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Immobilier : vers une baisse des prix selon les notaires bretons

Après deux années record, le marché de l’immobilier breton se normalise. Sur l’ensemble de la Bretagne historique, le nombre de ventes a chuté de 23,4% au second trimestre 2023 par rapport à 2022. Les stocks de biens à vendre gonflent et les notaires bretons commencent à observer un recul des prix sur les logements anciens, particulièrement en Ille-et-Vilaine et Loire-Atlantique. Une tendance qui devrait s’appliquer à l’ensemble de la région dans les mois à venir.

Les représentants du Conseil régional des notaires de la cour d’appel de Rennes. De g. à dr : Me Bosquet, Me Duffo-Le Strat, Me Ferdinand, Me Blanchard, Me Gueguen, Me Durand, Me Gentils ©SB_7J

Les représentants du Conseil régional des notaires de la cour d’appel de Rennes. De g. à dr : Me Bosquet, Me Duffo-Le Strat, Me Ferdinand, Me Blanchard, Me Gueguen, Me Durand, Me Gentils ©SB_7J

« Nous notons une accélération de la baisse des volumes », entame Me Nicolas Bosquet. Le recul de ventes est essentiellement dû à l’étau des conditions d’octroi des crédits immobiliers, qui exclut de nombreux primo-accédants, à la flambée des taux d’intérêt et à la baisse du pouvoir d’achat.
La baisse des volumes vendus avoisine les 40% pour les logements neufs et 23,4% pour l’ancien. Toutefois, « il ne faut pas être alarmistes. Nous comparons à 2022 qui était une année extraordinaire. Nous revenons à des niveaux qui sont ceux connus avant la crise sanitaire. Le marché n’est pas à l’arrêt, beaucoup de gens cherchent à se loger. Le recadrage passera par le réajustement des prix. Ce sont les vendeurs qui vont décider. »

 Le recadrage du marché passera par le réajustement des prix. Ce sont les vendeurs qui vont décider.

Recul des prix de l’ancien à Rennes et Nantes

Si les stocks de mandats ne s’amenuisent guère, avec à la clef un goulet d’étranglement, les données sur un an aux avant-contrats (août 2022 – août 2023) montrent qu’un repli des prix est déjà enclenché à Rennes et Nantes. « Pour la première fois, les maisons anciennes révèlent une baisse de prix de – 2,8% sur un an, indique Me Damien Gueguen. Au troisième trimestre 2023, nous serons même à -7%. » Même tendance à Nantes, et plus largement en Loire-Atlantique, où la valeur médiane des maisons anciennes à décru de 8,6 % sur un an : « Une baisse du prix de 10 à 15% permet de trouver un acquéreur. Attention, baisse des prix ne signifie pas absence de plus value », précise Me Marie-Virginie Durand. « La Loire-Atlantique est la locomotive, ce qui s’y passe, se propage dans le reste de la Bretagne. »

©Notaire & Breton

Maintien sur le littoral et en Morbihan

Pour l’heure, le repli reste limité. Dans certains bassins, en particulier sur les côtes, les prix continuent même de progresser, notamment dans le Morbihan : « Vannes, Lorient et le littoral attirent. La baisse des volumes est moins marquée que dans d’autres départements, les prix restent élevés », éclaire Me Anna Duffo-Le Strat. Dans le Finistère, « tous les types de biens connaissent une augmentation des prix car il y a peu de biens en vente. Brest continue à grimper, Quimper s’est stabilisée. Néanmoins, nous arrivons sur un plateau et peut-être que le Finistère va voir les prix se replier, c’est le sentiment que nous avons », commente Me Cyril Blanchard.

 

Rennes en zone tendue

Rennes et quinze autres communes de la métropole ont été classées en zone tendue fin août. Conséquence, l’encadrement des augmentations de loyer et un préavis de départ pour les locataires réduit à un mois, au lieu de trois. Me Damien Gueguen : « Ce n’est pas très incitatif pour les propriétaires privés qui souhaitent investir. Mais cela reste un encadrement pas un plafonnement. » 

Lire l’expertise « Logements vacants : Rennes sous tension », par Me Marie-Bénédicte Lusteau, avocat au barreau de Rennes, en cliquant ici.