Couverture du journal du 10/05/2024 Le nouveau magazine

Hommage – Jérôme Armbruster, président d’Hellowork, meurt tragiquement

Le président d’Hellowork, entreprise rennaise spécialisée dans la recherche et les offres d’emplois, a été percuté à grande vitesse par une voiture, à Rennes, vendredi 19 janvier, alors qu’il circulait à vélo.

Jérôme Armbruster ©LM_7Jours

Le choc, d’une grande violence, a entraîné sa mort, à l’âge de 53 ans. Un suspect a été interpellé et placé en détention provisoire. Il comparaîtra devant le tribunal correctionnel en mars.

Jérôme Armbruster fut l’un des trois co-fondateurs à l’origine de RégionsJob, devenu Hellowork, une des belles réussites rennaises, comptant aujourd’hui 530 salariés. Découvrez ci-dessous le portrait que 7 Jours lui avait consacré en 2018.

La nouvelle a entraîné une pluie d’hommages dans l’écosystème du numérique rennais et au-delà. Hélène Bellanger, directrice associée de l’École 301 du MV Group, se souvient d’un homme « intelligent, humble, solaire. Nous débattions encore ensemble semaine dernière sur le monde que nous souhaitions laisser à nos enfants. Quel grand vide tu laisses, mon associé, mon ami ». 
« C’était un des plus grands noms du numérique de notre territoire », réagit Sébastien Le Corfec, associé d’Épopée Gestion et fondateur Xplore (ex-West Web Valley).
Matthieu Beucher, fondateur de Klaxoon, salue un « entrepreneur ultra talentueux, passionné, bienveillant, qui manquera à tous. » Quant à Steven Orgebin, directeur général adjoint chez Digitaleo, il se souvient d’« un professionnel tellement compétent aux réalisations multiples et un homme élégant et prévenant dans sa relation à l’autre ».

Le portrait que 7 Jours lui avait consacré en septembre 2018 :

Originaire de l’Ouest parisien (La Celle Saint-Cloud), Jérôme Armbruster, était ingénieur de formation, formé cinq ans à HEI-Lille puis à l’IRCAM-Paris, spécialisé en Mécanique Acoustique.
« Je passe ensuite 18 mois à Berlin dans le cadre du service national. Je travaille dans le traitement d’images, l’intelligence artificielle et le machine learning, je découvre alors le monde des algorithmes. » Il reste trois ans de plus en Allemagne, travaillant à Leipzig dans une entreprise basée à Rennes, TELUCO (racheté par ATOS en 2001), dans le domaine des GED, logiciels de gestion documentaire.

1999 : 30 ans, pas d’enfants, « pas peur de manger des pâtes pendant quelques mois ! » et surtout l’envie de connaitre l’adrénaline et l’aventure de la création d’entreprise… Jérôme Armbruster rejoint Guillaume Semblat, un ami d’enfance qui travaillait alors à Rennes chez Alten, et Gwénaëlle Quénaon-Hervé, pour monter OuestJob.
« On a eu X idées avant celle-ci… un jour, Guillaume me parle des difficultés à recruter chez Alten, l’idée est là, on se lance. En mars 2000, on lance OuestJob, on est 3 à travailler dans un appartement à Rennes, un site internet et un accompagnement basé sur la mise en relation des entreprises et des candidats, au début très orienté ingénieurs. »  Une poignée d’entreprises leur font confiance : Manitou, Arkea, Mitsubishi, Alten… C’est le début d’internet et l’essor des téléphones mobiles, Google n’existe pas en France… c’est la préhistoire du monde digital.

En un an OuestJob devient RegionsJob, ils sont alors une douzaine à travailler. RhoneAlpesJob OuestJob, PacaJob… la France est divisée en 8 RégionsJob, 7 ans plus tard en 2008, ils sont 80 salariés. « On lance ParisJob en 2008 et Cadreo sur le marché des cadres et des dirigeants à La Défense. On s’allie au groupe Amaury comptant parmi ses journaux Le Parisien ; les journaux le Monde et L’Obs étaient déjà entrés au capital de RegionsJob en 2004, et bien sur le Groupe Télégramme actionnaire depuis 2001. Ces journaux n’étaient pas très présents sur le monde de l’emploi, nous avions donc toute latitude pour développer nos idées, ces actionnaires nous apportaient une stature et des capacités de communication. » En 2016, Le Télégramme deviendra actionnaire unique.

Devenu Hellowork en septembre 2018, la société, compte 250 collaborateurs et un CA 2017 de 38M€. Elle s’appuie sur ses  10 000 clients en recrutement, 50 000 offres nouvelles chaque mois et les multiples sites (liés aux offres d’emploi, mais aussi la formation ou la veille d’information en lien avec la vie professionnelle) du groupe, qui sont visités par 4 millions de visiteurs uniques chaque mois. « Nous avons 30 postes ouverts au recrutement actuellement, nous devrions atteindre dans 18 mois les 300 collaborateurs. Depuis 7-8 ans, nous avons des clients limitrophes en Belgique, Suisse, Allemagne… cela représente 5% de notre CA. En juin nous avons fait l’acquisition de Jobijoba, qui compte des clients en Amérique du Sud, en Espagne… L’objectif aujourd’hui avec Hellowork est bien d’aller sur ces marchés hors hexagone. Nous ne proposerons pas un « BavièreJob » ! …ce type d’acteurs existent déjà, mais de proposer des services plus techniques et spécifiques à l’emploi, nous appuyant par exemple sur l’outil innovant CvCatcher, le blogdumodérateur….

Hellowork, Médiaveille et Klaxoon, lancent ensemble cet automne une école nommée « Stage 301 ». Destinée aux jeunes et aux demandeurs d’emploi qui veulent se former aux métiers du numérique, la première promotion se composera d’une vingtaine de personnes. « Cela s’adresse autant au chef de projet digital, que les commerciaux, ceux qui souhaite digitaliser leur métier. Une initiative locale, à Rennes, car ce territoire nous tient à cœur. »

Ce fan de glisse, kite-surfer depuis une quinzaine d’années, apprécie particulièrement deux points dans le monde professionnel : créer des produits et services qui correspondent à un besoin, et organiser une société… « Nous avons mis en place un système en 8 pôles ou 8 BusinessUnit, afin qu’il n’y ait pas plus d’une personne entre un collaborateur et François Leverger (DG) ou moi. Nous donnons les orientations et les budgets, ensuite dans chaque « Business Unit » deux personnes décident en toute autonomie avec leur équipe. Le patron a un rôle à jouer, mais il n’a pas à être le seul moteur de son entreprise. »