Couverture du journal du 10/05/2024 Le nouveau magazine

Barreau de Rennes : « Les avocats sont les serviteurs acharnés de l’espérance »

Catherine Glon, bâtonnière du barreau de Rennes, organisait sa cérémonie de vœux dans la halle de la brasserie Saint-Hélier. La première représentante du millier d’avocats de la juridiction a placé l'année 2024 - la deuxième de son mandat - sous le signe de l’engagement et du dynamisme. Pour l’occasion, elle avait convié Pascale Robert-Diard, chroniqueuse judiciaire au journal "Le Monde", venue participer à son procès.

Catherine Glon ©Aline Chappron

Il n’y avait pas que des Bretons à la brasserie Saint-Hélier ce soir-là. Jean-Raphaël Fernandez, président de la Conférence des bâtonniers, avait fait le déplacement, tout comme le bâtonnier de Rouen ou encore celui de Seine-Saint-Denis. Face à un parterre de personnalités* du monde judiciaire, Catherine Glon a montré que les traditionnels vœux de début d’année pouvaient être autre chose qu’un exercice convenu. Même le choix du lieu soufflait comme un air de dépoussiérage : « J’avais envie de quelque chose qui change. »

« Ensemble et partout »

Sous le signe de son engagement – d’aucuns diraient peut-être de son agitation – elle a rappelé les nombreuses conventions signées entre le barreau et la CCI, Yao, l’université … La pénaliste, membre du Syndicat des avocats de France (SAF), s’efforce de rassembler pour être la bâtonnière de toutes les spécialités. « Ensemble et partout », formule-t-elle. Loin d’un discours ronflant, dans sa robe d’avocate, les sujets qu’elle égrène – laicité, loi immigration, conditions des lieux de privation de liberté – ne cachent rien de ses convictions, ni de ses indignations, au milieu de « la chaotique marche du monde ». Le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, se retrouve projeté dans un film de Michel Gondry en « roi de la pataphysique », la science de l’imaginaire, relégué au rang de « subsidiaire de Bercy ». Malgré la hausse budgétaire sans précédent pour le ministère de la Justice, « nous restons dans l’inacceptable ».

Sans oublier – loi du genre oblige – les remerciements aux chefs de cours, elle adresse aux avocats des messages clairs : « Les avocats sont les serviteurs acharnés de l’espérance », « Prenons soin de nous pour être efficace pour les autres », « Nous avons de l’envie, de l’énergie et de l’imagination. » Me Glon conclut en énonçant les perspectives d’une année qui s’annonce chargée :  campagne de communication, refonte de la charte graphique du barreau, travail sur une application mobile, lancement d’un guide sur le contrat de collaboration, organisation de la semaine de l’exercice libéral en février et d’un colloque interprofessionnel avec les notaires et les experts-comptables.

« Je sais à quel point la justice peut être grande »

Pascale Robert-Diard assiste à son procès fictif, défendue par Me Descamps-Guezou ©Aline Chappron

De cette soirée émaillée de saynètes humoristiques – où l’on apprend d’ailleurs que la bâtonnière carbure au café décafeiné, au Coca zéro et à la cigarette – le point culminant est assurément l’étincelant procès de la chroniqueuse judiciaire du Monde, Pascale Robert-Diard, venue spécialement pour l’occasion. Me Elodie Moron, avocate générale d’un soir, l’accuse d’avoir ensorcelé la bâtonniere.

©Aline Chappron

Difficile parfois de distinguer s’il s’agit du procès de la plume du « quotidien du soir » ou de celui de la presse. Qu’importe, l’exercice est réussi. Les rires dans la salle le confirment. Défendue avec une certaine maestria par Me Kevin Descamps-Guezou, Pascale Robert-Diard s’en sortira sans peine, sinon celle d’avoir à répondre aux accusations. Celle qui aime « sortir l’audience du dossier de papier » énonce comme elle écrit : sans fioriture, avec justesse et humanité. « Une salle d’audience est le dernier endroit où l’on est obligé de s’écouter, d’entendre l’histoire de l’autre alors que l’on a toutes les raisons de le haïr. Cette magie, avec, au coeur, la complexité qui fait la saveur de vos métiers, continue de m’émerveiller. Je sais à quel point la justice peut être grande. »

*Vus à la soirée

(Liste non exhaustive)

Béatrice Rivail et Philippe Astruc, présidente et procureur au tribunal judiciaire de Rennes
Fabrice Adam, premier président de chambre à la cour d’appel de Rennes
Stéphane Cantero, magistrat pénaliste, au parquet général de la cour d’appel de Rennes
Clément Villeroy de Galhau, Emeric Vétillard et Gaëlle Bohuon, président et greffiers du tribunal de commerce
François Belloir et Rémy Langlois, président et vice-président du conseil de prud’hommes de Rennes
Hélène Laudic-Baron, vice-président du Conseil national des barreaux
Isabelle Gerard Rehel et Karine Rivoallan, bâtonnières de Saint-Malo et Saint-Brieuc
Eric Lemonnier et Anne Pelé, anciens bâtonnier et vice-bâtonnière de Rennes
Nourredine Brahimi, directeur du centre pénitentiaire Rennes-Vezin
Renaud Bouvet, chef du service de médecine légale et médecine pénitentiaire du CHU de Rennes
David Gorand et Adeline Levrel, président et directrice de l’Edago