avec comme objectif de multiplier par sept la production d’énergies renouvelables d’ici à 2040. Tour d’horizon des différents projets.

Bruno Moras, Dalkia ; Jean-Philippe Berton, EDF ; Marianne Fajeau, Brennelis ; Jean-Maris Loaec ; Thibaud Veyssier, EDF Renouvelables ©S.Se7Jours

Bruno Moras, Dalkia ; Jean-Philippe Berton, EDF ; Marianne Fajeau, Brennelis ; Jean-Maris Loaec ; Thibaud Veyssier, EDF Renouvelables ©S.Se7Jours

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©EDF

« Le leitmotiv sera la décarbonation. » Jean Philippe Berton, directeur régional d’EDF, a donné le ton lors de la présentation des projets en cours pour les années à venir, et notamment un objectif : multiplier par sept la production d’énergies renouvelables d’ici à 2040 en Bretagne. Pour cela, « le territoire devient la place forte de la cybersécurité des systèmes énergétiques du groupe EDF en France ». L’équipe de 20 personnes va monter à 60 en 2024.

Renouvellement des parcs éoliens

« En 2023, nous avons relevé la production électrique en France de +15 % à +20 %. Cette année, nous devons dresser le cap de la sortie des énergies fossiles », évoque Jean-Philippe Berton. Alors que la Bretagne importe toujours 80 % de l’électricité consommée, EDF Renouvelables, filiale du groupe, engage le « remplacement des éoliennes en fin de cycle par des éoliennes plus puissantes et plus performantes et repartir sur un cycle de 25-30 ans », précisait Thibault Veyssière, directeur développement d’EDF Renouvelables Grand Ouest. Quarante projets sont déjà en cours sur le territoire, notamment le parc éolien de Kergrist (Morbihan), où « onze éoliennes vont être remplacées par sept de dernière génération. Plus puissantes, elles vont permettre de tripler la production électrique du parc, faisant passer l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 11 000 habitants à 32 000 ». Des projets solaires sont aussi évoqués sur le territoire, en priorité sur des terrains à valoriser. Mais « ces deux axes ne seront pas suffisants, il faudra nous tourner vers d’autres leviers, comme des centrales solaires flottantes ou encore l’agrivoltaïsme ».

Visibilité sur les prix

En 2024, EDF engage une nouvelle politique commerciale pour donner de la visibilité aux clients, particuliers et entreprises, et ainsi éviter les variations des prix observées ces dernières années. « Les effets ne démarreront qu’en 2026 avec des contrats de 3, 4 ou 5 ans. Les industriels bretons, ceux de l’agroalimentaire notamment, pourront ainsi avoir une vision à moyen terme du montant de leur facture et être plus à même d’investir. »

Hydroélectricité

Aujourd’hui, en période de pointe de consommation, 70 % des actifs hydroliens sont mobilisés, toujours complétés par cinq turbines à combustion. « La possibilité de subir des coupures de courant durant l’hiver 2023-2024 est donc très faible. » Malgré une baisse de la consommation électrique (-10 % en Bretagne en 2023), « l’électrification des usages va entraîner une hausse des besoins en électricité de 35 % d’ici à 2035. Nous devons ainsi accélérer dans toutes les installations décarbonées. La Bretagne a fait le choix de miser sur les énergies marines renouvelables et nous avons répondu à l’appel d’offres du parc éolien en mer flottant de 250 MW au sud de la Bretagne. Cela représente deux ans de travail », évoque Jean-Philippe Berton.
Actuellement, EDF produit de l’électricité décarbonée avec onze ouvrages hydroélectriques, dont l’usine marémotrice de la Rance. Outre son attractivité touristique (40 000 visiteurs à l’année), cette installation, bien identifiée des Bretons a produit, l’équivalent de la consommation de 225 000 habitants l’année dernière, soit la ville de Rennes et 7 % de l’électricité produite à l’échelle de la Bretagne (240 MW). 60 personnes y sont employées et le site bénéficie d’un plan d’investissement de 30 millions d’euros sur la période 2021-2026 : « En novembre dernier, a débuté la rénovation complète de l’un des 24 groupes de production d’électricité de l’usine. Un chantier de 19 mois sous la mer et 6,7 millions d’euros investis. »

Récupération de chaleur

Autre levier de la décarbonation : la création de réseaux de chaleur et de froid renouvelable, pour alimenter des villes ou encore des ensembles industriels, et leur permettre de chauffer ou de refroidir leurs bâtiments sans émettre de CO2. C’est déjà le cas pour la ville de Morlaix, « un bon exemple, le contrat de performance énergétique sur les bâtiments communaux a permis de faire baisser sa facture énergétique de 18 % », indique Bruno Moras, directeur de Dalkia région Centre Ouest (600 salariés en Bretagne).

Brennilis : 17 ans de travaux

Après cinq ans d’instruction, EDF a obtenu le décret de démantèlement de la centrale de Brennilis dans le Finistère en 2023. Les travaux, dont le coût total s’élève à 850 millions d’euros, vont s’échelonner pendant 17 ans sur les près de 10 hectares pour « redonner vie à ce foncier », indique Marianne Fajeau, directrice de la centrale de Brennilis. L’équipe, qui compte actuellement près de 100 collaborateurs va ainsi monter à 140.