Comme un chef d’entreprise averti et méthodique, Martin Hacpille a pris le temps de travailler simultanément le produit et le marché. Il lui a fallu cinq ans pour assembler toutes les pièces. Au sens propre comme au figuré. Cinq années pour trouver les savoir-faire industriels indispensables à la fabrication de son lave-vaisselle, durable et réparable, et faire le choix stratégique d’implantation de sa première usine.
Une première usine à un carrefour stratégique
« Le Morbihan, et Grand-Champ en particulier, se situe entre les deux pôles industriels importants que sont Rennes et Nantes. Le premier reconnu pour son industrie automobile (production en très grande série) et le second pour son travail de tôlerie, précise Martin Hacpille. Cette proximité est importante en termes de synergie mais aussi pour notre empreinte carbone. Nous avons tout pensé pour que notre lave-vaisselle ait un bilan carbone de 45 % inférieur à la concurrence. » L’usine de Grand-Champ ouvrira normalement au dernier trimestre 2024 dans les anciens locaux de BricoPro, avec une quinzaine de salariés.
80 % des pièces produites en France
Après avoir été, avec son démonstrateur, un des chouchous au salon du Made in France en novembre dernier, Everever envisage de produire, en 2025, « entre 5 000 et 200 000 lave-vaisselles par an », pour un investissement qui reste secret. « Je peux en revanche dire que nous avons réussi à lever 1,2 million d’euros en cinq ans, pour le développement de notre produit et que la co-construction de notre modèle avec nos partenaires a créé un climat de confiance assez motivant, » explique l’ancien ingénieur des arts et métiers. Pour le dirigeant, la relocalisation n’est pas un vain mot : les pièces seront produites en France à 80 %, 17 % dans l’Union européenne, 3 % dans le reste du monde.
Le « non jetable », un modèle d’avenir ?
Montable et démontable « facilement, avec les outils classiques du bricoleur du dimanche », le lave-vaisselle Everever est garanti huit ans avec des pièces disponibles pendant 20 ans. Sa conception « en briques » laisse également la place aux évolutions technologiques futures, notamment en matière de domotique. Les concepteurs parient sur le « non-jetable » au nom de leur responsabilité.
Les consommateurs semblent également séduits : 200 lave-vaisselles ont été pré-achetés via le crowdfunding. Un signe prometteur. Everever ambitionne, dès 2030, de conquérir, sur le même modèle, tous les appareils électroménagers et d’employer au moins 150 salariés.