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Saint-Malo : Servane Escoffier (navigatrice et co-dirigeante de BE Racing) reprend le large

Née dans une famille de navigateurs et lancée dans la course au large il y a 20 ans, Servane Escoffier compte un très beau palmarès et des défis emblématiques sur la Route du Rhum, la Transat Jacques Vabre, ou la Barcelona World Race. Après 4 ans de pause sportive, elle rechausse les bottes pour embarquer en équipage sur le Tour de l'Europe à la Voile. Rencontre sur le quai de Terre-Neuve à Saint-Malo.

Servane Escoffier

Servane Escoffier © Studio Carlito

Le départ sera donné le 29 mai, pour un mois de navigation à bord du tout nouveau bateau Bureau Vallée. Ce Tour de l’Europe à la Voile est une course en équipage, une team de skippers réunis autour de Louis Burton, dont Servane Escoffier et trois espoirs de leur écurie de course malouine BE Racing.

10 ans de BE Racing

« BE Racing », B pour Burton Louis et E pour Escoffier Servane. Tous deux partagent leur vie à terre et en mer. Leur vie de famille, le goût de la course au large, et cette entreprise BE Racing cofondée en 2011 et qui compte 10 salariés. Sur les quais de Saint-Malo, leur fief, à deux pas du Sillon, ils peuvent compter sur 1 300 m2 d’entrepôt, 60 m de linéaire de pontons et 1 000 m2 de terre-plein, pour accueillir leurs multiples activités autour de la voile « On n’est jamais moins de 16 personnes à œuvrer sur site.

Actuellement on travaille sur deux bateaux Bureau Vallée : l’IMOCA sur lequel Louis s’est classé 3e du dernier Vendée Globe, il est vendu on le remet en état ; et le nouveau que l’on vient d’acheter et qui doit aussi être révisé. C’est avec celui-ci que l’on partira fin mai sur le Tour de l’Europe à la voile, en équipage ».

De retour sur le pont

« Sportivement, mon dernier challenge remonte à 2017. Je rechausse les bottes et j’en suis très contente ! C’est toujours un défi de reprendre la course, les bateaux sont plus rapides, et plus durs… ce sont de vraies machines à laver ! Il faut une bonne préparation. C’est le troisième bateau Bureau Vallée, notre partenaire principal avec lequel on vient de signer un nouveau cycle de 5 ans, soit jusqu’à la Transat Jacques Vabre 2025. Clairement aujourd’hui en voile on recherche le vol, et à se sustenter avec les foilers. Le tour de l’Europe sera la première sortie avec ce nouvel engin, ce sera la prise en main. L’équipage -dont je fais partie sur 2 étapes – accompagne Louis sur cette course, c’est un « warm-up », un premier pas vers l’édition 2022-23 de The Ocean Race. »

Servane Escoffier

Servane Escoffier ©Studio Carlito

Les Espoirs du Réseau Mer-Entreprendre

On retrouve aussi dans l’équipe de ce Tour de l’Europe, trois skippers* issus de la sélection Espoir du réseau Mer-Entreprendre.

« C’est un club d’entreprises d’Ille-et-Vilaine que nous avons monté en 2013, unis autour d’un projet de Course au Large. Chaque année on sélectionne un jeune talent entre 18 et 25 ans, on l’accompagne sur ses performances de skipper, mais aussi en réparation de bateau, en partenariat média… L’idée est qu’il puisse ensuite travailler de sa passion pour la mer et la voile. Ils sont peu à avoir l’opportunité de faire de grandes courses, mais il y a des alternatives pour continuer à travailler dans cet univers, et faire un métier-passion. »

BE Racing, jamais moins de 16 personnes à œuvrer sur site à St-Malo

On compte à ce jour 70 entreprises bretilliennes impliquées dans ce réseau, un engagement annuel de 2 000 euros à 50 000 euros, « c’est accessible et ouvert, car on voulait que ce soit largement fédérateur. On accueille tout le temps de nouveaux partenaires… bien sûr à l’approche de la Route du Rhum 2022 nous aurons encore plus de demandes ! » Ce club a le concours de la Société nautique de la baie de Saint-Malo, de Rennes Métropole et de Saint-Malo Agglomération.

* Arthur Hubert (Espoir 2016), Clément Commagnac (Espoir 2019), Baptiste Mulin (Espoir 2020).

Une sortie en mer d’une journée avec la team Escoffier/Burton… c’est possible !

« Si la course au Large est notre métier, nous avons diversifié nos activités avec BE Racing. On a une petite activité d’achat – revente de bateaux, des modèles atypiques et différenciants. Et puis nous proposons au grand public de la balade en mer avec skipper à la journée. » Trois bateaux de type yacht sont dédiés à cela, situés en Corse, en Martinique et à Saint-Malo bien sûr. Il faut compter 1000 euros pour une sortie à huit personnes.

Servane Escoffier

Servane Escoffier & Louis Burton ©Studio Carlito

Saint-Malo, le potentiel endormi

« Notre rêve était de créer cette écurie de course avec BE Racing, et de voir se développer à Saint-Malo tous les corps de métiers autour des activités de la mer. Mais Saint-Malo c’est un potentiel endormi. Il n’y a toujours pas de structures et de quais dignes de ce nom pour accueillir les bateaux… Le quai s’effondre en fait, là, juste devant notre hangar, et s’il y a un projet de réfection pour 2023 on n’en a pas encore vu la couleur. On ne fera pas de Saint-Malo un port uniquement de commerce ou uniquement de plaisance, il faut que ce soit un port hétéroclite, un mélange des genres. Nous avons 20 ans de retard…

Après les fonds débloqués pour des travaux d’envergure dans les ports de Lorient et Brest, c’est au tour de Saint-Malo ! »

Le sponsoring en voile

« Avec ce nouvel engagement signé jusqu’en 2025, cela fera 11 ans d’accompagnement avec Bureau Vallée, un partenaire d’une grande fidélité. 

La voile dans cette période un peu compliquée est un sport porteur. On a vu sur le Vendée Globe que cela offrait une échappatoire, les gens ont partagé ce tour du monde en famille. C’était l’occasion d’échanger sur les valeurs du sport bien sûr, mais aussi plus largement sur les océans, le vent, et ces terres du bout du monde… C’était un souffle dans ce temps de restriction. »

 

Questions subsidiaires

Premier pas sur le pont d’un bateau ? (Son père est le navigateur Bob Escoffier.)

« J’avais 4 mois, c’était sur le Bob 4, le bateau de mes grands-parents, un plan Cornu sloop de 1959. En voile j’ai d’abord fait du bateau tradition (ce que l’on appelle à tort vieux gréement !), et puis à 16 ans je suis passée à la compétition. »

Quelques faits au palmarès sportif 

1re en équipage sur Skippers d’Islande en 2006. 3e de la Route du Rhum en 2006, sur un 50 pieds monocoque « En 2007, j’ai 26 ans, je suis la plus jeune skipper française à boucler un tour du monde en course sans assistance et sans escale. »

5e sur la Barcelona World Race en 2007.

7e sur la Route du Rhum en 2010, sur « Saint-Malo 2015, « un bateau Ultime gigantesque, de la taille d’un terrain de tennis ! »

Loisirs ? « L’équitation, je m’y remets un peu, mais quand j’en ai le temps c’est-à-dire rarement ! Et la déco : j’aime les belles pièces et connaître notamment leur histoire, j’aime aussi la récup’… Exemple typique : on a utilisé des voiles de Spi pour refaire des fauteuils qui venaient de mes grands-parents. »

Pour suivre le tour d’Europe, de l’équipage de Louis Burton avec Servane Escoffier :

Facebook : Louis Burton autour du monde
Twitter : Louis Burton / LouisBurtonOff
Youtube : Louis Burton Bureau Vallée