Couverture du journal du 26/04/2024 Le nouveau magazine

FFB 35 : le bâtiment au coeur des transitions

Inflation, coût des matériaux, des énergies et des salaires, mettent à mal la dynamique du secteur de la construction et du bâtiment. Les acteurs de la Fédération Française du Bâtiment en Ille-et-Vilaine veulent être partie prenante des cercles de décisions, pour ne pas aggraver une situation qui aujourd’hui se tend, alors que c’est un maillon fort des transitions climatiques et de la rénovation énergétique. Rencontre avec Xavier Champs président de la FFB 35 et Philippe Lelièvre le secrétaire général.

Xavier Champs président de la FFB 35 et Philippe Lelièvre le secrétaire général. ffb 35

Xavier Champs président de la FFB 35 et Philippe Lelièvre le secrétaire général. ©LM-7Jours

« Aujourd’hui la situation est paradoxale : le contexte est favorable à court terme avec des carnets de commandes remplis, mais nous sommes inquiets à moyen terme », re-situe Xavier Champs le président de la FFB 35.

À long terme le secteur a pourtant de très fortes opportunités de chantiers, avec la nécessaire rénovation énergétique des bâtiments pour faire baisser les consommations d’énergie, et les besoins de logement pour les quelque 10 000 nouveaux habitants chaque année en Ille-et-Vilaine. Le secteur devrait être serein avec ces perspectives. « Nous avons d’ailleurs embauché 1 500 personnes en 1 an et demi (Au niveau national c’est + 80 000 !), nous atteignons 22 000 travailleurs dans le bâtiment en Ille-et-Vilaine (salariés et intérimaires compris), et il y a encore des opportunités d’emplois. C’est vraiment le paradoxe, tous les baromètres sont au beau fixe, mais les coûts augmentent, la rentabilité diminue, les fournisseurs nous inquiètent sur de potentiels arrêts d’usine et de production de matériaux. C’est assez anxiogène pour les dirigeants à l’horizon 2023. »

Surenchère sur le prix des matériaux

« De manière globale, tout corps d’état confondu, les frais des entreprises du bâtiment ont progressé de + 12 %, entre fin 2020 et juin 2022 (index BT01 de l’Insee prenant en compte les prix de l’énergie, les matériaux, les salaires) ». C’est encore plus pour certains secteurs dont la part d’investissement dans des matériaux est importante, comme pour les menuisiers, les couvreurs, les plaquistes. À cela s’ajoute encore la hausse des prix de l’énergie depuis août. « La hausse des devis a suivi l’inflation (de + 7 à + 14 % en 1 an), mais on n’a pas encore répercuté l’explosion des prix de l’énergie. Cela va encore rogner sur nos marges, ou alourdir la facture des clients ! Par ailleurs ce prix de l’énergie va réalimenter la crise des matériaux : les fournisseurs nous avertissent déjà que des lignes de production pourraient s’arrêter, pour les produits aluminium, zinc, acier, verre, tuiles, etc. »

Privés, bailleurs, promoteurs, mairie, tous impactés

« À cela s’ajoute l’augmentation des taux d’intérêts bancaires, il devient plus difficile d’obtenir un prêt, la capacité à engager des travaux se restreint pour les particuliers comme tout donneur d’ordre », reprend Philippe Lelièvre. « Certains promoteurs suspendent des opérations, car les coûts de construction sont trop importants, ou engagent des négociations. Les bailleurs sociaux font part de leurs craintes à ne pas pouvoir construire autant que prévu, tout comme les mairies et communautés de communes. »

Les tendances

Inquiétude sur le logement neuf : moins de mise en chantier (- 11 % sur le collectif au niveau national en 1 an). Des promoteurs reportent leurs opérations.

Baisse de la commercialisation : – 15 % de vente en promotion immobilière au niveau national ; – 30 % sur les ventes de maison individuelle au 1er semestre 2022 par rapport au 1er semestre 2021.

Heureusement, le marché de la construction de bureaux et tertiaire se maintient, comme celui de l’amélioration et entretien de l’habitat.

Les solutions émergent aux Assises du BTP

« Notre dépendance énergétique nous oblige à aller vers des politiques durables. La rénovation des logements est un des piliers des accords de Paris sur le climat, le bâtiment est au cœur des transitions et participe aux solutions. Pour une rénovation globale, on peut estimer qu’il faut mettre 45 000 € en moyenne, voire plus de 70 000 € si l’on veut atteindre du BBC : il faut des incitations financières, pour étaler cette dépense.

Nous demandons également une pause normative, car chaque nouvelle norme surenchérit les coûts de construction. Si l’objectif de la RE 2020 est louable, il faut temporiser, car la situation est déjà tendue. C’est la même chose pour le ZAN, Zéro Artificialisation Nette. Il faut que la FFB soit au cœur des échanges, ainsi que les élus locaux, pour adapter les solutions à chaque territoire, faire confiance aux acteurs de terrains. Les Assises du Bâtiment du 22 septembre, avec toutes les filières de la construction, doivent permettre d’éclairer le débat, repenser les règles et sécuriser l’activité. »