L’enjeu est de taille compte tenu de la fin annoncée de la voiture à moteur thermique. Le consortium composé de Stellantis, Exelcar, Entech, Talendi et l’Université Bretagne Sud (UBS) oeuvre depuis plus d’un an au développement d’une solution de stockage seconde vie des batteries de véhicules électriques. L’objectif du projet ABR (Automotive Batteries Reuse) : mettre sur pieds une filière bretonne autour du démantèlement et de la réutilisation de ces batteries, qui terminent leur carrière dans les automobiles lorsque la capacité passe sous les 80% (soit une dizaine d’années).
Stockage dans des modules stationnaires
Cheffe de file, l’entreprise quimpéroise Entech (34,3 M€ de chiffre d’affaires) espère utiliser ces batteries dans des modules de stockage stationnaires. « Les deux principaux exemples d’application sont : assurer le service de régulation de tension et améliorer la pénétration des énergies renouvelables sur les réseaux », détaille Sophie Molina, docteure chez Entech.
Stellantis fournit les packs de batterie pour les expérimentations et assure la formation sécurité. Talendi, entreprise adaptée, se charge du démantèlement des batteries dans un atelier hébergé par Exelcar (fablab et accélérateur industriel) à La Janais. Quant à l’UBS (Lorient), elle met au point le système de diagnostic et de tri des batteries. La durée de la seconde vie des batteries reste encore inconnue. Tout comme l’horizon du déploiement à l’échelon industriel. « Nous sommes dans la vallée de la mort pré-industrielle. Il faut investir lourdement sans horizon clair », commente Olivier Armbruster, directeur d’Exelcar. Si d’autres consortium planchent aussi sur le sujet – Renault, Toyota -, les recherches bretonnes, prévues sur deux ans, devraient être prolongées d’une année.
Le potentiel économique
Le budget est de 1,066 million d’euros, financé à raison de 400 000 euros par la Région Bretagne, 50 000 euros par Quimper Bretagne Occidentale et 39 000 euros par Rennes Métropole. Le pôle de compétitivité ID4Mobility, qui rassemble plus de 400 partenaires, a labellisé le projet.
Rien de surprenant, compte tenu des débouchés économiques projetés. « Plusieurs millions d’euros », estiment les acteurs du projet. Le nombre de véhicules électriques ne va cesser d’augmenter puisque le parlement européen a acté la fin des émissions de CO2 des voitures neuves à compter de 2035. Rien qu’entre 2019 et février 2023, le nombre de véhicules 100% électriques roulants est passé de 177 000 à plus de 728 000 (source : Avere). « Il y aura une explosion des volumes autour de 2030, ce n’est que le début de l’histoire », assure Sergio Capitao, directeur général de ID4Mobility.