Les volumes font tourner la tête. Dans les cartons, éléments incontournables d’une visite chez C-Log, 100 millions de pièces transitent chaque année par les entrepôts du logisticien, au rythme de 100 000 produits capables d’être expédiés par jour et par site. « La majorité du flux arrive au Havre d’Asie. Petit à petit, nous constatons un peu plus d’import proche (Moyen Orient, Maghreb). » C-Log livre un réseau de plus de 8000 boutiques dans le monde, dans 80 pays différents. Au retail, s’ajoutent les livraisons e-commerce et la gestion des retours.
Seul logisticien spécialisé dans le textile et les accessoires en France
Pour assurer un tel rythme, 1100 collaborateurs, hors intérimaires, oeuvrent au sein des 10 entrepôts de C-Log. Pour 2023, l’atterrissage de chiffre d’affaires est attendu un peu au-dessus des 150 millions d’euros, quasiment équivalent à 2022 (146 millions).
« En France, nous sommes le seul logisticien spécialiste du textile et des accessoires, ce qui rassure les marques. Notre système est conçu pour gérer les spécificités de ces catégories – coloris, tailles, les bonnets en lingerie, etc – et maîtriser les flux de marchandises propres à ces produits, commente Benoît Garçon. Face à nos concurrents, des gros généralistes comme Gxo, Geodis, ID logistics, nous, nous sommes des moyens, très spécialisés. »
100 millions de pièces transitent chaque année chez C-Log, soit 100 000 par jour et par site.
50% groupe Beaumanoir, 50% clients externes
L’activité est réalisée à 50% pour les marques du groupe : Cache-Cache, Bréal, Bonobo, Morgan, Caroll, son partenaire la Halle, et Sarenza, la marketplace spécialisée dans la chaussure sur laquelle Beaumanoir a récemment mis la main.
L’autre moitié du rendement est consacrée à des clients externes. Environ 25 marques font appel à C-Log, parmi lesquelles Eden Park, Veja mais aussi des marques haut de gamme et luxe.
« Le développement du portefeuille de comptes clients externes est la cerise sur le gâteau. La première ambition chez C-Log est de proposer la meilleure expertise logistique du marché pour nos clients partenaires. C’est un objectif serviciel avant tout. L’ouverture à la diversité de clients permet de développer cette expertise. »
La croissance externe
Près d’un an après la reprise de Sarenza.com par le groupe Beaumanoir, C-Log a fait l’acquisition d’un dixième entrepôt, à Réau, en Seine et Marne. Exploitée par GXO Logistics, cette plateforme de 19 500 m², fortement automatisée, est dédiée à la logistique chaussure et vente en ligne. « En travaillant sur la capacité encore disponible de ce site et celui d’Orléans, l’objectif est de créer un dispositif logistique digital basé sur les deux expertises : la chaussure et le textile. Le dispositif sera complètement transparent pour les marques. » La plateforme d’Orléans évoquée par le patron est celle de Poupry, ouverte en 2022, où 200 petits robots assistent les préparateurs de commandes. Une dizaine de millions d’euros investis et des robots, non seulement pensés, mais aussi fabriqués en interne, à Saint-Malo.
D’autres acquisitions ou ouvertures dans les tuyaux ? Réponse de Normand : « Nous restons toujours attentifs au secteur et aux transformations du métier. »
L’entrepôt malouin, un standard C-Log
L’entrepôt de Saint-Malo, d’une superficie de 18 000 m2, est un exemple typique des standards de C-Log. Il assure la distribution vers 750 magasins à travers la France, avec un flux quotidien de 10 à 15 camions de livraison. Ce site est conçu pour stocker l’équivalent de 8 semaines de marchandises, regroupant pas moins de 25 000 références différentes. L’équipe réalise des inventaires en continu, assurant une couverture totale du stock sur l’ensemble de l’année.
6 transtockeurs (ou mini load) renforcent la capacité logistique pour stocker les cartons, ils ont été développés par C-Log et représentant un investissement d’environ 200 000 euros chacun. « 80 % du temps, les cartons ne sont pas portés par les collaborateurs. »
Avec une structure hiérarchique assez horizontale, un chef de site encadrant 7 à 8 responsables d’équipe. « Notre approche repose sur une gestion sans complexité hiérarchique, éliminant le superflu. Et notre turnover est inférieur à 5 %. »
L’entrepôt du futur
« L’entrepôt de demain sera technologique et économe. L’impact environnemental devra être le plus faible possible, nous y travaillons déjà. Une des questions est : comment, en tant que logisticien, je peux inciter les clients dans une démarche encore plus vertueuse de slow logistique ? L’entrepôt du futur livrera, qui sait, un peu moins vite. »
Concernant la révolution numérique, pour Benoît Garçon, la question cruciale réside surtout dans les impacts sur les marques partenaires : « Est-ce que le développement de l’intelligence artificielle se traduira par une intégration accrue de la technologie dans les produits, ou par une personnalisation plus poussée ? Cela impliquerait inévitablement une augmentation du nombre de références à gérer. »
L’entrepôt du futur livrera, qui sait, un peu moins vite.
IA versus Homme ?
Le dirigeant ne croit pas à des entrepôts où les humains auraient disparu : « Les sites seront semi-mécanisés, mais cela ne signifie en aucun cas l’exclusion des salariés. Au contraire, chaque fois que nous avons automatisé un site, nous avons créé de nouveaux emplois. La technologie et l’IA sont des outils. Cela va nous aider à gérer de la data pour faire progresser le système de manière itérative, mieux gérer les flux, anticiper les crises, mieux piloter de manière générale. »
Et d’ajouter : « Notre priorité est de donner un sens au métier, en travaillant des parcours de formation et de mobilité internes. Au départ, ce n’était pas très attractif de travailler dans la supply chain. Aujourd’hui, la logistique est devenue très industrielle et c’est un secteur ouvert sur le monde, avec plein de métiers différents : docteur en robotique, responsable transport, développeur informatique, data analyst, chef de projet, manutention, maintenance… »
Chaque fois que nous avons automatisé un site, nous avons créé de nouveaux emplois.
Le transport
« Les métiers du transport et de la douane pèsent dans les enjeux de demain. Nous avons essayé le fret ferroviaire depuis l’Asie mais le rapport coût – délai n’était pas satisfaisant. Et il y a toujours une partie en camion. »
Bonus
Votre parcours ? « Je suis diplômé de l’UTC Compiègne et du 3e cycle en logistique d’HEC. Je suis arrivé chez C-Log en 2009 comme directeur des opérations, après avoir travaillé chez L’Oréal, Nivea et le groupe Richemont. »
Votre passe-temps ? « La pêche à la ligne dans la baie de Saint-Malo et le ski, dans les Alpes. »
Un mantra ? « Ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort. Je suis de nature à relativiser, entre autres dans le milieu professionnel, où j’estime que le climat doit rester agréable. Je ne suis pas dans une logique de travail conflictuelle. Il faut garder en tête qu’on gère des cartons et des vêtements. Il faut bien le faire, certes, mais sans oublier de veiller au mode de management et à l’empathie. »
Ce qui représente le mieux la Bretagne ? « La galette saucisse. D’autant plus que c’est un rituel que nous avons tous les six mois chez C-Log. Le personnel de chaque site se réunit autour d’un déjeuner galette saucisse. Quand nous reprenons un site, nous faisons goûter cette spécialité à ceux qui le souhaitent. »