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Upcyclink : innover pour ne plus gâcher

Upcyclink, start-up née à Saint-Avé, développe des unités de transformation servant à valoriser les résidus de produits alimentaires. En plus de représenter un gâchis coupable, ceux-ci peuvent se transformer en ingrédients de seconde main et générer des bénéfices supplémentaires. La start-up et son allié industriel de Pontivy, Le Garrec, exposeront leurs solutions au CFIA qui se tiendra à Rennes les 12, 13 et 14 mars prochains.

Jean-Pascal Bergé, cofondateur ©Upcyclink

Jean-Pascal Bergé, cofondateur ©Upcyclink

En même temps que les poubelles, c’est de l’argent que l’on jette. Les industriels de l’agroalimentaire ont exactement la même problématique que les particuliers. « Au niveau mondial, c’est 49 % de la production primaire qui ne finit pas dans nos assiettes, constate Jean-Pascal Bergé, cofondateur d’Upcyclink. Dans les pays riches, les pertes principales ont lieu dans nos frigidaires, tandis que dans les pays dits pauvres, c’est généralement la chaîne logistique qui est défaillante. » Dans le meilleur des cas, ces produits sont compostés et utilisés comme engrais ou destinés à l’élevage. Mais la pression augmente car dès 2030, avec l’obligation de diviser par deux le gâchis alimentaire.

30 à 35 % du chiffre d’affaires à l’export

Les Français ne sont pourtant pas à l’aise avec le réemploi de résidus alimentaire. Ce n’est pas le cas dans le reste du monde. « Nous réalisons entre 30 et 35 % de notre chiffre d’affaires à l’étranger, se réjouit Jean-Pascal Bergé. L’Irlande, le Maghreb ou les pays d’Amérique du Sud ont vite pris conscience de la nécessité de valoriser les coproduits alimentaires. À nous de passer le pas. Tout le monde sera gagnant. »

16 milliards d’euros de pertes

En Europe, les pertes de produits alimentaires représentent chaque année 59 millions de tonnes. En France, c’est environ 10 millions de tonnes de produits par an, soit une valeur commerciale estimée à 16 milliards d’euros. Le Morbihan est loin d’être exemplaire car, en plus des particuliers, l’industrie agroalimentaire produit une grande quantité de résidus. « C’est ce que nous appelons des coproduits, dit Jean-Pascal Bergé. Ces résidus coûtent très cher aux producteurs tant en manque à gagner sur le produit brut, la logistique, le traitement… Et c’est sur cet aspect économique que nous voulons faire levier pour changer les mentalités. »

Des micro-usines mobiles

L’argument financier semble faire mouche. La start-up a réalisé, dès la première année, 150 000 euros de chiffre d’affaires uniquement grâce à ses digesteurs capables de séparer les différents éléments des poissons filetés (matières grasses et protéines). Ces résidus, réduits à leur plus simple expression dans un processus sanitaire contrôlé, se transforment en ingrédients de base (agent de saveur, compléments alimentaires…). L’idée des micro-usines mobiles d’Upcyclink permettrait à l’entreprise de se démarquer de la concurrence, avec une haute valeur ajoutée.