Couverture du journal du 10/05/2024 Le nouveau magazine

Motion-Up : Avatar et premiers secours

La jeune entreprise vannetaise Motion-Up travaille avec la technique de « Motion capture ». À la différence qu’elle ne synthétise pas des animations 3D pour le cinéma mais pour la vie courante. Son fondateur a pour objectif de numériser des gestes techniques pour ensuite les exploiter comme supports démonstratifs ou pédagogiques. Et parmi les applications actuellement en développement, les premiers secours, la langue des signes ou les danses bretonnes.

Apprendre les bons gestes du secourisme en reproduisant ceux des professionnels ©Motion-Up

« Notre spécialité: transmettre et accélérer l’apprentissage ou maintenir les acquis grâce à la 3D-Interactive À travers notre expertise professionnelle et R&D allant des sciences des données, aux sciences expérimentales et de la pédagogie, nous aidons à la transmission du savoir et de la pratique du geste. » Une promesse qui ne restera certainement pas lettre morte. Thibaut Le Naour, docteur en informatique graphique, ambitionne de faire la passerelle entre la science de l’informatique fondamentale et des applications quotidiennes. Il a fondé Motion-up en 2022 dans sa ville de cœur, Vannes, après un long séjour à Fribourg (Suisse), où il occupait un poste de maître-assistant en neurosciences (apprentissage du mouvement). Son dernier poste de maître de conférences en informatique à Vannes lui a donné l’envie d’aller plus loin dans l’exploitation pédagogique et scientifique du mouvement.

Plus ludique que la vidéo

« Nous voulons trouver des solutions pour faciliter l’apprentissage du bon geste, dit-il. Et la motion capture est un formidable outil pour y parvenir car nous arrivons à des mouvement en 3D d’une précision allant en dessous du millimètre. L’objectif est de rendre plus accessible la visualisation et l’interaction avec des gestes complexes enregistrés sur des modèles experts pour que chacun puisse se les approprier correctement. » Plus ludique que la vidéo, la solution de Motion-Up permet, par exemple, de superposer ses propres mouvements à ceux d’un secouriste. Les premières précommandes commencent à affluer. Trois fédérations de secourisme ont participer à la collecte des données et se sont montrées intéressées par cet outil pédagogique. Pourtant, le produit ne sera commercialisé que d’ici 6 mois sur Windows, Mac et tablettes, avant une version en réalité virtuelle et réalité mixte.

 « Je veux prendre le temps »

Mieux connaître les handicaps

« Il y a encore beaucoup d’allers et retours avec les futurs utilisateurs et les experts pour améliorer le produit, justifie Thibaut. Nous voulons prendre le temps, tant pour le développement que pour trouver le ou les bons collaborateurs, ceux qui connaissent vraiment le marché ou, mieux, ceux qui connaissent les besoins des utilisateurs. » Thibaut veut sincèrement se mettre au service des futurs utilisateurs de sa solution, ceux qui sont souvent dans l’ombre. Dans un autre contexte, « nous avons dépassé l’existant, en collaboration, avec le Cowork’hit de Kerpape et l’IRISA Vannes, à numériser les mouvements de personnes en situation de handicap moteur, souligne-t-il. La numérisation de ces scènes peut constituer un enjeu fort autant pour les personnes en situation de handicap que pour les soignants dans la compréhension du bon comportement. Autre idée provenant d’un collaborateur, Alexandre Begon, qui m’expliquait qu’il est particulièrement difficile de comprendre ou d’analyser des pathologies rares, notamment en formation, sans avoir la chance de les rencontrer physiquement. L’exploitation de jumeaux numériques devient ainsi un enjeu intéressant pour les formateurs et enseignants.»

Bref, les applications sont innombrables et devraient intéresser un grand nombre de secteurs. Tout en travaillant sur la commercialisation de ses premières solutions, Motion-Up participe à un projet national en collaboration avec l’IRISA (SignToKids) sur l’apprentissage de la langue des signes aux enfants et sur les danses bretonnes.  Avec le secret espoir d’en réaliser le premier catalogue numérique… À suivre.